samedi, mars 31, 2007

** La France s'interroge sur son 'identité nationale'...!


*** Nicolas Sarkozy, candidat de la droite à l'élection présidentielle française, a provoqué un vif débat en France en proposant la création d'un 'ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale'. Son principal adversaire, la socialiste Ségolène Royal, défend de son côté les symboles de la nation française. Qu'est ce que 'l'identité nationale' et comment se définit-elle face à l'identité européenne en construction ?

Le Jeudi (Luxembourg)
Jean Portante rappelle que "l'identité nationale est un concept flou, indéfinissable, dans lequel on peut faire couler le meilleur et le pire. Nul doute que, quand Ségolène Royal parle de la nation, elle songe à des valeurs comme la laïcité, les droits de l'Homme, la justice sociale, l'égalité des sexes, la démocratie, etc. Mais en quoi ces valeurs seraient-elles exclusivement françaises ? Et en quoi peut-elle être sûre que les oreilles dans lesquelles elles tombent sont branchées sur la même longueur d'onde que les siennes ? Et comment un ministère, comme le prône aujourd'hui Nicolas Sarkozy, serait-il habilité à définir le contenu de l'identité nationale ? Il n'y a pas chose plus difficile et dangereuse que de prétendre cerner l'identité d'une nation. Que signifie être français, luxembourgeois, italien, allemand... ? Il s'agit d'une question philosophique à laquelle aucun penseur digne de ce nom n'a trouvé de réponse définitive. Comment alors des présidentiables peuvent-ils se permettre de trancher sans remplir leurs propos de démagogie ou de mauvaise foi ?"

Le Temps (Suisse)
Le journaliste Pierre Veya regrette que les candidats à l'élection présidentielle française aient choisi "le repli". "Au lieu de développer un discours d'anticipation des changements, ils se placent dans une logique de protection qui a tout du maternage et se replient sur l'identité nationale pour se convaincre que le village gaulois résistera aux envahisseurs du monde moderne. La France continue de penser que c'est le monde qui finira par raisonner comme elle, oubliant que chaque nation doit accepter la diversité des nations et s'ouvrir au monde pour s'enrichir. (...) De manière tragique, le repli identitaire et protectionniste français auquel nous assistons renforce l'idée d'un déclin qui lui serait imposé par la mondialisation alors que la France tient, comme tous les pays, dans ses mains toutes les cartes de son bonheur ou de son malheur."

Les Echos (France)
L'éditorialiste Françoise Fressoz considère que le débat sur l'identité nationale est "une impérieuse nécessité au moment où la crise, en réalité, ne touche pas une identité mais deux : la française et l'européenne, plaçant l'Hexagone dans la situation d'une toute petite chose dans le désordre mondial. [Mais les candidats à l'élection présidentielle] ne combattront pas le bleu à l'âme français à coups d'amalgames (gare à l'immigration !) ou de chants patriotiques (vive 'La Marseillaise'!), plus ou moins indexés sur l'évolution des sondages. Ils n'en viendront à bout qu'en disant clairement vers quoi ils veulent entraîner le pays. C'est précisément le but d'une élection présidentielle : parler de la France, dire comment elle se situe dans l'Europe et par rapport au reste du monde, identifier ses faiblesses, valoriser ses atouts, nommer ses alliés, cibler ses ennemis. Une fois le cadre fixé, il sera beaucoup facile de trouver un discours mobilisateur dans lequel la fierté d'être français peut trouver toute sa place."

Bundeszentrale für politische Bildung, Allemagne
COURRIER INTERNATIONAL
30/03/2007

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