lundi, avril 16, 2007

* Nicolas SARKOZY : Candidat de la "majorité silencieuse"*


*** C'est à elle qu'il veut s'adresser à moins d'une semaine du premier tour. C'est elle qu'il a cru voir samedi 14 avril à Châteauneuf-du-Pape (Vaucluse), rassemblée sur la petite place du village. Celle qui l'attendait, le lendemain matin, à Aix-en-Provence pour un pique-nique de militants de l'UMP. Nicolas Sarkozy l'appelle la "majorité silencieuse" en opposition à "la France de l'hypocrisie", "la France de la pensée unique, cette petite élite qui s'est arrogé le droit de dire ce qui est bien et ce qui est mal".

Pour la séduire, il évoque Pierre Bodein, dont le procès a lieu actuellement devant les assises du Bas-Rhin. Il dédie son discours à la mère de Ghofrane Haddaoui, lapidée en 2004. Ses meurtriers, mineurs au moment des faits, viennent d'être condamnés à vingt-trois ans de réclusion criminelle. Le candidat de l'UMP, pour une fois, félicite les juges. "C'est pas assez!", crie un homme dans la foule.

Il espère désormais que "cette majorité silencieuse, cette France exaspérée" le portera en tête du scrutin le 22 avril au soir. Et qu'elle sera un rempart solide contre la constitution d'un front "anti-Sarkozy" allant de l'extrême gauche à l'UDF entre les deux tours. "Le rêve que je fais, a-t-il exprimé samedi, c'est que cette majorité silencieuse dise ça suffit . C'est vous qui devez choisir le prochain président de la République. Ne vous laissez pas voler votre vote, ne vous laissez pas voler votre pays."

Explication le lendemain matin face à la presse : "La majorité silencieuse, c'est celle qui pense qu'on doit parler de l'identité de la France, celle qui considère qu'il y a un problème de pouvoir d'achat, celle qui pense qu'il faut une nouvelle équipe. Celle qui a voté non [au référendum européen], qui a voté Le Pen en 2002. J'espère qu'elle va s'exprimer dimanche."

"C'EST PAS L'ITALIE, LA FRANCE"

Alors que Michel Rocard et Bernard Kouchner appellent à une alliance PS-UDF, le candidat de l'UMP retrouve des accents gaulliens pour dire sa vision de l'élection présidentielle. Lui avancerait à découvert vers le peuple, avec son équipe et ses idées, alors que ces adversaires seraient déjà dans ce qu'il appelle "la combinazione" [les arrangements] pour "rattraper sur le tapis vert ce que les électeurs ne leur ont pas donné dans les urnes". Et tout ça, insiste-t-il, "dans le dos des Français". "Ces manœuvres, explique-t-il, me rappellent la IVe République. Mais ils sont où les Français dans tout ça ?" "C'est pas l'Italie, la France", jette-t-il avec mépris, en référence aux 109 ministres du gouvernement Prodi.

Pour marquer sa différence, il s'affiche avec quatre de ses soutiens au grand jour. L'occasion de railler Ségolène Royal "si mal accompagnée, qu'elle n'ose pas les montrer" et François Bayrou décrit comme un "homme seul". François Fillon, Xavier Bertrand, Michèle Alliot-Marie et Jean-Louis Borloo – qui peuvent tous prétendre à Matignon en cas de victoire –, se sont donc retrouvés, samedi soir, dans un hôtel du Paradou, près des Baux-de-Provence pour un dîner de travail. "On joue le premier tour au maximum, a commenté le président de l'UMP comme un entraîneur de football à la veille d'un match capital. Il faut rester concentrés, ne pas avoir peur, ne pas céder à l'exaltation." Mais comment faire quand les sondages vous donnent vainqueur depuis quatre mois ? Et quand, à Châteauneuf-du-Pape, une militante l'accueille par ses mots : "Vous êtes la révélation de ma vie" ?

"Cette fois, je crois que c'est fait", s'est permis de dire M. Sarkozy le 14 avril. Mais il ne faut pas le répéter".

Philippe Ridet
AIX-EN-PROVENCE (Bouches-du-Rhône)
ENVOYÉ SPÉCIAL
LE Monde
16.04.07
Photo: AP/CLAUDE PARIS
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*"Ce que j'essaie de faire, c'est de m'adresser à tous les Français, sans aucune exception. La majorité silencieuse, j'espère que c'est celle qui va s'exprimer dimanche. C'est celle qui pense qu'on doit parler de l'identité de la France et de l'immigration, qui pense qu'il y a un problème de pouvoir d'achat, qu'il faut une nouvelle équipe".*

Nicolas Sarkozy

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