***Lors de l’ouverture de la 17e Conférence des ambassadeurs, Nicolas Sarkozy a présenté, depuis l’Elysée, les grandes lignes de la politique internationale de la France pour l’année à venir. Un seul mot d’ordre pour le président de la République : réformer. Et un seul ennemi : le temps, qui "n’est pas notre allié".
"Demain, c’est aujourd’hui". Nicolas Sarkozy, à l’occasion de la 17e Conférence des Ambassadeurs, mercredi, s’est joué de l’espace-temps à la manière d’un Usain Bolt. Le président de la République, depuis le Palais de l’Elysée, a martelé cette idée force tout au long d’un discours qui marquait vraiment dans la foulée du conseil des ministres la rentrée –diplomatique certes mais aussi- politique devant la quasi-totalité du gouvernement. Axés autour de la crise financière internationale et des réformes nécessaires et indispensables dans un monde une bonne fois pour toutes multipolaire, les propos du chef de l’Etat ont retrouvé leur accent d’antan: le rythme de son engagement politique doit être mené tambour battant.
"Le temps n’est pas notre allié. Il est notre juge et nous sommes déjà en sursis", a répété à plusieurs reprises Nicolas Sarkozy. Depuis son accession au pouvoir en mai 2007, le président de la République a prouvé qu’il était un homme pressé. Et ambitieux. Et "attendre, ce n’est pas être ambitieux". Le chef de l’Etat, après un malaise lipothymique et des vacances passées au Cap Nègre, a donc sonné la rentrée politique avec le leitmotiv qui guide son action depuis deux ans. Réformer avant tout. "Le choix le plus prudent est celui de la réforme, le choix le plus risqué est celui de l’immobilisme."
"Il n’y aura pas de session de rattrapage"
Pour face à "la plus grave crise depuis les années 30", Nicolas Sarkozy avait donc demandé qu’un troisième sommet du G20, après ceux de Washington et de Londres, ait lieu. Ce sera à Pittsburgh fin septembre. A l’ordre du jour, "une liste complète de contre-mesures à l’encontre de ceux qui ne coopèrent pas" à l’assainissement de la finance internationale. Et Nicolas Sarkozy admonestant par anticipation "ceux qui s’imaginent qu’ils pourront reprendre leurs affaires comme avant la crise (…) Ils en seront pour leurs frais". Et la France posera la question de la limitation du montant des bonus. Et pour ceux, forts habiles, qui parviendraient à passer entre les mailles du filet, "le monde jugera". Pittsburgh sera le gros événement international de la rentrée: outre la régulation financière, celle des prix énergétiques sera également débattue ainsi que le réchauffement climatique afin de préparer au mieux la réunion de Copenhague, en décembre. "Il n’y aura pas de session de rattrapage (…), c’est l’avenir même de l’humanité et de notre planète qui est en jeu", a déclaré Nicolas Sarkozy au sujet de la conférence danoise qui doit lancer un nouveau cycle après le protocole de Kyoto.
Les crises, financière, économique, écologique… sont une chance qui doivent permettre de "sortir du carcan de la pensée unique" et "entraîner ceux qui ne se résignent pas à l’immobilisme et au statu quo". Un statu quo combattu également au sein de l’Union européenne. "Quand l’Europe veut, elle peut. Mais elle ne veut pas toujours", a souligné le président de la République. Si il y a une panne, c’est parce que l’on a pas mis « assez de carburant dans la voiture Europe », a imagé Nicolas Sarkozy qui se dit convaincu que la réussite de l’Europe est avant tout "un état d’esprit". Le plaidoyer pour une Europe plus forte a permis au chef de l’Etat d’insister sur la nécessité, une bonne fois pour toutes là encore, de mesurer notre monde à l’aune de la globalité. Et de réformer enfin la gouvernance mondiale, « depuis le temps qu’on en parle ». Celle du G8, qui sera pérennisée en G14. Comment décider en effet du sort du monde sans la Chine, le Brésil, l’Afrique? "Une idée étrange quand l’on est diplomate, et stupide quand l’on est politique". L’auditoire apprécie le bon mot. Réformer les instances internationales informelles mais aussi les institutionnelles : FMI, Conseil de sécurité de l’ONU… Mais la réforme passe aussi par la création. Celle notamment d’une Organisation mondiale de l’environnement à l’occasion de la Conférence de Copenhague.
Priorité au Proche-Orient
Et puisque le discours de Nicolas Sarkozy ouvrait la Conférence des ambassadeurs, une place dans un discours de près d’une heure a été réservée aux conflits internationaux. En tête desquels celui au Proche-Orient, qui n’est pas une crise régionale mais bel et bien "mondiale par ses implications". "Le temps est notre juge et le laisser filer est une faute. Quand on a un ami, et la France est l’ami d’Israël, on dit les choses franchement. Il n’y aura pas de paix avec la poursuite de la colonisation". Quant au sujet sensible de la prolifération nucléaire, ciblant particulièrement l’Iran et la Corée du Nord, "on n’a pas le droit de se taire devant la crise qui s’organise", a déclaré Nicolas Sarkozy qui a par ailleurs assurer du maintien ferme de la France en Afghanistan. Enfin, dernier mais pas le moindre, une place spéciale sera dévolue en 2010 au contient africain.
Ainsi, parce que le monde est désormais globalisé et multipolaire, parce que l’humanité est désormais une, les frontières entre national et international n’existent plus. La volonté de réforme des instances de ce monde aura des répercussions sur la France, de même que les choix de la France auront leur répercussion sur les affaires du monde. "Il faut réinventer la pensée et l’action. Le 21e siècle doit être celui du pragmatisme et de la bonne volonté. Et nous ferons tout pour que le message de la France soit entendu". A bon entendeur…
Jérôme Guillas -
leJDD.fr
26 Août 2009
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