jeudi, février 14, 2008

***Assimiler ou intégrer les immigrés ? : Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan***

***Lors d'un discours prononcé le 10 février à Cologne, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a qualifié l'assimilation des immigrés turcs en Allemagne de "crime contre l'humanité". Une affirmation qui relance le débat sur l'intégration des immigrés en Europe.

Extraits des publications suivantes:
Suisse - Neue Zürcher Zeitung, Allemagne - Süddeutsche Zeitung, Pays-Bas - Trouw, Hongrie - Népszabadság

Suisse - Neue Zürcher Zeitung
Eric Gujer estime que "la visite de Recep Tayyip Erdogan et les réactions à l'incendie d'un immeuble à Ludwigshafen [dans le sud ouest de l'Allemagne] rappellent une nouvelle fois que seule une partie de la minorité turque partage le nouvel enthousiasme allemand pour l'intégration. Les débats passionnés sur l'intégration montrent que la communauté turque est très hétérogène en Allemagne. Les représentants de diverses associations turques ont demandé la parole, ont exprimé leur point de vue avec éloquence et, le plus souvent, plaidé pour le renforcement de l'intégration. Il y a 15 ans, ces représentants n'étaient guère nombreux et la plupart d'entre eux se considéraient comme des défenseurs des intérêts turcs au niveau de l'Etat. Dans l'intervalle, un large éventail de personnes influentes, dont des écrivains et des intellectuels, ont fait leur apparition. Les positions que ces personnes représentent vont des thèses modérées aux opinions radicales et séculaires et trouvent un certain écho auprès de la société majoritaire. Il y a 10 ans, aucune voix germano-turque ne se faisait entendre et n'était en mesure d'influencer les débats." (13.02.2008)

Allemagne - Süddeutsche Zeitung
Thomas Steinfeld estime que, pendant son discours, Recep Tayyip Erdogan a peut-être mal utilisé le terme 'assimilation', mais qu'il a néanmoins évoqué avec justesse l'échec de l'intégration. "En réalité, les termes 'assimilation' et 'intégration' sont faciles à définir. On entend par 'intégration' la réunion d'éléments différents, dont les divergences restent visibles. En revanche, 'l'assimilation' revient à intégrer les personnes déracinées pour favoriser leur homogénéisation. Toutefois, en Allemagne, personne ne demande cette homogénéisation, ce qui rend ce débat bien étrange. (...) Il est donc vraisemblable que le Premier ministre turc craigne 'l'assimilation' car il ne veut pas abandonner les Turcs vivant en Allemagne. En outre, il ne faut pas oublier que cette inquiétude pour sa diaspora permet de détourner l'attention d'autres conflits, en particulier du paradoxe selon lequel la Turquie, sur son propre sol, demande aux Kurdes la même assimilation qu'elle ne peut tolérer en Allemagne." (13.02.2008)

Pays-Bas - Trouw
Le quotidien estime que les propos d'Erdogan confortent "l'image de communautés d'immigrés qui ne veulent pas s'intégrer. (...) Il n'y a aucun pays en Europe occidentale qui a sérieusement envisagé d'assimiler entièrement ses minorités. La conservation de l'identité culturelle et/ou religieuse est une valeur clé de la démocratie européenne, l'invisibilité des individus dans une société homogène n'étant pas un objectif poursuivi dans nos pays. Les pays qui répriment encore les droits des minorités - comme par exemple la Turquie le fait avec les Kurdes - se voient justement taper sur les doigts par l'Europe. (...) L'intégration des migrants, et surtout des musulmans, est actuellement un sujet extraordinairement sensible en Europe occidentale et le débat est parfois tendu (...). Au vu de cette sensibilité, Erdogan aurait mieux fait, en tant que Premier ministre turc, de rendre les Turcs allemands moins visibles dans leur pays de résidence actuel." (13.02.2008)

Hongrie - Népszabadság
András Dési, correspondant du journal en Allemagne, commente le discours de Recep Tayyip Erdogan. "Cela peut sembler bizarre, mais le chef du gouvernement a finalement rendu service aux politiciens allemands. En effet, il sait pertinemment que les conservateurs allemands désapprouvent l'entrée de la Turquie dans l'UE. Ce discours spectacle a permis de délivrer un message : on peut, à force d'objections et de prétextes, barrer le chemin à la Turquie qui, sur le plan économique, est intégrée depuis longtemps à l'Europe. Mais il faut compter avec les 5,3 millions de Turcs qui habitent dans l'UE (certaines estimations avancent même le chiffre de 15 millions). Le kebab va continuer à faire partie du quotidien des Allemands et des Européens, même si beaucoup le trouvent indigeste." (13.02.2008)

Eurotopics
13. février 2008

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