vendredi, octobre 16, 2009

***L'euro fort complique la sortie de crise de la zone euro...***


***A peine sortie de la récession, l'économie européenne va devoir faire face à une hausse de l'euro, au moins jusqu'à la fin de l'année. Les ministres des Finances de la zone euro se pencheront lundi sur la question sans grand espoir de trouver une solution rapide.

Les ministres des Finances de la zone euro débattront lundi, à Bruxelles, du niveau de l'euro, jugé de plus en plus préoccupant par rapport à ses principales devises concurrentes. Depuis début mars, la monnaie unique n'a cessé de s'apprécier vis-à-vis de ses homologues américaine et chinoise. Elle aborde des rivages économiquement et politiquement inquiétants. « A près de 1,50 dollar, son niveau le plus haut depuis quatorze mois, l'euro pénalise l'économie européenne qui est en pleine phase de reprise », note Eric Vergnaud, économiste à BNP Paribas. Même si les exportations de l'Union européenne sont davantage portées par la vigueur de la demande mondiale que par le niveau de sa monnaie (voir ci-contre), la montée en puissance d'une monnaie en période de redémarrage laborieux de l'activité ne peut que compliquer et retarder le rebond. Sans compter le risque de « volatilité » des monnaies, contre lequel le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean Claude Trichet, a mis en garde, hier.

Poursuite du mouvement

Cela dit, « les ministres de la zone euro devraient moins parler de la force de l'euro que de la faiblesse du dollar et du yuan chinois » - lié par un lien fixe au billet vert depuis l'été 2008 - selon une source européenne citée par l'agence Reuters. Car l'appréciation de l'euro (il a gagné près de 17 % depuis début mars) n'est que la résultante de la faiblesse de ces deux autres devises majeures de l'économie mondiale. Le dollar s'est affaibli ces derniers mois pour trois raisons : la fin de son statut de « monnaie refuge » à mesure que la récession s'est estompée, des fondamentaux pénalisants dont un déficit public qui a été multiplié par cinq en deux ans, et l'effondrement des taux d'intérêt à court terme. La plupart des économistes pensent que le mouvement de dépréciation du dollar va se poursuivre aux alentours de 1,55 dollar d'ici à la fin de l'année avant de se redresser l'an prochain, au gré de la reprise économique aux Etats-Unis prévue pour être plus rapide et plus vigoureuse qu'en Europe. Hier, la banque Goldman Sachs indiquait dans une note à ses clients qu'elle ne s'attendait par à ce que l'euro dépasse 1,60 dollar comme au printemps 2008, et misait sur un retour à 1,35 dollar d'ici à un an « à mesure que les investisseurs reprendront confiance dans l'économie américaine ». « Notre vision est que le dollar est sous-évalué et qu'il va se redresser quelque peu », expliquent encore les experts de Goldman Sachs. Le président de la BCE ne semble pas penser très différemment lorsqu'il en appelle, comme hier, à ce que « les autorités américaines poursuivent des politiques qui prennent en compte le fait qu'un dollar fort est dans l'intérêt des Etats-Unis », jugeant cette démarche « extrêmement importante ». Il a ajouté que l'euro n'avait « pas été créé pour être la principale monnaie de réserve mondiale », sa déclaration soutenant aussitôt - mais fugacement - le billet vert sur le marché des changes.
Rééquilibrage nécessaire

L'autre clef de la force de l'euro réside dans la monnaie chinoise, les ministres européens des Finances et la Commission européenne en sont convaincus. « L'important est de créer les conditions d'une croissance plus soutenable dans le monde », explique-t-on dans l'entourage du commissaire en charge des Affaires économiques et monétaires, Joaquin Almunia. Il faut, ajoute-t-on, que les pays qui disposent d'excédents en devises - Chine, Japon et pays du Golfe persique en particulier - relancent davantage leurs économies, rééquilibrant, ce faisant, les balances commerciales et les taux de change. Reste à trouver les bons arguments pour convaincre les dirigeants chinois.

CATHERINE CHATIGNOUX,
Les Echos
16/10/09

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