***Le président américain Barack Obama veut améliorer les relations entre les Etats-Unis et le monde musulman. Lors de sa visite à Ankara lundi, il a en outre plaidé pour une adhésion de la Turquie à l'UE.
La presse européenne commente l'amorce possible d'un nouveau dialogue :
The Independent - Royaume-Uni
Le quotidien The Independent se déclare en faveur d'une entrée de la Turquie dans l'UE : "Une adhésion de la Turquie donnerait une énorme impulsion aux relations entre l'Europe et le monde musulman. L'UE, qui ressemble à un club blanc chrétien, deviendrait d'un seul coup une alliance de démocraties basées sur le libre-échange. Et l'influence des musulmans majoritairement modérés de la Turquie pourrait même aider à lutter contre la propagation de l'islamisme séparatiste en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas. Nous ne devons pas non plus oublier que l'appât de l'adhésion donne à l'Europe la possibilité de contraindre la Turquie à des réformes, même si les résultats escomptés n'ont jusque-là pas été à la hauteur. Le processus vaut presque autant que le résultat. Il se peut que le président [Barack] Obama ait manqué un peu de tact en apportant le soutien total de Washington à la requête européenne d'Ankara. Mais une chose est sûre : il n'est dans l'intérêt d'aucun Européen de claquer la porte au nez de la Turquie."
(07.04.2009)
Trouw - Pays-Bas
La chroniqueuse d'origine turque Cilay Özdemir se prononce dans le quotidien Trouw en faveur de l'adhésion de la Turquie à l'UE. "L'avantage de la Turquie, c'est qu'elle est le seul pays à pouvoir jeter un pont entre l'Orient et l'Occident. Tout le monde sait que ce pays jouit d'une réputation douteuse dans le domaine des droits de l'Homme et des libertés. Avec raison, la Turquie considère la critique internationale avec sérieux. Le pays a obtenu des résultats probants ces dernières années dans le domaine des droits de l'homme, notamment pour les minorités. Cela est loin d'être suffisant. … [Mais] la Turquie joue un rôle de modèle dans la région. Depuis des décennies, la population arabe entend dire par ses régimes corrompus que l'Islam et la démocratie sont incompatibles. On ne croit plus si facilement à ce dogme depuis que le parti islamique AKP [Parti pour la justice et le développement] est au pouvoir en Turquie. On doit en grande partie le développement démocratique de la Turquie à ce parti." (07.04.2009)
Le Nouvel Observateur - France
Dans un entretien avec le magazine hebdomadaire Le Nouvel Observateur, Dorothée Schmid, la directrice du programme turc à l'Institut français pour les relations internationales (IFRI), commente le soutien du président Barack Obama à une adhésion de la Turquie à l'UE. Les Etats-Unis verraient un intérêt stratégique à l'intégration de la Turquie dans le bloc occidental : "C'est presque une vision héritière de la vision de la guerre froide où la Turquie était contre le bloc soviétique. … Ce qui bloque c'est tout d'abord le problème de la fatigue de l'élargissement, la grande difficulté de l'UE telle qu'elle existe aujourd'hui à absorber le dernier grand élargissement et les petits élargissements successifs…. Le pays [La Turquie] traverse des phases successives d'instabilité politique et cela brouille son image. … Les Européens ne veulent pas mettre l'accent sur les clivages religieux. Au contraire, du côté américain, ce qui importe c'est justement de valoriser cette identité religieuse dite modérée de la Turquie, comme pont vers le monde musulman." (06.04.2009)
De Standaard - Belgique
La Turquie doit devenir membre de l'Union européenne écrit l'essayiste Dirk Verhofstad du think-tank indépendant Liberales dans le quotidien De Standaard : "Fermer définitivement la porte au nez de la Turquie serait une erreur historique, comme [Barack] Obama l'a très bien compris. … Il en va pour moi de la protection des droits et des libertés de chaque Turc, Arménien, Tcherkesse, Arabe ou de tout individu d'origine spécifique vivant actuellement en Turquie. Il s'agit d'êtres humains. Il s'agit de leurs droits et de leurs libertés. Il s'agit de la protection de leur particularité. Si nous gardons la porte fermée pour la Turquie, nous laisserons les mains libres à ceux qui veulent de nouveau réduire la Turquie à une seule identité : celle de leur existence musulmane. Nous pousserions alors cet immense pays dans les mains avides des islamistes et de leur agenda préoccupent sur les droits de l'homme, notamment en ce qui concerne les femmes."
(07.04.2009)
I Kathimerini - Grèce
Stavros Lygeros se demande dans le quotidien I Kathimerini pourquoi autant de gens sont surpris que le président américain Barack Obama demande l'adhésion de la Turquie à l'UE : "Les Etats-Unis se sont engagés dès le début pour une adhésion de la Turquie à l'UE, pas parce qu'ils sont turcophiles, mais parce qu'une telle évolution sert leurs intérêts essentiels. Leurs intérêts ont un fondement stratégique. Les Etats-Unis n'ont jamais considéré l'intégration européenne d'un œil bienveillant car ils voient l'UE comme une concurrente à leur propre leadership. … Les Etats-Unis pensent à juste titre que la Turquie, en tant que membre de l'UE, continuera de saper la tentative d'unification européenne, notamment au niveau politique. L'ego toujours plus grand d'Ankara et la façon que celle-ci a de marchander ne sont presque plus compatibles avec les paramètres européens communs d'un compromis constructif."
(07.04.2009)
Eurotopics
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