mardi, avril 15, 2008

***Berlusconi reprend les rênes de l'Italie***


***La droite italienne dirigée par Silvio Berlusconi a remporté les élections législatives des 13 et 14 avril. Elle a obtenu la majorité à la Chambre des députés et au Sénat. Agé de 71 ans, Berlusconi s'apprête donc à réaliser son troisième mandat à la tête du gouvernement italien.

La presse européenne évalue les conséquences de son retour pour la vie politique et l'économie du pays :

Belgique - Le Soir
Pascal Martin s'interroge sur la longévité politique de Berlusconi. "Un homme aussi peu attaché au bien de l'Etat, aussi prompt à soigner ses intérêts personnels, parvient à nouveau à convaincre le plus grand nombre. Pourquoi ? Silvio Berlusconi est un populiste et les populistes vivent mal l'exercice du pouvoir. Mais pas 'Il Cavaliere' que rien ne semble pouvoir atteindre. Peut-être parce que lui et ses électeurs sont à cent lieues de l'idée que nous nous faisons ici de l'Etat et de ses serviteurs. Une grande partie des Italiens n'y croit tout simplement pas. Dans une société italienne où l'individualisme est roi, Silvio Berlusconi incarne le 'rusé', celui qui mieux que tout autre a réussi à se tirer d'affaire. Des affaires. Capable de réussir des 'coups' politiques, il a surtout le génie de la communication. Là où elle se consomme sans modération, il se fait grisant tel l'alcool." (15.04.2008)

Allemagne - Spiegel Online
Michael Braun estime que le retour de Silvio Berlusconi au pouvoir était déjà prévisible en avril 2006, après sa défaite contre Romano Prodi lors des législatives précédentes. "Romano Prodi et sa coalition se sont chargés du reste. Avec ses 13 partis alliés, la troupe du centre gauche a donné une image pitoyable du pouvoir. Très vite, les membres de la droite ont oublié que, pendant les cinq années précédentes, Silvio Berlusconi n'avait rien fait pour résoudre les problèmes structurels du pays, dont l'économie stagne depuis des années. Romano Prodi était considéré comme un vampire fiscal, qui a augmenté les impôts pour rééquilibrer le budget et respecter les critères de stabilité de l'UE. En revanche, Silvio Berlusconi n'a-t-il pas appliqué une série d'exonérations fiscales pendant son mandat ? (...) Pour la première fois, ce qui est une vraie révolution en Italie, seules quatre fractions politiques siégeront au Parlement. L'époque pendant laquelle 23 ou 30 partis présidaient aux destinées du pays est révolue." (15.04.2008)

Suisse - Le Courrier
"Vu de l'étranger, ce choix paraît incompréhensible", explique Olivier Chavaz. "Berlusconi est un homme du passé. Ses deux passages au pouvoir n'ont strictement rien apporté au pays. Au contraire, ils ont contribué à l'enfoncer un peu plus dans la crise économique et à le discréditer sur la scène internationale à force de pitreries et d'inepties. (...) La politique italienne est aujourd'hui en voie 'd'américanisation'. Cette évolution est délibérée. La droite et le centre-gauche ont conjointement décidé d'en finir avec les coalitions hétéroclites, sources de fragilité. Mais aucun des deux pôles n'a de véritable projet. A quoi bon dès lors se contenter d'un bipartisme qui n'est qu'une concentration du pouvoir ?" (15.04.2008)

Pologne - Rzeczpospolita
Selon Piotr Kowalczuk, le fait que l'Italie se rapproche d'un système bipartite est positif. "La politique italienne est la plus coûteuse d'Europe car une crise permanente est entretenue depuis 14 ans par la même caste politique corrompue et arrogante qui n'adopte une position commune que lorsqu'elle fixe le montant pharaonique de ses indemnités. (...) Pour sortir de la crise, l'Etat italien doit se soumettre à une douloureuse remise en question. Les structures étatiques doivent être renforcées et le coût de la politique réduit. La naissance de deux blocs modérés et significatifs offre une chance unique de réduire l'influence des extrémistes, qui se sont spécialisés dans le chantage politique. Il est aussi possible qu'après ces élections, un véritable système bipartite émerge en Italie." (15.04.2008)

Italie - La Repubblica
La Ligue du Nord d'Umberto Bossi a fait une percée spectaculaire dans les élections italiennes et sera incontournable pour le nouveau gouvernement. Le journaliste Gad Lerner revient sur les raisons de la victoire de ce mouvement séparatiste et europhobe. "Le prolétariat léguiste célébrera 2008 comme l'année au cours de laquelle il a définitivement arraché la gauche italienne à son implantation dans un monde où elle était née il y a un siècle et demi : le nord industriel, ses plaines et ses vallées. Bossi a réussi à conserver, bien que malade et loin des médias, l'aura mythique du fondateur d'un peuple (...). La Ligue, en multipliant par deux ses voix en Lombardie et en Vénétie, est l'unique parti italien qui se développe aujourd'hui autour de la défense d'un territoire. Un territoire célébré pour son unicité mais qui a besoin de protection quand les tentacules de la mondialisation le menace." (15.04.2008)

Autriche - Der Standard
Christoph Prantner redoute qu'aucun changement positif ne se produise en Italie. "Selon l'OCDE, la croissance italienne devrait rester atone cette année, alors que la part de l'Italie dans les échanges internationaux recule, la productivité se dégrade et les salaires stagnent. De nombreux Italiens sont si pauvres qu'ils ne peuvent même plus manger des pâtes chaque jour. Une jeune génération précaire a fait son apparition. Ces craintes existentielles l'empêchent de fonder une famille. Au sein de ce système sclérosé, Silvio Berlusconi a fait son nid. Mais même les optimistes invétérés ne croient pas que cet homme, qui a grandement contribué à cette situation, puisse apporter des réponses." (15.04.2008)

Eurotopics

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