vendredi, mai 09, 2008

***"La cinquième liberté...UE"***


***Permettre aux citoyens européens –jeunes et moins jeunes- de se déplacer librement dans l'ensemble du territoire de l'Union est l'une des priorités les plus importantes de l'Union européenne. Nikola Richter, rédactrice d'eurotopics, a demandé à Ján Figel', le commissaire européen chargé de l'éducation, de la formation, de la culture et de la jeunesse, ce qu'il en était de la mobilité en Europe.

euro|topics: Quels sont les citoyens européens les plus mobiles,
et pourquoi ?

Ce n'est pas facile d'expliquer les différentes attitudes relatives à la mobilité entre –par exemple– l'Irlande et la Grèce. Nous avons probablement un meilleur aperçu de la mobilité étudiante, mesurée par le nombre d'étudiants participant au programme Erasmus. Au cours de l'année universitaire 2006/2007, les étudiants les plus nombreux à participer au programme venaient d'Allemagne (23 884), de France (22 981), d'Espagne (22 322) et d'Italie (17 195). Cependant, si l'on regarde la proportion d'étudiants Erasmus par rapport à la population totale d'étudiants, les étudiants du Liechtenstein (6,9 pour cent) et du Luxembourg (6,3 pour cent) sont les plus mobiles, suivis par ceux d'Autriche (1,6 pour cent), de République Tchèque (1,5 pour cent), de Malte (1,4 pour cent et de Belgique (1,3 pour cent). En 2006/07, près de 0,8 pour cent de la population étudiante totale des 31 pays européens concernés a participé au programme Erasmus.

euro|topics: Pourquoi les étudiants de pays plus petits sont ils
plus mobiles ?

La raison à cela est probablement la taille du système national d'enseignement supérieur (un seul établissement universitaire dans les deux pays à plus forte mobilité), qui est susceptible d'inciter les étudiants à effectuer une période d'études à l'étranger. Les étudiants de ces pays sont peut-être plus ouverts à l'international, du fait que la plupart d'entre eux effectuent déjà un cursus complet à l'étranger. Pour les pays plus grands, c'est peut-être en raison de la grande notoriété et de la visibilité du programme Erasmus, de l'intérêt accru de la part des étudiants de partir étudier à l'étranger et de l'incitation toujours plus grande de la part de leur établissement d'origine à étudier dans un autre pays.

euro|topics: Pourquoi l'enseignement devrait-il être transférable et comparable ?

La diversité des systèmes de formation et d'éducation est une caractéristique si fondamentale de l'Union européenne qu'une harmonisation à l'échelle de l'Europe n'a jamais vraiment été à l'ordre du jour. D'un autre côté, la mobilité est également une caractéristique extrêmement importante de la tradition d'éducation et de formation en Europe, permettant cette circulation d'idées et de pratiques qui est vitale pour la créativité culturelle, l'innovation scientifique et le transfert technologique. Cela a été reconnu par les dirigeants nationaux de l'UE en mars dernier, lorsqu'ils ont appelé à une 'cinquième liberté' ; la libre circulation du savoir. Les 'quatre libertés' consacrées par les Traités des Communautés européennes sont la libre circulation des services et la liberté d'établissement, la libre circulation des personnes (et la citoyenneté), la libre circulation des travailleurs et la libre circulation du capital. Ce à quoi pensait le Conseil avec la notion de cinquième liberté était un ensemble de mesures facilitant la vie des chercheurs et augmentant le transfert de connaissances entre les universités et l'économie.

euro|topics: Les jeunes européens font pourtant toujours face à des obstacles quand ils essayent de partir travailler ou étudier à l'étranger.

Les jeunes européens ont des difficultés à faire reconnaître leurs acquis d'apprentissage et leurs crédits de manière adéquate dans un autre pays. Il est possible alors qu'ils ne trouvent pas d'emploi à l'étranger, ou ils peuvent décider de ne pas partir étudier à l'étranger parce qu'ils craignent que les crédits acquis à l'étranger ne soient pas reconnus chez eux. Par conséquent, alors que de grandes initiatives favorisant la mobilité comme Erasmus apportent aux jeunes étudiants un cadre clair et un soutien financier, d'autres initiatives –Europass, le cadre européen des certifications pour l'éducation et la formation (CEC) récemment adopté, l'ECVET (système européen d'accumulation et de transfert d'unités capitalisables pour l'enseignement et la formation professionnelle) qui vient d'être proposé– visent à mieux faire comprendre et à mieux faire apprécier les compétences et les qualifications des citoyens dans l'ensemble de l'Europe.

euro|topics: Comment le nouveau projet de la Commission européenne rend-il possible la comparaison entre les résultats de l'éducation et de la formation ?

Le Parlement européen et le Conseil ont récemment adopté le cadre européen des certifications pour l'éducation et la formation (CEC) qui servira d'outil de correspondance entre les systèmes de qualifications –parfois très différents – des Etats membres. Il s'articule autour de huit niveaux de référence, partant d'un niveau d'éducation de base à un niveau avancé de type doctorat, et d'ici 2010 tous les critères nationaux d'éducation seront associés à l'un de ces niveaux. Par la suite, à partir de 2012, toutes les qualifications nationales nouvellement établies au sein de l'UE devront aussi comporter une référence à l'un des huit niveaux CEC.

euro|topics:
Comment sont définis ces huit niveaux ?

Le CEC se concentre sur les 'acquis d'apprentissage' – ce que la personne sait réellement et ce qu'elle est capable de faire. Cet aspect est différent de l'approche traditionnelle qui s'attache aux 'critères de l'apprentissage' tels que la durée des études ou le type d'établissement fréquenté. En privilégiant les acquis d'apprentissage, le CEC peut devenir une langue commune entre les systèmes. Si, par exemple, un candidat danois dispose d'un diplôme référencé dans la catégorie CEC 6, l'université tchèque ne devra pas rejeter la candidature de cet étudiant pour un cours commençant au niveau 7 pour de simples motifs formels, ce qui est encore fréquemment le cas aujourd'hui.

euro|topics:
Le processus de Bologne est en cours depuis neuf ans maintenant, mais il est encore souvent difficile d'avoir un BA (licence) dans un pays membre et de faire un PhD (doctorat) dans un autre. Qu'est ce qui peut être fait contre la complexité des systèmes éducatifs ?

Réduire la complexité des systèmes éducatifs nationaux en les rendant plus comparables et plus compatibles est précisément l'objectif du processus de Bologne. C'est une entreprise longue et exigeante mais les pays participants ont fait des avancées considérables au cours des dernières années. Par ailleurs, le processus de Bologne compte 46 pays membres – en d'autre termes, le processus de Bologne dépasse largement le cadre de l'Union européenne, et montre à quel point cette initiative visant à réformer l'enseignement supérieur a été une inspiration pour de nombreux autres pays.

Eurotopics
07.05.2008

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