***En France, le projet Gallica associe la BNF, le Centre national du livre et le Syndicat national de l'Édition.
La Commission allouera 120 millions d'euros pour lancer le site europeana.eu.
L'Europe rêve depuis des années d'une bibliothèque numérique donnant accès à des millions de livres, de tableaux, de photos et d'œuvres musicales. Selon la Commission européenne, ce rêve sera réalité à l'automne prochain. Dès le mois de novembre, le site europeana.eu ouvrira ses portes virtuelles aux internautes du monde entier. Deux millions d'ouvrages seront alors proposés en ligne et six millions devraient l'être à l'horizon 2010.
Lundi, Viviane Reding, la commissaire européenne chargée de la Société de l'information et des Médias, a donné des précisions sur les allocations budgétaires de la Commission destinées à accélérer la numérisation des ouvrages en 2009 et 2010 : au total, 120 millions d'euros seront dédiés à «l'amélioration de l'accessibilité en ligne du patrimoine culturel européen». Viviane Reding a expliqué avec enthousiasme la vocation du projet Europeana : «La bibliothèque numérique européenne permettra à tous d'accéder facilement et rapidement depuis leur pays d'origine, ou depuis l'étranger, aux œuvres artistiques et littéraires européennes. Ainsi, un étudiant tchèque pourra consulter les ouvrages de la British Library sans aller à Londres, tout comme un amateur d'art irlandais pourra admirer La Joconde sans subir les files d'attente du Louvre.»
Mais la commissaire européenne a aussi rappelé que les États membres avaient encore du pain sur la planche pour transférer leurs œuvres sur des supports numériques : «Même si les États membres ont accompli des progrès considérables en vue de rendre le contenu culturel disponible sur Internet, des investissements publics et privés supplémentaires sont nécessaires pour accélérer la numérisation.» La Commission rappelle en effet que le coût total de la numérisation de cinq millions d'ouvrage provenant des bibliothèques européennes atteint environ 225 millions d'euros «sans compter les tableaux et les manuscrits». On peut donc s'interroger sur la capacité d'Europeana à s'étoffer rapidement. D'autant que la liste des questions non résolues est impressionnante.
Protéger les droits d'auteur
Ainsi, Viviane Reding a rappelé aux États les priorités pour alimenter Europeana dans les mois et les années à venir : accroître les financements pour la numérisation, veiller à ce que tous les pays disposent de méthodes, de technologies et d'expérience pour préserver leur matériel numérique, mettre en œuvre des normes communes pour que les bases de données soient compatibles avec Europeana et enfin résoudre les problèmes de droits d'auteurs…
En effet, la question ne se pose pas pour les nombreuses œuvres tombées dans le domaine public, mais dans quelles conditions numériser et rendre accessibles celles protégées par le droit d'auteur ? C'est parce qu'aucune solution n'a encore été apportée que les œuvres accessibles en novembre prochain seront antérieures au XXe siècle.
En France, le projet de bibliothèque numérique intitulé Gallica, qui s'inscrit dans ce cadre européen, a associé le Centre national du livre, le Syndicat national de l'Édition et la Bibliothèque nationale de France (BNF). Ce partenariat a donc associé les éditeurs et leur catalogue aux acteurs publics. Dévoilée lors du Salon du livre au printemps dernier, Gallica comprenait 10 000 ouvrages sont 2 000 protégés par des droits d'auteurs. Un internaute souhaitant télécharger un ouvrage protégé est relayé sur le portail de l'éditeur pour l'acheter.
En février dernier, Bruno Racine, le président de la BNF, estimait à 350 ouvrages par jour le rythme de numérisation des livres dans le cadre du programme tricolore. Une première enveloppe de 8 millions d'euros a été fixée pour la première année, mais la dotation annuelle du ministère de la Culture est de trois millions d'euros par an. Au total, Gallica numérisera 300 000 ouvrages en trois ans, ce qui représente un coût global de 25 millions d'euros.
Lundi, Viviane Reding a aussi distribué des bons points à certains États membres. Elle a cité en exemple la Slovénie qui a mis en place un partenariat public-privé et la Slovaquie qui a transformé un ancien complexe militaire en installation de numérisation à grande échelle équipé de tourne-pages automatisés.
Valérie collet
LE FIGARO
11/08/2008
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