mercredi, janvier 28, 2009

*Dettes des Etats: l’Euro à l’épreuve du feu...*



***L’an dernier, les marchés ont puni les banques dont la gestion avait dérapé en ramenant la valeur de leurs actions à une fraction de ce qu’elle affichait quelques mois plus tôt. Ces mêmes marchés sanctionnent aujourd’hui les Etats qui ont les reins les moins solides.

La prime de risque des emprunts grecs est plus élevée que celle d’UBS, l’un des cancres mondiaux de la bulle immobilière américaine. L’Italie, l’Espagne, l’Irlande ne sont guère mieux loties. Les primes de risques infligées à ces Etats laissent tout simplement entendre qu’ils sont susceptibles de faire faillite.

Il y a un an, une telle éventualité aurait suscité de grands éclats de rire. Comment un pays tel que l’Italie, membre des sept pays les plus industrialisés de la planète, pourrait-il être acculé au défaut de paiement? aurait-on répondu.

La tempête financière est passée par là. Pour restaurer la confiance, l’Irlande a accordé sa garantie à la totalité de l’épargne déposée dans les banques de l’île. Une promesse qui dépasse largement ses moyens. Avant la crise, la Grèce ou l’Italie avaient une dette déjà beaucoup trop lourde comparée à la taille de leur économie. Résultat, ces pays n’ont aujourd’hui plus aucune marge de manœuvre budgétaire. D’autant plus que leurs recettes fiscales sont appelées à fondre dans la sécheresse de la récession.

D’où la grande question: comment réagiront ces Etats pour répondre aux revendications sociales qui iront grandissant? En Grèce, certains industriels n’hésitent plus à évoquer à haute voix une sortie de l’euro, désigné comme la cause de tous les maux. Un retour à la drachme permettrait de dévaluer la monnaie et de se créer un avantage compétitif, comme cela se faisait dans les années 1970 et 80.

Encore un peu taboue, l’idée pourrait essaimer rapidement. On se souvient d’ailleurs que le prix Nobel d’économie Milton Friedman avait prédit que l’euro éclaterait lors de la première récession.

Pour la Suisse, les conséquences d’un tel échec seraient dramatiques. La mort de l’euro – ou l’amputation de plusieurs de ses membres – conduirait immanquablement à une flambée du franc, valeur refuge par excellence. L’industrie d’exportation serait étouffée.

Scénario invraisemblable? Pour l’heure, oui. Heureusement. Mais plus impossible.

Philippe Gumy
Le Temps
28 janvier 2009

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