***Etats-Unis : la Cour suprême autorise les entreprises à financer la vie politique :
Les Républicains pourraient tirer avantage de cette décision pour les élections de mi-mandat. Barack Obama craint que les lobbies ne pèsent sur les réformes du Congrès.
Dure semaine pour Barack Obama et le Parti démocrate. Quelques jours après la défaite de leur candidate Martha Coakley dans le Massachusetts, qui confère à l'opposition républicaine une minorité de blocage au Sénat, la Cour suprême des États-Unis a pris une décision qui pourrait s'avérer lourde de conséquences à l'approche des élections de mi-mandat de novembre : inversant une décision de cette même Cour prise en 1990 et invalidant une partie de loi McCain-Feingold de 2002, la plus haute juridiction du pays a autorisé les entreprises à puiser directement dans leur trésorerie pour financer des spots télévisés pour s'opposer ou soutenir un candidat. Une décision qualifiée de « désastre » par l'organisation Democracy 21, qui dénonce l'influence des lobbies d'affaires sur la vie politique.
Cinq voix contre quatre
« Quand le gouvernement essaie d'utiliser son pouvoir (...) pour décider où quelqu'un peut obtenir une information, ou à quelle source il ne peut avoir accès, il recourt à la censure pour contrôler la pensée », a estimé la Cour, qui s'est prononcée par cinq voix contre quatre pour cette analyse, ajoutant que « les entreprises, comme les individus, n'ont pas une pensée unique ». « Il s'agit d'une victoire majeure pour les grandes compagnies pétrolières, les banques de Wall Street, les sociétés d'assurance-maladie et tous les intérêts puissants qui oeuvrent chaque jour à Washington pour retirer toute voix au peuple américain », a déploré Barack Obama, précisant qu'il allait « travailler immédiatement avec le Congrès » pour tenter de contrer cette décision.
Menace sur le trésor de guerre démocrate
Même s'il donnera aussi plus de latitudes aux syndicats pour peser sur les campagnes, ce jugement pourrait faire perdre au Parti démocrate l'avantage financier dont il disposait jusqu'à récemment. Au début décembre, le trésor de guerre des comités électoraux démocrates s'élevait à 40,4 millions de dollars contre 20,4 millions de dollars pour ceux des républicains. Les Comités d'action politique (PAC) des entreprises ? structures au sein desquelles les donations de leurs employés sont regroupées ? ont injecté 323,7 millions de dollars dans la campagne de 2008 alors que ceux des syndicats, généralement favorables aux candidats démocrates, n'ont déboursé que 73,1 millions de dollars.
Sauf à ce que leurs syndicats ou actionnaires ne les empêchent de financer des spots de campagne, les entreprises pourraient surtout dépenser plus que les particuliers, dont les petites donations individuelles, notamment sur Internet, avaient permis à Barack Obama de lever 749 millions de dollars pour sa campagne 2008, un record historique. La Maison-Blanche craint désormais que les lobbies financiers, de l'énergie et de l'assurance santé se dotent de davantage de moyens pour attaquer ses principaux projets de réforme déjà menacés. Alors que l'élection de Scott Brown dans le Massachusetts va contraindre la Maison-Blanche à des compromis, trois élus démocrates viennent de se joindre à des parlementaires républicains pour empêcher l'Agence de protection de l'environnement (EPA) de réglementer les gaz à effet de serre. De son côté, la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, a prévu qu'elle ne disposait d'assez de voix pour adopter la réforme de la santé, plus conservatrice, votée par le Sénat, ce qui risque de retarder un plus la principale réforme de Barack Obama.
La Tribune
Éric Chalmet
New York
23/01/2010 |
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