***Les projets du nouveau président en matière d’environnement devraient bouleverser la donne écologique. Mais ces initiatives se heurteront à de nombreuses résistances.
Sur des questions aussi diverses que le changement climatique, les produits chimiques toxiques et les Grands Lacs [d’Amérique du Nord], Barack Obama a des projets ambitieux qui permettraient de promouvoir des initiatives écologiques tout en inversant les réglementations favorables aux pollueurs et les décrets du président Bush et de ses conseillers. Contrairement à Al Gore, qui a rédigé un best-seller sur l’environnement mais a rarement abordé le sujet quand il a fait campagne pour la présidentielle en 2000, Barack Obama a souvent parlé d’écologie avant le 4 novembre, et il continue à le faire depuis son élection.
Le nouvel élu a annoncé son intention de prêter une oreille plus attentive aux conseillers scientifiques et aux spécialistes de l’environnement, que le gouvernement Bush avait coutume d’ignorer. “Je pense que nous devons nous attendre à du nouveau”, estime William Reilly, responsable de l’Agence de protection de l’environnement sous la présidence de George Bush père. “Il s’est engagé à respecter l’avis des scientifiques, ce qui va rassurer beaucoup de gens, y compris ceux qui redoutent que les partisans de la réglementation ne se déchaînent.” Dans un discours enregistré le 18 novembre devant un groupe de gouverneurs des deux camps [démocrates et républicains], Barack Obama a expliqué que ses projets visant à relancer l’économie prévoyaient des avantages pour la création d’emplois liés à des sources d’énergie plus propres et à la construction d’automobiles moins gourmandes en carburant, ce qui serait évidemment profitable à l’environnement.
Il est probable qu’il reviendra dès son installation à la Maison-Blanche sur la décision du gouvernement Bush d’empêcher la Californie et dix-sept autres Etats de réglementer les émissions de gaz à effet de serre des voitures et des camions. Cette initiative contraindrait les constructeurs à produire des véhicules plus économes en carburant, ce qui est considéré comme une étape essentielle si l’on veut que le pays se débarrasse de sa dépendance à l’égard du pétrole importé. En annulant la politique de Bush, le nouveau président donnerait de l’élan à ses projets, qui visent également à limiter les émissions de dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, et à autoriser les centrales, usines et autres pollueurs à faire commerce de leur quota d’émissions [conformément aux accords de Kyoto]. “C’est maintenant ou jamais qu’il faut relever ce défi”, a-t-il lancé aux gouverneurs. “Il n’est plus question d’attendre. Et nous ne pouvons continuer à nier les causes du réchauffement. Les enjeux sont trop élevés, les conséquences potentielles trop graves”, a-t-il ajouté.
Utiliser l’énergie verte pour relancer l’économie
Sous la présidence de Bush père, William Reilly avait supervisé la création d’un système de plafonnement et d’échange comparable, dit cap-and-trade, qui a nettement réduit la pollution par les pluies acides provoquées par les centrales thermiques. Lors de sa campagne de 2000, George W. Bush avait juré de mettre en place un programme de troc pour le dioxyde de carbone, mais il avait fait marche arrière après avoir pris ses fonctions. Avant l’élection, Barack Obama s’est dit en faveur d’une déclaration affirmant que les émissions de CO2 menacent le bien-être de l’humanité. D’après ses conseillers, sa politique viserait à associer les questions énergétiques et environnementales à la reprise économique. “Nous avons souffert à cause d’un gouvernement qui n’a pas eu l’intelligence d’utiliser l’énergie verte pour relancer l’économie”, explique Howard Learner, directeur du Centre de politique et de droit environnemental de Chicago. “Le prochain président, lui, sait qu’une réorganisation de l’industrie automobile et la création de plus d’emplois verts sont des mesures positives à la fois pour l’économie et pour l’environnement.”
Quelle que soit l’identité de la personne à qui Obama confiera la défense de l’environnement, elle risque d’avoir à livrer de rudes batailles au Congrès pour faire passer les lois sur le changement climatique. Les mesures annoncées par Obama – comme d’ailleurs celles annoncées par son adversaire républicain John McCain – devraient affecter l’ensemble de l’économie. Des groupes d’intérêt sont déjà occupés à négocier des clauses qui protégeraient certains secteurs. Sur la question de l’eau, les militants qui s’inquiètent pour les Grands Lacs se montrent optimistes. Ils sont persuadés que Barack Obama consacrera plus d’argent à nettoyer les sites contaminés, restaurer les zones humides côtières et améliorer les pêcheries. En 2005, le gouvernement Bush avait proposé un plan de 20 milliards de dollars [16 milliards d’euros] afin de restaurer et de protéger la plus grande source d’eau douce du monde, avant de faire marche arrière. En tant que sénateur, Obama avait avancé ou soutenu plusieurs mesures pour nettoyer les Grands Lacs. Son chef de cabinet, Rahm Emanuel, représentant démocrate de Chicago, a toujours défendu les Grands Lacs au Congrès. En tout cas, on peut être sûr que chaque changement de réglementation et chaque projet de loi sur l’environnement susciteront des négociations et des débats acharnés.
Michael Hawthorne
Chicago Tribune
Courrier International
27 novembre 2008
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