*** L'euro a atteint face au dollar un niveau record depuis son premier jour de cotation en 1999, en grimpant jusqu'à 1,3682 dollar, vendredi 27 avril en début d'après midi. Le précédent record de l'euro était de 1,3666 dollar, cours atteint le 30 décembre 2004.
Depuis le début de l'année, l'euro affiche une progression de 3,5 %. Et depuis le début de 2006, il s'est apprécié de près de 16 %. Dans le même temps, il évolue aussi à des sommets face au yen, contre lequel il a atteint vendredi un record historique, à 162,88 yens.
Un des facteurs fondamentaux de cette baisse de la monnaie américaine est le ralentissement économique en cours aux Etats-Unis. Le produit intérieur brut (PIB) américain n'a progressé que de 1,3 % en rythme annuel au premier trimestre, en net ralentissement par rapport au dernier trimestre 2006 (+ 2,5 %), selon les chiffres communiqués vendredi par le département du commerce américain.
Cette performance contraste avec la robustesse de la croissance européenne. Le Fonds monétaire international a estimé à la mi-avril que la croissance de la zone euro devrait dépasser celle des Etats-Unis en 2007, pour la première fois depuis 2001.
LA SITUATION NE JUSTIFIE PAS D'ÊTRE "EXCESSIVEMENT PRÉOCCUPÉ"
Directement lié à ce ralentissement économique aux Etats-Unis et son accélération en Europe, le niveau des taux d'intérêt se rapproche entre les Etats-Unis (5,25 %) et l'Europe (3,75 %). Les opérateurs anticipent un durcissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) pour lutter contre les pressions inflationnistes, alors que la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait baisser ses taux pour éviter une baisse trop brutale de la croissance américaine.
Cette force de l'euro n'inquiète pas outre mesure les responsables politiques européens. Le premier ministre et ministre des finances du Luxembourg, Jean-Claude Juncker, qui est aussi président de l'Eurogroupe, commentant le 20 avril la forte progression de l'euro, avait estimé que la situation ne justifiait pas d'"être excessivement préoccupé". "L'euro s'est apprécié non pas d'une façon brutale mais d'une façon lente", a notamment expliqué M. Juncker. Même son de cloche en Allemagne, qui rappelle que, malgré l'euro fort, les exportations allemandes ne se sont jamais aussi bien portées. Le ministre de l'économie allemand, Michael Glos, a ainsi estimé mercredi que l'Allemagne s'accommodait bien, pour l'heure, de la vigueur de la monnaie unique. Il serait toutefois "dangereux" de la voir s'apprécier davantage, selon lui.
En France, les responsables politiques sont beaucoup plus critiques, estimant que la BCE devrait aussi se préoccuper de la croissance européenne, et que la détermination du taux de change de l'euro devrait être du ressort des autorités politiques.
LEMONDE.FR
27.04.07
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