mardi, mai 08, 2007

*Sarkozy ne sera pas le caniche de Bush*


*** Pourtant très à gauche, l'hebdomadaire américain The Nation rassure ses lecteurs en notant que le nouveau président français ne sera pas à la botte de Washington.

Au cours de la campagne présidentielle, les partisans de Ségolène Royal ont dépeint Nicolas Sarkozy comme un "néoconservateur américain à passeport français". Cette accusation a toujours été un peu exagérée. Sarkozy ne sera jamais le caniche de Bush comme Tony Blair a pu l'être sur la question de la guerre en Irak. Sarkozy n'a d'ailleurs pas joué le rôle du caniche au soir de son triomphe électoral. Conscient des peurs suscitées par l'idée qu'il n'oserait pas affronter un président américain pourtant dans l'erreur, le président français fraîchement élu a choisi de prononcer un discours assurant les Etats-Unis de son amitié mais pas de sa soumission.

Tout en répétant son désir d'entretenir de bonnes relations avec les Etats-Unis, Sarkozy n'a pas hésité à interpeller Washington sur le réchauffement climatique, l'un des sujets à propos duquel l'attitude du gouvernement Bush est particulièrement controversée dans le reste du monde. Tandis que Bush et ses alliés récusent depuis longtemps la gravité de la menace posée par le réchauffement climatique et sapent tous les efforts menés sur le plan international pour répondre à ce problème, le nouveau président français a déclaré : "Je veux dire [à nos amis américains] que l'amitié, c'est accepter que des amis puissent penser différemment ; et qu'une grande nation comme les Etats-Unis a le devoir de ne pas faire obstacle à la lutte contre le réchauffement climatique, mais au contraire de prendre la tête de ce combat parce que ce qui est en jeu, c'est le sort de l'humanité tout entière."

Quelle que soit la portée de cette première salve, Sarkozy sera probablement moins ouvertement critiqué que ne l'aurait été Ségolène Royal s'il tient tête aux Etats-Unis. Mais le candidat conservateur sait aussi que Ségolène Royal a marqué des points en laissant entendre qu'il serait un président atlantiste et il prend donc soin d'asseoir son indépendance.

Ainsi que Sarkozy le dit lui-même, une amitié sincère, ce n'est pas seulement des pays alliés qui répondent oui à d'autres alliés. Une véritable amitié appelle des décisions délicates quand le dirigeant d'un Etat parvient à la conclusion qu'un de ses alliés n'est pas en prise avec la réalité. Il est indiscutable que le président Bush refuse de voir la réalité en face en ce qui concerne le réchauffement climatique. Et la volonté de Sarkozy d'interpeller le gouvernement américain dès le soir de son élection montre bien qu'il ne compte pas se limiter au rôle du caniche.

John Nichols
The Nation
THE NATION (NEW YORK)
COURRIER INTERNATIONAL
7 mai 2007
* L'article original : Lien ci-dessus!

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