mercredi, avril 18, 2007

*La méthode Merkel pour relancer la Constitution*


*** La chancelière allemande Anglela Merkel se donne deux mois pour aboutir à un accord sur un nouveau traité. De la Grande-Bretagne à la Pologne, en passant par la France, elle va devoir contenter tous ses partenaires, explique le Financial Times.

Hier [17 avril], la chancelière allemande Angela Merkel a déroulé le tapis rouge pour le plus eurosceptique des dirigeants européens – le président tchèque Vaclav Klaus – et s'est donné deux mois pour sauver la Constitution européenne du naufrage.

Pour certains diplomates européens, la sobre Mme Merkel est la personne idéale pour mettre un terme à plus de cinq ans de querelles sur le nouveau traité et établir les grandes lignes d'un nouveau texte, lors d'un sommet qui se tiendra à Bruxelles à la mi-juin. Sa mission consistera à convaincre les vingt-six autres pays membres d'accepter l'orientation générale d'un nouveau traité visant à moderniser l'Union européenne et à lui permettre de faire davantage entendre sa voix dans le monde. Mme Merkel souhaite que ce texte soit ratifié avant le printemps 2009.
Bien que les élections françaises lui compliquent la tâche, les principaux axes de sa stratégie sont en train de prendre forme. Il s'agit de :

- Eviter les référendums. Les électeurs français et néerlandais ont rejeté le projet initial de Constitution lors des référendums de 2005. Mme Merkel souhaite un texte suffisamment modeste pour qu'il puisse être ratifié par les parlements nationaux, contournant ainsi une opinion publique hostile ou indifférente.
L'Irlande procédera vraisemblablement à un vote et le Danemark lui emboîtera le pas si les juristes décident que le nouveau traité transfère la souveraineté à Bruxelles. Mais d'autres pays se baseront sur un calcul politique, celui de savoir si le nouveau traité franchit ce que les responsables de l'UE appellent le "seuil référendaire".
Après la rencontre de cette semaine entre le Premier ministre britannique Tony Blair et son homologue néerlandais Jan Peter Balkenende, il est clair que le seuil défini par les deux pays est particulièrement bas et pourrait devenir la norme. Les deux dirigeants ont déclaré que le nouveau texte devait être un modeste amendement, visant surtout à actualiser les règles de l'UE et ses institutions et à lui enlever ses ambitions de "super-Etat".

– Donner une nouvelle identité à la Constitution. L'intitulé sera modifié, et des questions accessoires controversées, comme l'hymne officiel, le drapeau, la devise et la journée de l'Europe, abandonnées.
Une charte des droits fondamentaux sera vraisemblablement élaborée à partir du nouveau traité et fera l'objet d'une annexe. L'interminable section renfermant les détails des politiques de l'UE et récapitulant les anciens traités pourrait également être traitée à part.

– Rallier les Tchèques et les Polonais. La Pologne et la République tchèque sont sceptiques quant à l'opportunité de poursuivre l'intégration européenne et craignent qu'un nouveau traité n'accroisse le poids de l'Allemagne dans la répartition des votes, au détriment de pays plus petits.
Mme Merkel ne veut pas rouvrir un débat sur les votes, pas plus que la France laïque n'est prête à accepter le souhait de la Pologne d'introduire une référence à Dieu dans le nouveau traité. Mais la chancelière allemande pourrait offrir aux Tchèques et aux Polonais une nouvelle clause sur la sécurité énergétique – terme codé signifiant une garantie de solidarité européenne pour le cas où la Russie couperait à nouveau la distribution du gaz.

– Prévoir quelques ajouts pour calmer les dix-huit pays qui ont déjà ratifié la première Constitution et dont beaucoup sont furieux de voir son texte édulcoré.

George Parker et Hugh Williamson
Financial Times
COURRIER INTERNATIONAL
18 avr. 2007
*L'article en langue originale : ci-dessus!

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