vendredi, juin 06, 2008

*L'UE réaffirme l'objectif d'un accord climatique avant fin 2008*


Bonn Climate Change Talks 2008
Opening meeting of the Subsidiary Body for Scientific and Technological Advice (SBSTA)
Twenty-eighth sessions of the Subsidiary Bodies, 2-13 June 2008, Bonn, Germany

***L'Union européenne réaffirme sa volonté de parvenir fin 2008 à un accord sur une réduction de 20% de ses émissions polluantes d'ici à 2020 pour prendre la main dans les négociations internationales.
Les ministres de l'Environnement des Vingt-Sept, qui se sont réunis pour débattre de cette priorité de la future présidence française de l'UE, ont toutefois étalé leurs divergences sur le partage du fardeau.

L'UE veut aller vite en besogne afin d'être en position de force pour aborder la négociation internationale qui s'ouvrira fin 2009 à Cophenhague sur l'après-protocole de Kyoto.

"On n'a pas le choix", a déclaré lors d'une conférence de presse le ministre français de l'Economie et du Développement durable, Jean-Louis Borloo, qui veut "coller le plus possible aux propositions de la Commission européenne".

La France, qui prendra le 1er juillet la présidence de l'UE, entend d'ailleurs lancer dès le début de son mandat des négociations intensives lors d'une réunion des ministres de l'Environnement et de l'Energie qui se déroulera à Paris.

Les efforts prévus dans le cadre du protocole de Kyoto, qui expire en 2012 et dont les Etats-Unis ne font pas partie, doivent être redoublés et l'Union européenne entend clairement donner l'exemple pour entraîner tous les autres grands pollueurs de la planète dans son sillage.

"Un accord avant la fin de l'année est tout à fait fondamental", a déclaré le commissaire européen à l'Environnement, Stavros Dimas. "C'est la crédibilité internationale de l'UE et sa capacité (...) qui sont en jeu."

Il s'agit de concrétiser l'objectif d'une réduction de 20% des émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990, voire 30% en cas d'accord international, en imposant de nouvelles contraintes aux industries, en produisant au moins 20% d'énergies renouvelables en 2020 et en portant à 10% la part des biocarburants dans la consommation totale de carburants.

LES PAYS DE L'EST RECHIGNENT
Les ministres, qui "co-décideront" sur ce dossier avec le Parlement européen, ont reconnu que ces mesures auront un coût estimé à 0,5% du PIB de l'UE en 2020, soit 60 milliards d'euros, et que le prix de l'électricité augmenterait de 10 à 15%.

Mais cela ne représentera que trois euros par semaine et par citoyen européen et il faut comparer ces chiffres au coût de l'inaction estimé par les experts internationaux à 20% du PIB dans le pire des cas et à 5% du PIB dans le meilleur.

Certaines modalités des propositions font toutefois débat.

Certains pays de l'Est veulent que l'on prenne en compte une année de référence qui soit non pas 2005, mais 1990, ce qui leur permettrait de faire très peu d'efforts.

"C'est une proposition que nous refusons absolument", a expliqué le ministre allemand de l'Environnement, Sigmar Gabriel, selon lequel cela obligerait les autres à compenser.

La Commission a proposé un mécanisme européen d'échange de permis de polluer qui se basera sur les secteurs industriels afin d'éviter les distorsions et à terme toutes les industries devront acheter aux enchères 100% de leur CO2.

Mais que faire de certains secteurs dévoreurs d'énergie, comme l'acier ou les raffineries, qui risquent d'être d'être laminées par la concurrence de pays moins vertueux?

Des pays peu soucieux de l'environnement qui refuseraient après 2013 de faire des efforts pourraient en effet bénéficier de ce phénomène de "fuite carbone" en se montrant laxistes.

QUID DES BIOCARBURANTS?
Deux idées ont le vent en poupe: soit accorder des quotas "gratuits" aux industries gourmandes en énergie, soit intégrer les pays tiers qui exportent vers l'UE dans le système européen.

Un différend existe toutefois entre la Commission, qui veut attendre le résultat des négociations internationales en 2010-2011 avant d'arrêter les détails de ce mécanisme protecteur, et la plupart des pays, qui veulent le définir sans tarder.

Pour l'Allemagne et la France, il faut être au clair dès 2009 sur cette question qui inquiète beaucoup les industriels, soucieux de programmer leurs investissements.

Les objectifs en matière d'énergie renouvelable provoquent également des grincements de dents dans plusieurs capitales.

Certains pays peu gâtés par la nature se demandent comment ils vont arriver à l'objectif européen d'utiliser au moins 20% d'énergies renouvelables provenant de sources comme l'éolien, le solaire ou la biomasse, contre 8,5% aujourd'hui.

Pour contourner l'obstacle, ils pourraient acheter des certificats d'énergie renouvelable produite ailleurs, mais ce système suscite des divergences entre les Vingt-Sept.

L'Allemagne ne veut pas voir son énergie "verte" subventionnée achetée au prix du marché par le Luxembourg.

La France juge pour sa part que la Commission a été très ambitieuse en lui assignant une cible de 23%, mais l'accepte si les autres sont prêts à remplir leurs objectifs.

Une autre question tient à l'objectif de 10% d'incorporation de biocarburants, dont le bilan écologique est contesté et l'issue de ce débat, qui monte en puissance, est incertain.

Yves Clarisse
Reuters
L'EXPRES
6 juin 2008

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