samedi, septembre 12, 2009

***"Il faut faire plus de pédagogie sur la taxe carbone"...***


***Nicolas Sarkozy vient d'annoncer la création d'une taxe carbone. Gilles Carrez, rapporteur général du Budget à l'Assemblée nationale, explique à LExpansion.com pourquoi son principe même reste encore mal compris par l'opinion.

Nicolas Sarkozy a annoncé la création d'une nouvelle taxe, la taxe carbone, mais a indiqué que les impôts n'augmenteront pas... Comment s'y retrouver ?

Partout où je vais, et c'est la première fois que ça m'arrive, les gens me disent qu'ils ne comprennent pas pourquoi on crée une taxe, si c'est pour la rembourser.

Il va falloir faire beaucoup de pédagogie pour leur expliquer que ce n'est pas un impôt pour faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat, mais que son but est de modifier les comportements. Il va aussi falloir expliquer le mécanisme de compensation, avec toutes les injustices qu'un système de forfait peut engendrer... Ce travail n'a pas été assez fait et les premiers défenseurs de cette taxe doivent en prendre leur part.

Etes-vous d'accord avec le principe même de cette taxe ?
On n'a pas tellement le choix. Pour les gros consommateurs, c'est à dire les grandes entreprises, il existe déjà le système des quotas et du marché d'émissions. Il était temps d'agir pour les particuliers et les petites entreprises. Soit on interdit aux gens de se déplacer en voiture ou de se chauffer, soit on fixe un prix à la pollution qui, pour le moment, n'en a pas. L'idéal serait sans doute de fixer le montant de la taxe de façon différenciée selon l'empreinte carbone de chaque produit. Mais c'est très compliqué, et aucun pays n'est parvenu à le faire. Il faut donc se rabattre sur quelque chose de plus simple et frapper la consommation d'énergie, le facteur de pollution le plus important.

Les entreprises râlent parce que, d'un côté, on réforme la taxe professionnelle, mais que de l'autre, on leur impose une taxe carbone...
Je reviens de Suède, le premier pays à avoir mis en place la taxe carbone en 1991. Là bas, l'industrie et l'agriculture sont quasiment exonérées de la taxe carbone, parce que trop exposées à la concurrence internationale. Le pays a donné la priorité à la lutte contre les délocalisations, sur l'urgence environnementale. Résultat, l'industrie n'a pas fait les efforts nécessaires. Il est donc important que les entreprises payent la taxe carbone. Mais nous n'avons pas mis de côté la question de leur compétitivité. La réforme de la taxe professionnelle va engendrer 8 milliards d'euros d'exonérations, alors que la taxe professionnelle va coûter 2 milliards aux entreprises. Elles gagnent quand même 6 milliards.

Propos recueillis par Thomas Bronnec
L'Expansion
11/09/2009

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