vendredi, novembre 16, 2007

***Le patron de l'OMC veut "déjouer le nationalisme énergétique"***

***Combien de temps le secteur énergétique échappera-t-il aux règles du commerce international ? La question a été posée lors du XXe congrès mondial de l'énergie, qui s'est achevé jeudi 15 novembre à Rome, au moment où certains pays restreignent l'accès à leurs hydrocarbures (Arabie saoudite, Russie, Bolivie, Venezuela...) et à leurs marchés, subventionnent la production d'énergie (agrocarburants, électricité...) ou investissent dans de coûteuses technologies propres quand d'autres continuent d'émettre massivement du CO2.

La réponse, prudente, est venue du directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Tout en reconnaissant "certaines spécificités" à ce secteur, Pascal Lamy a estimé que "des règles du jeu plus justes pourraient déjouer les tentations du nationalisme énergétique et empêcher le déclenchement de conflits". Lundi, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avait prévenu que le marché européen "continuera d'être ouvert à tous nos partenaires dans le monde tant qu'ils appliqueront les mêmes règles du jeu que nos entreprises".

"GRAVES CONSÉQUENCES"

Pour Gérald Doucet, le secrétaire général du Conseil mondial de l'énergie (CME), organisateur du congrès, il n'est pas admissible que des pays candidats à l'OMC "protègent leurs marchés énergétiques tout en demandant que leurs entreprises prennent des parts importantes dans les marchés extérieurs". La critique s'adresse notamment à la Russie, qui refuse de signer la Charte de l'énergie (1994) en faveur d'un marché plus ouvert. Et à Gazprom, qui veut vendre directement son gaz en Europe tout en interdisant l'accès des groupes étrangers à ses gazoducs et en reprenant le contrôle des grands projets pétroliers et gaziers de Russie.

Le message du président russe Vladimir Poutine en faveur d'un "marché de l'énergie plus transparent" et de "règles commerciales fondées sur les principes de justice et de respect mutuel" n'a guère convaincu. Pour les patrons les plus libéraux, comme le PDG du pétrolier américain ExxonMobil, Rex W. Tillerson, "des politiques isolationnistes et protectionnistes pourraient avoir de graves conséquences sur l'économie mondiale et la sécurité énergétique à long terme".

Jean-Michel Bezat
Article paru dans l'édition du 17.11.07.
Le Monde

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