mardi, novembre 03, 2009

*"Les négociations climatiques de Copenhague ne peuvent pas échouer"...*


***L’UE a annoncé sa mise. Les autres doivent désormais suivre l’exemple, a déclaré le Premier ministre Fredrik Reinfeldt dans une tribune publiée mardi dans Dagens Nyheter, le plus grand quotidien suédois.

À seulement 34 jours du sommet sur le changement climatique de Copenhague, l’Union européenne continue de montrer la voie. Depuis le sommet européen de mars 2007, nous avons été à l’avant-garde en matière de changement climatique. Il s’agissait à l’époque d’engagements concrets : une réduction, d’ici à 2020, de 30 pourcent des émissions par rapport au niveau de 1990, à condition qu’un nouvel accord mondial sur le climat soit mis en place, et que d’autres prennent des engagements similaires. Pendant la Présidence suédoise, nous voulons continuer à faire preuve de leadership et d’unité dans les questions d’importance telles que le financement, le transfert de technologies, l’adaptation et la gestion efficace et pertinente des moyens financiers.

Des engagements concrets en faveur de la réduction des émissions sont essentiels si nous voulons atteindre l’objectif des deux degrés d'augmentation maximum de la température fixé par le Groupe intergouvernemental d'experts des Nations Unies. C’est pourquoi l’accent doit être porté, dans les négociations réalisées dans le cadre des Nations Unies, sur la mise en place d’engagements concrets. Nous savons que, d’ici à 2050, les émissions mondiales doivent être réduites de 50 pourcent par rapport au niveau de 1990, pour atteindre cet objectif. Et nous savons que les pays développés doivent prendre la tête et réduire leurs émissions. Au cours du sommet européen qui a eu lieu la semaine dernière, l’Union s’est fixé un objectif à long-terme pour la réduction de ses émissions de 80 à 95 pourcent d’ici à 2050.

Tout cela est important et nécessaire. Mais les pays du monde entier doivent également se mettre d’accord sur la question capitale du financement de la lutte contre le changement climatique. En septembre dernier, la Commission européenne a estimé le coût des mesures d'adaptation au changement climatique et de réduction des émissions dans les pays en voie de développement. La Commission a évalué que le surcoût pour limiter ou éliminer totalement les émissions s’élevait à 100 milliards d’euro par an d’ici à 2020 et que les fonds devraient provenir des secteurs public et privé des pays développés, du marché mondial de droits d'émission et de capitaux internationaux. Il a été souligné par la même occasion que 5 à 7 milliards d’euro devront être débloqués dès l'année prochaine et d’ici à 2012 afin de procéder à un démarrage rapide des mesures d'adaptation, de réduction des émissions, de recherche et de renforcement de capacités dans les pays en voie de développement.

En ma qualité de Président du Conseil européen, je me félicite de la responsabilité et de la capacité d’action dont ont fait preuve les pays membres de d’Union la semaine dernière, en soutenant les évaluations de la Commission, et ce malgré la crise économique actuelle. L’Union européenne est désormais prête à apporter, dans le cadre d'un accord climatique, une contribution juste à l’action mondiale, en se fixant un objectif de limitation, en octroyant des compensations et en contribuant équitablement à l’aide publique.

À un mois du sommet pour le climat de Copenhague, l’UE est plus unie que jamais. Le Sommet européen de la semaine dernière a convenu d’un solide mandat de négociations.

Mais les seules contributions de l’UE ne suffisent pas. Nous pourrons conclure un accord ambitieux à Copenhague uniquement si l’ensemble des partenaires participent activement au processus. C’est pour cela que les autres pays développés doivent eux aussi aujourd’hui faire preuve de leadership : s’engager eux-aussi sur des réductions ambitieuses des émissions, présenter des propositions de financement et intensifier leurs actions. Les pays en voie de développement, en particulier les plus avancés d’entre eux, doivent également présenter des mesures qui reflètent explicitement leur prise de responsabilité et leur aptitude.

Fort du solide mandat qui m’a été délégué par le Conseil européen et les États membres, je me suis rendu aujourd’hui à Washington pour discuter de la question climatique et du chemin restant à parcourir d’ici le Sommet de Copenhague, hier dans le cadre d’un entretien individuel avec le Président Obama, et aujourd'hui dans le cadre du sommet entre l'UE et les États-Unis. Je vais par ailleurs rencontrer aujourd’hui le Sénateur John Kerry, Président de la Commission des affaires étrangères du Sénat, qui est responsable, conjointement avec la Sénatrice et Présidente de la Commission pour l'environnement, Barbara Boxer, de la nouvelle législation américaine sur le climat et l’énergie, qui sera bientôt examinée par le Congrès américain.

Le message que je souhaite communiquer aussi bien au Président Obama qu’au Sénat et au Congrès est le suivant: Nous devons placer le climat au centre des discussions, et faire de l’objectif des deux degrés notre fer de lance. Nous sommes d’accord sur ce qui doit être fait à long terme, mais pour y parvenir, nous devons également nous doter d'un objectif offensif à moyen terme. On peut faire beaucoup avec peu de moyens. Les objectifs à moyen terme peuvent, pour l’essentiel, accomplis grâce à des économies d’énergies et des mesures d’amélioration de l’efficacité. Plus vite nous procédons à la transition vers une économie verte, moindre seront les coûts.

Je me rends demain à New Dehli pour un sommet entre l’UE et l’Inde. Le message que je souhaite faire passer au Premier ministre Singh est globalement le même que celui communiqué au Président Obama. Nous devons nous concentrer sur le climat et il est pour cela nécessaire d'agir immédiatement. Nous savons qu'il est important pour l’Inde de continuer sa lancée vers une plus grande prospérité de ses citoyens. Mais ce développement ne doit pas engendrer parallèlement une augmentation des émissions de dioxyde de carbone. Car cela entrainerait d’ici à 2030 la multiplication par deux des émissions de gaz à effets de serre de l’Inde.

Nous notons que l’empreinte écologique par habitant reste relativement basse en Inde et c’est pour cela, d’ailleurs, que certains pensent qu’il serait encore possible d’augmenter l’ampleur des émissions. Mais aux vues les connaissances dont nous disposons aujourd'hui, il n'est pas raisonnable d’octroyer à certains pays le droit d’augmenter leurs émissions. Par ailleurs, l’Inde dispose d’ un énorme potentiel aussi bien en matière d’efficacité énergétique qu’en matière de sources d’énergie renouvelable. L’énergie solaire est l’une de ces sources. L’UE souhaite approfondir la coopération dans ce domaine.

À la fin du mois de novembre, je présiderai, en ma qualité de Président du Conseil européen, une réunion au sommet entre l'UE et la Chine. La Chine a réalisé au cours des deux dernières décennies une progression formidable et est aujourd’hui la troisième économie mondiale. Mais cette progression s’est faite au sacrifice d’une détérioration massive de l’environnement. Nous savons que la Chine a inscrit, dans son plan quinquennal, un ambitieux programme visant une réduction de ses émissions proportionnelle au développement économique. Mais du fait que ce pays a désormais dépassé les États-Unis et est devenu le premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète, des actions plus radicales sont nécessaires si nous voulons nous attaquer au changement climatique. C’est pourquoi, le message que je souhaite communiquer à la Chine est le suivant : Relevez le niveau de vos ambitions, de manière à ce que les émissions atteignent leur niveau le plus haut au plus tard en 2020, pour ensuite diminuer. Nous savons que la Chine a, entre ses mains, toutes les conditions requises pour réussir, et j'espère que l'adoption d'engagements concrets sera annoncée à Copenhague.

À un peu plus d’un mois du sommet sur le climat, les négociations dans le cadre des Nations Unies, progressent trop lentement. Beaucoup prédisent d’avance l’échec de ces négociations. Mais le sommet de Copenhague ne doit pas pour autant être considéré comme une voie sans issue : le protocole de Kyoto n’avait pas été adopté en 1997 mais en 2001. Mais cela serait un grand échec politique de ne pas parvenir à conclure un accord en décembre. Le changement climatique ne patientera pas jusqu’à l'aboutissement du processus de négociations. C’est pourquoi nous avons tous une responsabilité à l’égard de la réussite du sommet de Copenhague. L’UE a annoncé sa mise. Les autres doivent désormais suivre l’exemple.

Fredrik Reinfeldt, Premier ministre

se2009.eu

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