dimanche, janvier 28, 2007

* Dans un monde dangereux, nous avons besoin d'un président-capitaine!

*** Par Michel Barnier
Ancien ministre des Affaires étrangères
Conseiller politique


* Dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, le nouveau président français devra faire valoir les intérêts de notre pays, faire entendre sa voix. Ce monde, je peux en témoigner, espère souvent la France et l'Europe, mais il ne les attendra pas. Ce monde est dangereux, instable, fragile, injuste. Dans le monde tel qu'il est aujourd'hui, le nouveau président français devra faire valoir les intérêts de notre pays, faire entendre sa voix. Ce monde, je peux en témoigner, espère souvent la France et l'Europe, mais il ne les attendra pas. Ce monde est dangereux, instable, fragile, injuste.

Et les défis sont là ! Dès le 7 mai au matin, il faudra les affronter :

- d'abord, le plus grave et le plus global d'entre eux : le changement climatique;

- ensuite : la paix ou la guerre au Proche-Orient, cet Orient si proche de nous...

- mais aussi l'Afrique, qui a tant besoin d'un développement équitable et d'un nouveau partenariat;

- il y a également les États-Unis, avec lesquels nous devons parler franchement et amicalement, à qui nous pouvons dire : l'alliance, ce n'est pas l'allégeance;

- et enfin notre propre continent, notre Europe, qui doit à la fois mieux s'organiser pour être unie, accueillir, le moment venu, la région si sensible des Balkans et être capable de proposer clairement à la Turquie un partenariat concret, plutôt qu'une adhésion désormais improbable.

Face à ces défis-là et à quelques autres, comme notre dialogue avec l'autre rive de la Méditerranée, l'Asie, l'Amérique latine ou la Russie, de quel président avons-nous besoin ? Et quelle doit être la voix de la France ?

Sûrement pas une voix qui se tait, comme l'autre jour à Beyrouth en face du Hezbollah, au lieu de dire clairement notre attachement à la souveraineté du Liban, à la sécurité d'Israël et à l'existence d'un État palestinien.

Sûrement pas une voix qui, comme l'autre jour en Chine, critique nos propres entreprises, leurs ouvriers et leurs cadres au lieu de les encourager à tenir leur place dans la mondialisation en s'appuyant sur nos compatriotes qui vivent et travaillent à l'étranger.

Sûrement pas une voix qui, sur cette question de la Turquie, attend de savoir ce que dira l'opinion publique dans dix ou quinze ans.

Sûrement pas une voix qui hésite à propos de l'Union européenne au moment où tous nos partenaires nous demandent d'en parler à nouveau, entre nous et avec eux. C'est d'ailleurs ce que vient de faire, et il a été le premier et le seul, Nicolas Sarkozy en France et à Bruxelles.

Enfin, sûrement pas une voix qui provoque inutilement un pays ami comme le Canada.

Ce dont je suis sûr, c'est que la France ne peut pas se permettre de choisir un président, ou une présidente, qui se tait, qui hésite et qui attend. La France ne peut pas être spectatrice de son propre avenir.

Ce dont je suis sûr, c'est que le président de la République, s'il doit prendre le temps d'écouter et de comprendre, aura surtout à exprimer des convictions, à prendre des décisions, à faire des choix. Sa main ne peut pas ­trembler si l'on veut que la France soit écoutée et respectée.

Le général de Gaulle a écrit un jour : « Nous sommes un peuple en marche, on nous y force. Le ­siècle nous y force, mais nous ­sommes en marche vers une mer inconnue, vers un destin que nous ne savons pas. Pour cette marche, il faut que le peuple soit ensemble. »

Vers ce destin, dans le monde dangereux où nous vivons, vers cette mer inconnue, il nous faut décidément un capitaine qui fixe le cap et qui tienne la barre.

Pour avoir choisi de l'accompagner depuis plus d'un an, je sais et je suis sûr qu'avec Nicolas Sarkozy, la France a trouvé ce capitaine.

Le Figaro - 26 janvier 2007

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