***Hélas, pas vraiment.
Et plusieurs études le confirment. Si, malgré la crise, les entreprises ont continué à investir en R&D, “une grande majorité d’entre elles risquent néanmoins de ne pas bénéficier de cet investissement lors de la reprise, faute de maturité”, conclut l’étude Logica-Insead “Etes-vous prêt pour l’innovation” publiée début décembre 2009.
A l’issue de trois enquêtes menées courant 2009, auprès d’entreprises américaines et européennes, le cabinet Accenture arrive à la même conclusion : “les entreprises considèrent l’innovation comme une priorité stratégique pour renouer avec la croissance, mais celles-ci sont mal équipées pour la piloter”. Bon, on s’en doutait un peu. Ce qui est intéressant, c’est que ces études pointent les lacunes dans la gestion de l’innovation.
Accenture a identifié 4 lacunes majeures. Dans l’ordre :
- l’incapacité à tirer les leçons des erreurs passées
- une aversion générale pour le risque
- une collaboration insuffisante
- le manque d’audace dans les actions menées.
“Peu d’entreprises disposent des moyens suffisants pour faire les analyses bénéfices/risques pourtant indispensables pour prendre en toute connaissance de cause les décisions liées à des objectifs ambitieux ; c’est pourquoi les entreprises sont souvent déçues du résultats de leurs efforts d’innovation”, commente Christian Auriach, responsables de l’entité efficience d’ Accenture en France et au Benelux. Son conseil : “Les dirigeants doivent piloter l’innovation par l’exemple, en favorisant la collaboration entre les services, en diffusant la stratégie d’entreprise jusqu’au bas de la pyramide et en insufflant à leurs équipes l’énergie nécessaire pour concevoir les produits phare de demain.” Facile à dire ! Moins à faire. Et surement pas suffisant.
Car les causes du manque de maturité en matière d’innovation sont plus profondes. 66% des entreprises (américaine et britanniques) interrogées par Accenture reconnaissent privilégier les résultats financiers à courts termes aux investissements long termes ! Et elles imputent principalement l’échec du lancement d’un nouveau produit à son inadéquation par rapport aux besoins des clients (57%), à une mise sur le marché tardive (54%), à un prix inadapté (52%), à l’absence de valeur ajoutée aux yeux des clients (50%), des problèmes de chaines logistiques (44%) et des prévisions erronées (43%). Des chiffres qui font quand même froid dans le dos. Surtout si les entreprises n’ont pas la capacité à tirer des leçons de leurs échecs.
Le rapport à l’échec est un des points saillants de la culture des entreprises européennes aussi mis en évidence par l’étude Logica-Insead. Si au Royaume-Uni, 50% des dirigeants d’entreprise pensent que leur organisation encourage les salariés à tirer des enseignements des échecs, ils ne sont que 44% au Portugal, 40% aux Pays-Bas, 38% dans les pays Nordiques et 20% en France ! “Certains entreprises interrogées ont même déclaré “nous n’innovons qu’à coup sûr ! “, raconte Bruno Lanvin, directeur ex”cutif du laboratoire de recherches eLab de l’Insead.
La peur de l’échec est souvent un héritage scolaire. Difficile donc d’agir directement.. En revanche il est possible de contourner un peu ce frein à l’innovation : “Il faut miser sur les succes story et intégrer dans les équipes des éléments disposant d’une autre culture. Des indiens par exemple”, suggère encore Thierry Lanvin. Soit. Mais comme c’est aux équipes de direction de montrer l’exemple. C’est peut-être déjà au niveau des “comex”, qu’il faudrait varier les profils.
Usine Nouvelle
21/12/2009
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