***Les dirigeants européens se retrouvent jeudi 29 octobre à Bruxelles avec l'ambition de débloquer le traité de Lisbonne pour commencer à discuter du premier vrai président de l'UE et surmonter leurs divisions sur le climat.
Officiellement, la question du futur président du Conseil européen – un nouveau poste prévu par le traité de Lisbonne – n'est pas à l'ordre du jour de ce sommet de deux jours qui débutera en fin d'après-midi. Mais la question sera au moins en coulisses sur toutes les lèvres.
Car l'Union européenne a clairement commencé à "rechercher son George Washington", selon le mot de l'ancien chef d'Etat français Valéry Giscard d'Estaing, en référence au premier président des Etats-Unis. L'objectif est d'en finir avec le système actuel de rotation semestrielle qui rend la voix du bloc des 27 souvent inaudible.
DUEL BLAIR-JUNCKER
Le premier ministre britannique, Gordon Brown, compte faire campagne pour son prédécesseur lors du sommet, a annoncé mardi soir la BBC. Mais un vent de fronde contre Tony Blair souffle sur le continent, attisé par les pays du Benelux et l'Autriche. On lui reproche son soutien à la guerre en Irak et l'euroscepticisme bien ancré du Royaume-Uni, toujours un pied à l'intérieur de l'UE et un pied au dehors.
Il compte pour premier adversaire déclaré le premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, qui a fait acte de candidature dans un entretien au Monde. Le nom du discret chef du gouvernement néerlandais, Jan Peter Balkenende, a également été cité ces dernières semaines, mais il a déclaré mercredi ne pas être candidat à ce poste. Aucune décision ne sera toutefois prise cette semaine. L'heure des choix pourrait être renvoyée à un sommet extraordinaire les 11 et 12 novembre, selon des diplomates.
A condition toutefois que le traité de Lisbonne entre bien en vigueur. Le dernier obstacle à sa ratification est en République tchèque, où la Cour constitutionnelle doit se prononcer, sans doute le 3 novembre, sur un recours déposé par des élus eurosceptiques. Leur mentor, le président Vaclav Klaus, veut aussi obtenir pour prix de sa signature une dérogation pour son pays afin d'empêcher toute restitution aux Allemands des Sudètes expulsés en 1945. Un accord se dessine pour lui accorder cette clause en bas de page. "C'est bien parti", a indiqué mardi le premier ministre tchèque, Jan Fischer. La Slovaquie pourrait du coup aussi en bénéficier.
LA QUESTION DU CLIMAT
En revanche, un autre sujet risque de rallumer les divisions : la lutte contre le réchauffement climatique. Les Européens peinent à se mettre d'accord sur le montant de l'aide financière à apporter aux pays pauvres pour faire face aux effets du réchauffement. Et surtout sur la répartition entre Etats de l'UE, avec une claire césure Est-Ouest. La Pologne et plusieurs pays d'Europe centrale refusent qu'on fasse payer les pays les plus polluants, ce qui pénaliserait Varsovie en raison de l'importance du charbon pour son énergie.
Un échec sur ce point à Bruxelles donnerait une piètre image de l'Europe à six semaines du sommet mondial sur le climat de Copenhague où elle entend se présenter en modèle. "Il est clair qu'un compromis sur le financement [aux pays pauvres] sera crucial pour obtenir un accord à Copenhague", a prévenu le premier ministre suédois, Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside l'UE, dans sa lettre d'invitation.
LE MONDE
29.10.09
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