***Au PS, on soupçonne les écologistes de retomber dans le «ni droite ni gauche» :
«Je serai à la manifestation. Mais je ne serai pas à la manifestation pour qu'on dise : il est là.» Jeudi, Daniel Cohn-Bendit n'a pas envie d'être vu. Pour ne pas être soupçonné de vouloir «récupérer» le mouvement et parce qu'il est «en campagne européenne», le leader des listes Europe-écologie pour les élections de juin a promis, la semaine dernière sur RTL, de se faire discret dans la rue. Il y a encore plus surprenant pour un parti de gauche : les Verts ne se sont pas associés aux douze formations, du NPA d'Olivier Besancenot au Parti socialiste, qui ont signé un appel commun à la manifestation. Le texte n'était pas assez écologiste à leurs yeux, explique-t-on.
Les Verts semblent se singulariser au sein de la gauche et du mouvement social. Ils n'ont plus l'air aussi à gauche qu'autrefois. «Cela fait 25 fois qu'on fait un premier pas» vers un rassemblement entre organisations de gauche, soupire Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts. Sans aboutir à « une alternative ». Pour elle, un appel de plus n'apporte rien. Mais les Verts seront bien présents dans le défilé pour distribuer leur tract sur «l'emploi» , pour montrer qu'ils ne délaissent pas cette question.
Au PS, il n'en faut pas plus pour s'interroger sur les arrière-pensées de son allié. «C'est son choix de manquer à l'appel de la mobilisation, regrette le porte-parole Benoît Hamon, qui juge Daniel Cohn-Bendit trop indulgent vis-à-vis de Nicolas Sarkozy. C'est le retour de l'écologie ni droite ni gauche. C'est une mauvaise nouvelle pour la gauche.» Même son de cloche du côté de Claude Bartolone, chargé des relations du PS avec les autres formations de gauche. «Cette espèce de ni droite ni gauche lorsque la crise s'intensifie est un recul», regrette-t-il. S'il a des relations avec les Verts en tant que tel, il n'en a pas avec Cohn-Bendit.
«Le prix des contradictions»
Après leur mauvais résultat à la présidentielle de 2007, les Verts ont changé de stratégie. «On essaie de tracer une voie pour la gauche écologiste, à côté de la gauche révolutionnaire et la gauche sociale-démocrate gestionnaire», explique Jean-Vincent Placé, l'un des hommes forts des Verts. Première étape : le rassemblement de la famille écologiste. Derrière Daniel Cohn-Bendit, les listes Europe-écologie rassemblent donc bien au-delà des Verts : l'altermondialiste José Bové, les amis de Nicolas Hulot, ou des associatifs. Des écologistes de gauche, de droite ou apolitiques peu habitués à courir les manifestations… Pour Claude Bartolone, l'évolution de la ligne politique des Verts vient de là : «Ils paient le prix des contradictions de leur rassemblement», dit-il.
Du côté des Verts, on réfute l'idée d'un recentrage du parti sur des thématiques «environnementalistes». Pour autant, l'avenir du rassemblement Europe-écologie, qui pourrait se poursuivre après les européennes si les résultats sont au rendez-vous, n'est pas forcément à gauche. En 2012, «une candidature de Nicolas Hulot pourrait être soutenue par les Verts», assure Jean-Vincent Placé. En 2007, l'hypothèse n'avait pas été envisagée… «Nous avions appliqué le principe de précaution, plaisante Placé. Mais chez les Verts, nous sommes pour l'évolution des espèces.»
Nicolas Barotte
Le Figaro
19/03/2009
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