jeudi, avril 30, 2009

***Le totalitarisme condamné dans l'indifférence***

***Le Parlement européen a voté une résolution contre les régimes totalitaires. Cette prise de position est malheureusement passée inaperçue, regrette un chroniqueur roumain, alors qu'on célèbre les 20 ans de la chute du communisme.

Au beau milieu de crises de toutes sortes, une nouvelle importante venue du Parlement européen est passée totalement inaperçue. Il a voté, en avril, une résolution qui condamne les régimes totalitaires. Initiée par le Parti populaire européen (PPE), les libéraux et Les Verts et appuyée par les socialistes, la résolution a été adoptée avec 553 voix pour, 44 contre et 33 abstentions. En plus de la condamnation explicite des "crimes contre l'humanité et des nombreuses violations des droits de l'homme commises par les régimes communistes", la résolution du Parlement européen formule quelques sollicitations concrètes : l'ouverture des archives des ex-polices politiques, la création d'une plateforme de la conscience européenne qui puisse offrir assistance aux institutions nationales spécialisées dans la recherche dans le domaine de l'histoire du totalitarisme, la création d'un centre mémorial paneuropéen pour les victimes des régimes totalitaires ainsi que la mise en place, le 23 août, d'une Journée européenne pour la mémoire des victimes des régimes totalitaires et autoritaires.

En Europe de l'Ouest, vingt ans après la chute du mur de Berlin, cette condamnation symbolique ne semble pas avoir trop d'importance. Nous sommes partis à la recherche des échos dans la presse occidentale. Presque rien. Un article dans le quotidien communiste français L'Humanité sous le titre "Poussée de fièvre anticommuniste à Strasbourg", un autre dans l'hebdomadaire du Parti communiste portugais Avante, traduit sur le site du Parti communiste corse. Quelques citations du communiqué de presse du Parlement européen et c'est tout. Le manque d'échos pourrait s'expliquer par l'actualité liée à la révolte de Chisinau. Mais le hasard fait que l'acte de condamnation du Parlement européen coïncide avec un exemple vif et concret de ce que signifient encore le pouvoir et la mentalité communistes. Cet exemple se trouve justement à la frontière est de l'Union européenne, et a des conséquences directes sur un pays membre, la Roumanie, transformé en bouc émissaire par le président moldave communiste Vladimir Voronin.

Il est pourtant difficile d'expliquer ce désintérêt occidental ! Si la préoccupation du moment est la crise économique, cela ne signifie pas que d'autres sujets doivent être laissés de côté. Le député européen roumain Adrian Nastase, ex-Premier ministre, est convaincu que le sujet n'est plus d'actualité car les gens sont préoccupés par le futur. Il y a d'autres personnes en Occident qui partagent cet avis, non par arrogance mais par méconnaissance du sujet. J'ai bien peur que l'Est reste toujours incompris par l'Ouest ! Il existe un déficit de connaissance de ce que le communisme réel a signifié. Mais il y a aussi une attitude hautaine de l'Ouest envers nos interminables lamentations portant sur nos souffrances passées. Préoccupés par le présent, les gens perdent toute trace de conscience historique.

La Roumanie a condamné officiellement le communisme, par l'intermédiaire de son président, Traian Basescu, en décembre 2006. Cela est resté sans conséquences. Mais peut-être que l'Europe saura avancer, ne pas rester à cet acte symbolique du Parlement, traité (pour l'instant) avec indifférence par l'opinion publique.

Mircea Vasilescu, Dilema Veche
Courrier International
30.04.2009

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