***François Fillon, Premier ministre, a célébré l'anniversaire de la Reine Elizabeth II, à Paris, en compagnie de l'ambassadeur de Grande Bretagne, le jeudi 11 juin 2009.
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs,
Je vous remercie, Monsieur l’Ambassadeur, de nous accueillir avec votre épouse Susie dans cette magnifique résidence de l’ambassade de Grande-Bretagne.
Je veux vous dire que j’ai été extrêmement sensible à vos propos. Et j’adresse en retour au peuple britannique, au nom du Président de la République, un message d’affection de la France.
Mon épouse et moi-même sommes heureux et honorés d’être parmi vous aujourd’hui.
Certains penseront que je n'avais pas le choix, ils se trompent, parce que les liens familiaux qui m’unissent au Royaume Uni, sont certes des liens très personnels, mais au-delà de ces liens, je ressens profondément l'amitié qui soude nos deux peuples.
Nos nations sont semblables à deux sœurs qui se sont longtemps jalousées avant de se découvrir fondamentalement proches et indispensables l’une à l’autre.
« The best thing I know between France and England is… the sea », s’exclamait à son époque l’écrivain anglais, Douglas Jerrold.
Eh bien, franchement, il y a, aujourd’hui, tellement plus que cela entre nous !
Il y a d’abord la force de l’Histoire qui donne à nos deux nations une responsabilité particulière pour défendre la démocratie face à tous les totalitarismes, pour défendre la dignité humaine face à toutes les oppressions.
Au-delà de quelques épisodes très anciens que je tairai pour ne froisser personne - dont ceux de Jeanne d’Arc, de Waterloo et de Trafalgar… -, depuis 1815, nos accrochages les plus sérieux, Monsieur l'Ambassadeur, ont heureusement lieu sur les terrains de sport.
La France connaît le courage de votre nation qui a contribué à deux reprises, il y a 91 ans et 65 ans, à sa liberté.
Le 1er juillet 1916, lors de la première journée de la bataille de la Somme, 20.000 Britanniques sont tombés sur notre sol.
J’étais samedi dernier à Arromanches et à Bayeux, en compagnie du Prince Charles et du Premier ministre Gordon Brown, et des vétérans de la Seconde Guerre mondiale.
La France n’oublie pas l’Histoire écrite à Londres par le roi George VI, par Winston Churchill et par de Gaulle.
Elle n’oublie pas l’héroïsme de tous ces jeunes qui s’élancèrent sur les plages de Normandie.
Le temps, Monsieur l'Ambassadeur, n’altère pas le pacte sacré entre nos deux nations, et ce pacte c'est aujourd'hui une force pour agir.
Nous vivons une époque de mutations radicales, et devant leur ampleur nous devons bâtir une Europe efficace et une Europe influente.
Les récentes élections ont révélé le scepticisme d’une très grande partie de l’opinion publique européenne.
Eh bien moi, je ne me résous pas à cette indifférence.
Je refuse de voir l’Europe s’enliser, parce que si l'Europe s’enlise, alors l’histoire du monde s’écrira sans elle.
Et le sursaut, Mesdames et Messieurs, ne viendra pas spontanément de Bruxelles et de quelques directives administratives.
L’Europe, c'est la somme de nos volontés nationales !
C’est avec nos traditions, avec notre patriotisme, avec notre engagement politique que nous devons donner du souffle à l’Europe.
Et il revient à nos deux grandes nations de fédérer leurs efforts et de prendre les choses en main.
La France et la Grande-Bretagne, dans cet esprit, ont agi de concert pour répondre à la crise financière.
Eh bien il faut continuer à nous mobiliser pour repenser l’architecture financière internationale et pour imaginer les conditions d’une mondialisation qui soit mieux régulée et qui soit plus équitable.
Nos deux pays ont également pris à bras le corps la question du réchauffement climatique. Et c'est sous l'impulsion de l’Europe que nous nous sommes dotés de la législation la plus ambitieuse au monde dans ce domaine. Eh bien c'est à nous, maintenant - et la Grande-Bretagne, naturellement, a un rôle particulier à jouer dans ce domaine -, c'est à nous d'entraîner l’ensemble de la communauté internationale si nous voulons que les décisions que nous avons prises soient efficaces et suivies d'effets.
Nous devons aussi agir ensemble pour garantir notre sécurité et pour servir la paix. Après le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, nous devons maintenant nous attaquer au renforcement de la politique européenne de sécurité et de défense.
Monsieur l’Ambassadeur,
Tous ces vieux préjugés qui accompagnent nos deux nations me font sourire.
Je n'évoquerai pas ce très élégant général en retraite qui déposa sous nos yeux une gerbe, à Bayeux, samedi dernier, avec un chapeau melon et un parapluie... Mais voilà une éternité que je n’ai pas vu le célèbre brouillard londonien, voilà plusieurs années que le prétendu «libéralisme sauvage» anglais n’est plus de mise au 10 Downing Street.
Quant aux Français, soi-disant «ingouvernables», ce n’est plus d’actualité. Pas plus que ne l’est d'ailleurs notre «protectionnisme viscéral»…
Je crois à la nécessité de la collaboration franco-britannique.
Ce n’est pas seulement l’amitié et l’admiration que je voue à l’égard du peuple britannique qui me porte à parler ainsi. C’est aussi la conviction qu’il existe entre nos deux nations un intérêt évident à agir ensemble.
En ce jour particulier pour la Grande-Bretagne, je vous prie, Monsieur l’Ambassadeur, de bien vouloir transmettre en mon nom et en celui du peuple français, tous nos vœux de bonne santé à Sa Majesté la Reine.
Et je demande à toute l’assistance de se joindre à moi pour porter un toast à Sa Majesté, The Queen.
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