lundi, mai 04, 2009

*** Vu de l'étranger, un homme "dynamique" et "agité"...***


***A Washington. Après avoir été "Sarko l'Américain", Nicolas Sarkozy ne soulève plus d'enthousiasme aux Etats-Unis. Une affaire de style, de tempérament. L'éditorialiste Jim Hoagland, de l'International Herard Tribune, l'a dit "intéressant", mais aussi "brutal" et d'un activisme "irritant". Le retour de la France dans les structures intégrées de l'OTAN a été bien accueilli à Washington, mais la liste des sujets de divergence s'est allongée. Après avoir espéré obtenir des renforts en Afghanistan, l'administration Obama s'est résignée à attendre un moment plus favorable.

A Londres. Les menaces de quitter le sommet du G20 faute de résultats ont fortement écorné le capital de sympathie du chef de l'Etat français, dont l'élection avait été applaudie outre-Manche. Rarement les relations franco-britanniques avaient été aussi euphoriques. En attestaient le triomphe de la visite d'Etat à Londres, en mars 2008, l'identité de vues sur l'énergie, le changement climatique, l'immigration, la défense et le soutien du Royaume-Uni à la présidence de l'Union européenne au deuxième semestre 2008. Le krach et le G20 ont changé la donne.

A Berlin. "Trop souvent, l'action passe avant la réflexion. On aurait pu atteindre des résultats avec un peu moins d'agitation", commente-t-on à Berlin à propos de M. Sarkozy. L'Allemagne a été heurtée par sa façon de tenter d'imposer aux forceps un gouvernement économique de la zone euro, concept mal vu outre-Rhin. Dans l'entourage d'Angela Merkel, on sait que "le couple franco-allemand n'est pas une affaire de coeur pour M. Sarkozy", mais on apprécie que le président recommence à s'adresser à l'Allemagne comme à un partenaire, sinon privilégié, du moins indispensable en Europe.

A Jérusalem. Les autorités israéliennes, qui considéraient Jacques Chirac comme pro-arabe, attendaient avec impatience l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Le président français a beaucoup oeuvré pour favoriser le renforcement des liens entre l'Union européenne et l'Etat juif au cours de la présidence française de l'UE. Il a été l'artisan de l'intégration d'Israël dans l'Union pour la Méditerranée et est intervenu - en vain - pour tenter d'arrêter les combats lors de la guerre de Gaza, fin 2008, avec l'aide de l'Egypte.

A Moscou. En octobre 2007, lors de la première visite à Moscou de Nicolas Sarkozy, la presse russe, amusée par ses mimiques et sa façon de tutoyer Vladimir Poutine, avait mis en avant son "pragmatisme". La Russie constatait avec soulagement que l'amitié franco-russe ne s'était pas arrêtée avec le départ de Jacques Chirac. Le rôle de médiateur de M. Sarkozy dans le conflit russo-géorgien d'août 2008, au moment où la France présidait l'Union européenne, a confirmé cette perception.

A Bruxelles. Les partenaires européens de M. Sarkozy ont d'abord salué la façon dont la France a ratifié le traité de Lisbonne, après le rejet du projet de Constitution par référendum, au printemps 2005. Certains projets chers au président français, comme l'Union pour la Méditerranée, ont suscité d'énormes tensions avec les capitales européennes, avant d'être recadrés sous leur pression. Début 2009, il a suffi de quelques déclarations maladroites du locataire de l'Elysée au sujet du plan d'aide à l'automobile pour que la France soit montrée du doigt par ses voisins en matière de protectionnisme.

Au Benelux. A La Haye, où la méfiance à l'égard des dirigeants français est traditionnelle, l'action de Nicolas Sarkozy est apparue comme une sorte de divine surprise. Son libéralisme affiché, ses ardeurs réformatrices, son engagement européen couplé à de nombreuses réserves - notamment sur l'élargissement - ont plu.

Au Luxembourg, le ton est différent. Complice de Jacques Chirac, le premier ministre, Jean-Claude Juncker, n'a pas rencontré la même écoute chez M. Sarkozy. Et l'inscription, à un moment, du Grand Duché sur la liste des paradis fiscaux, à l'instigation de la France et de l'Allemagne, se souviennent les Luxembourgeois, a achevé de détruire le capital de sympathie dont jouissait l'hôte de l'Elysée.

En Belgique, derrière la sympathie de façade affichée à l'égard de la France, les critiques sur "l'agitation" du président sont nombreuses. Mais le Royaume a apprécié le dynamisme impulsé par M. Sarkozy à la présidence européenne de l'Union. "On n'avait plus vu cela depuis le Belge Guy Verhofstadt", commente un diplomate.

De nos correspondants
Le Monde
Article paru dans l'édition du 05.05.09.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire