vendredi, mars 23, 2007

* Quand je serai grand, je serai eurocrate...!



*** Les jeunes aiment l'Europe. La preuve ?

* Ils débarquent en masse à Bruxelles pour travailler au sein des instances de l'Union européenne. El País a fait connaissance avec eux.

Ils forment une véritable armée de milliers de jeunes euroenthousiastes qui débarquent chaque année à Bruxelles pour travailler dans les institutions communautaires. Ils viennent des vingt-sept pays de l'UE et ont une foi aveugle dans le projet européen. Un projet qu'ils incarnent, ni plus ni moins : leurs conversations se font en trois ou quatre langues, et leur nationalité est une donnée presque anecdotique. Ils se sentent européens et évoluent à l'aise sur le continent. Ils forment une sorte d'avant-garde de l'intégration, choyée par les leaders européens.

Les vendredis après-midi, ils se rendent en masse aux portes du Parlement européen, sur la place du Luxembourg, pour se retrouver et bavarder. Le festin de phéromones transnationales en dit long sur l'étroite coexistence de ces futurs eurocrates. Dans l'un des cafés de la place, les jeunes discutent de leur vision de l'UE. Petronela Burceag est roumaine, elle a 25 ans. Elle a fait un stage à la Commission européenne et, tout en préparant son concours d'entrée à l'UE, elle est venue grossir les rangs des dizaines de think tanks qui tentent d'influer sur les politiques européennes. Son européisme est sans limites. "Les jeunes ne se rendent pas compte de ce que l'Europe a fait pour eux", lance-t-elle. "La paix, la démocratie, on dirait qu'ils croient que ça a toujours existé. Ici, on se rend compte des effets bénéfiques réels des politiques européennes sur les gens." Elle se sent "européenne" avant tout, et affirme que l'année qu'elle a passée à Paris dans le cadre du programme Erasmus a été son premier pas "vers le rêve européen".

A côté d'elle vient s'asseoir Piotr Turkowski, un Polonais de 30 ans spécialisé en droit fiscal. Il choisit de s'exprimer en français. Il regrette que les jeunes Européens ne sachent presque rien de l'Europe. Dans son pays, assure-t-il, le long processus d'adhésion a contribué à familiariser un peu mieux les gens avec "ce que c'est que l'UE". Il a honte que son pays soit devenu l'épine dans le pied de l'Europe, il regrette qu'il boycotte d'importants accords, par exemple celui sur l'énergie avec la Russie. Par ailleurs, il considère que les déclarations antieuropéennes du gouvernement des jumeaux Kaczynski sont "un accident politique", un phénomène passager. En face de lui, Cristóbal Parla, 25 ans, est le triomphateur de la bande. Il a décroché l'un des postes si convoités de la Commission européenne à la DG of Fisheries, c'est-à-dire la Direction générale des pêches. L'année dernière, l'exécutif communautaire a recruté 873 nouveaux fonctionnaires.

Lara Fernandes, une Portugaise, ancienne stagiaire à la Commission européenne, est par exemple chargée d'organiser l'accueil des nouveaux arrivants. "Tout commence par le processus de sélection pendant la période de stage", explique-t-elle. "On doit connaître quelqu'un, lui envoyer un mail… Ici, c'est la capitale du piston, il faut rencontrer la bonne personne au bon moment. On s'en rend compte dès qu'on atterrit à Bruxelles." Elle participe aussi à l'organisation des fêtes nationales – des mégaévénements nocturnes –, des conférences, des voyages pendant les week-ends, des rencontres avec les commissaires et le président de l'exécutif communautaire, photo comprise… Tout est fait pour que la période de stage constitue une véritable usine à européistes, une machine à vendre l'UE au monde et de montrer que la coexistence dans une Europe à 27 est possible.

Ana Carbajosa
El País
COURRIER INTERNATIONAL
23 mars 2007

1 commentaire:

  1. excellent article!
    Muriel Boulmier
    http://murielboulmier.blogspot.com

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