***Dans un discours jeudi à Berlin, le sénateur de l'Illinois a demandé au Vieux Continent d'aider l'Amérique à lutter contre le terrorisme, notamment en Afghanistan.
*L'ambiance de kermesse était réelle, mais elle était un peu trompeuse. Barack Obama, fêté à Berlin comme une réincarnation de John Fitzgerald Kennedy, a demandé des choses sérieuses aux Européens dans le discours qu'il a prononcé jeudi soir. Le candidat démocrate s'est montré plus à l'écoute des alliés des États-Unis que ne l'est le président en exercice, George W. Bush. Mais, sur le fond, il leur demande, lui aussi, d'assumer une part plus grande du fardeau. En Afghanistan notamment, qu'Obama a désigné comme le nouveau front de la guerre contre le terrorisme. «L'Amérique ne peut pas le faire seule. Le peuple afghan a besoin de nos troupes et des vôtres», a-t-il déclaré sans détour, dans une intervention qui sonnait plus comme le discours d'un chef d'État que comme celui d'un candidat en campagne pour la Maison-Blanche.
L'intervention a attiré une foule de plus de 200 000 Berlinois, Américains expatriés et touristes venus l'acclamer au cri de «Yes, we can» (Oui, nous pouvons), le slogan de campagne de Barack Obama. Le sénateur de l'Illinois a profité de cette tribune pour appeler «une nouvelle génération» d'Européens et d'Américains à s'unir pour combattre les menaces mondiales que sont la prolifération nucléaire et le réchauffement climatique. Il a rappelé que Washington n'avait pas de meilleur allié que l'Europe et que cette relation particulière devait durer.
Sa tournée européenne jeudi à Berlin, vendredi à Paris et samedi à Londres , est pour lui une «formidable opportunité de retrouver une convergence d'intérêts» entre les deux rives de l'Atlantique. Les sept années et demie de George W. Bush ont effectivement conduit à une certaine aliénation, et l'Europe est soucieuse d'un renouveau. Ce n'est pas pour autant, avait à l'avance averti Wolfgang Ischinger, ancien ambassadeur d'Allemagne à Washington, qu'il faut s'attendre à un nouveau «paradis transatlantique». En Afghanistan en particulier. Susan Rice, sa conseillère diplomatique, a déploré les «restrictions» imposées aux forces de certains pays de l'Otan, allusion au refus des Allemands de se déployer dans le Sud dangereux.
Bush agacé par l'«Obamania»
Angela Merkel a expliqué à son interlocuteur les limites de l'engagement allemand en Afghanistan, comme elle l'a «toujours fait» face au président en exercice. Avec une bonne nouvelle : Berlin compte faire passer cet automne de 3 500 à 4 500 hommes son contingent, mais toujours dans le Nord.
Pour les Berlinois cependant, c'est «Superstar» qui est passé chez eux, selon la formule du Spiegel. L'Allemagne est flattée d'avoir accueilli le seul discours public du sénateur de l'Illinois pendant sa tournée européenne. Obama avait dans un premier temps envisagé la Porte de Brandebourg, un symbole fort de la division désormais dépassée de l'Europe. Les réticences de la chancelière l'en ont empêché. Prête à admettre qu'elle pouvait «paraître vieux jeu», Angela Merkel jugeait qu'un lieu aussi emblématique convenait davantage à une prestation de président élu qu'à un meeting électoral à distance.
Le discours s'est tenu à quelques encablures, au pied de la colonne de la Victoire érigée au XIXe siècle pour célébrer les succès guerriers de la Prusse contre le Danemark, l'Autriche et la France. Par égard pour l'Administration Bush agacée par l'«Obamania», aucune conférence de presse n'a eu lieu à Berlin. Des porte-parole ont simplement fait état de conversations «très ouvertes, dans une très bonne atmosphère, allant au fond des choses». Le même traitement discret avait été réservé par Angela Merkel l'an dernier à deux autres candidats : Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
Pierre Bocev, correspondant à Berlin
LE FIGARO
25/07/2008
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