mercredi, septembre 10, 2008

*L'OCDE critique les rythmes scolaires français*


***Le rapport annuel pose à nouveau la question de rythmes des élèves français, à l'heure où le passage à la semaine de quatre jours continue de faire débat.

Encore un effort ! Tel est le constat de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans Regards sur l'éducation sur les réformes du primaire. Si la suppression du samedi matin a permis aux écoliers français de se retrouver dans la moyenne de l'OCDE en terme de temps d'en­seignement, l'organisation pointe un rythme encore trop lourd au regard des pays les plus performants. Pour les élèves de 9 à 11 ans, la moyenne de l'OCDE se situe à 810 heures, tandis que les écoliers français absorbent 887 heures de cours. L'Irlande, l'Italie ou les Pays-Bas, champions avec 1 000 heures d'enseignement pour cette classe d'âge, dépassent la France. En baissant de 70 heures ce nombre d'heures, la France revient ainsi dans la moyenne. Mais au-delà des petits Finlandais, qui affichent 640 heures par an. Même différence au collège et au lycée, ce qui conduit à placer les Français dans le peloton de tête des élèves les plus surchargés.

Reste le rythme des élèves, un point sur lequel l'OCDE est critique. Car là où les jeunes Français ont un temps de travail concentré sur 35 semaines, la moyenne de l'OCDE se situe à 38 semaines. Plus : la semaine de quatre jours, qui est devenue la norme dans plus de 80 % des écoles françaises depuis la réforme de cette rentrée, est une spécificité française. Alors que les pays nordiques, qui affichent de bonnes performances, sont adeptes d'une journée allégée qui va de pair avec des vacances plus courtes. Les Pays-Bas, notamment, ont dans le primaire un emploi du temps réparti sur 40 semaines à raison de 5 jours par semaine.

Le modèle finlandais

Champions toute catégorie, avec les Mexicains, les petits Da­ nois travaillent sur 42 semaines avec un temps scolaire pour les 9-11 ans de 783 heures. Selon le chronobiologiste et spécialiste des rythmes de l'enfant François Testu, «l'enfant a besoin de régularité dans son rythme. Ce n'est pas la semaine qu'il faut alléger, mais la journée…».

Autre élément, soulevé par les experts de l'organisation, la question du volume horaire est directement liée aux différentes formes d'enseignement. «Les en­seignants finlandais, notamment, alternent beaucoup plus dans le primaire les cours didactiques, les activités en petits groupes et les ateliers, explique Bernard Hugonnier, directeur adjoint à la direction de l'éducation de l'OCDE. C'est une piste qui pourrait être explorée.»

De son côté, Éric Charbonnier, expert en éducation à l' OCDE, note qu' «avec des horaires trop chargés, les enfants sont plus vulnérables au décrochage scolaire. D'autant qu'ils ont moins la possibilité de rattraper leur retard le soir». Quant au travail scolaire pendant les vacances, il est inégalement pratiqué par les élèves.

Selon l'OCDE, toutefois, les volumes horaires et leur répartition n'expliquent pas, loin de là, l'efficacité d'une politique éducative. Car la France, qui dépense quelque 6 % de son produit intérieur brut à l'éducation, soit plus que la Finlande particulièrement, se situe à la 21e place de l'évaluation 2006 PISA de la performance des élèves de 15 ans en culture scientifique.

«En France, les salaires des enseignants et les effectifs des classes sont dans la moyenne de l'OCDE. Si la dépense d'éducation est élevée, c'est qu'elle est consacrée à un rythme scolaire lourd», estime Éric Charbonnier. D'autres éléments diffèrent entre ces deux pays. «Le secret de la Finlande, souvent considérée comme un modèle, repose notamment sur la sélection des enseignants, leur intégration dans la société et la considération dont ils bénéficient, ce qui n'est pas le cas en France», poursuit-il .

Aude Sérès
Le Figaro
09/09/2008

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