vendredi, mars 26, 2010

*Nicolas Sarkozy : entreprend la reconquête de son électorat...*


***Trois jours après la défaite aux élections régionales, le chef de l'Etat a souhaité hier maintenir le cap des réformes (notamment des retraites), tout en confirmant le « report » de la taxe carbone et en ne disant mot des déficits.

Acte II de la reconquête post-régionales : après avoir donné des signaux à sa majorité parlementaire en remaniant lundi le gouvernement, Nicolas Sarkozy a prononcé un discours à la sortie du Conseil des ministres, hier, à l'adresse essentiellement de son électorat déçu de 2007. Volontarisme réformateur - « rien ne serait pire que de changer en cap » -, implication personnelle - « vous attendez des résultats, vous les aurez » -, promesse réitérée de ne pas augmenter les impôts et loi contre la burqa : trois jours après la défaite de l'UMP aux élections régionales, le chef de l'Etat a tenté de retrouver les ingrédients du cocktail gagnant de la présidentielle. Et de le faire seul. François Fillon a annulé hier soir une intervention au « 20 Heures » de TF1, sur demande semble-t-il du chef de l'Etat. « Il n'y en a qu'un qui parle », aurait justifié ce dernier, selon des propos rapportés par un ministre.

Si les Français souffrent (et le sanctionnent dans les urnes), ce n'est pas parce que les réformes menées sont mauvaises, a défendu Nicolas Sarkozy dans son discours, mais parce que « la crise a empêché de voir les effets de tout ce qui a été accompli ». « Notre politique nous a permis de mieux traverser la crise que la plupart de nos partenaires, elle nous permettra de mieux profiter de la reprise », a-t-il poursuivi, en persistant notamment dans la défense de l'ouverture à gauche, rebaptisée « pluralité des opinions ».

Un boulevard pour la gauche

Si ce maintien du cap se situe dans la droite ligne d' « à élections régionales, conséquences régionales », martelé par Nicolas Sarkozy ces dernières semaines, il n'est en revanche pas sans risque sur deux points. Il offre un boulevard à la gauche, qui s'est empressée hier de dénoncer « un déni de réalité » (Jean-Luc Mélenchon, Front de gauche) ou de pronostiquer un « coup de barre sur le social » (Jean-Christophe Cambadélis, PS). Il risque surtout de fragiliser encore davantage la parole présidentielle. Car, au-delà du discours, force est de constater que le volontarisme réformateur du chef de l'Etat sort écorné du vote de dimanche et ressemble de plus en plus au « retour aux fondamentaux » prôné par Jean-François Copé.

Malgré les précautions verbales, la taxe carbone a désormais bien peu de chances de voir le jour. « Je subordonne la création d'une taxe carbone intérieure à une taxe aux frontières de l'Europe qui protégera notre agriculture et nos industries contre la concurrence déloyale », a-t-il déclaré. Au grand dam des écologistes, mais aussi de personnalités qui soutenaient le chef de l'Etat dans son projet : Alain Juppé a exhorté hier la France « à ne pas renoncer », Michel Rocard a été jusqu'à estimer que, dans une dizaine d'années, on parlera de « crime contre l'humanité » à propos de ceux qui auront « pris du retard ».

L'objectif de réduction des déficits publics n'est, quant à lui, même plus mentionné dans le discours présidentiel. Au contraire, il pourrait se voir compliqué par les promesses faites aux électeurs les plus frondeurs. Reprenant les adresses ciblées à telle ou telle partie de l'électorat comme il le faisait en 2007, Nicolas Sarkozy a promis de répondre aux attentes des agriculteurs et des médecins de proximité… des promesses rarement bon marché.

Nouvelle étape internationale

Outre les actions contre la violence dans les stades, les transports et les écoles, la seule réforme qui semble sortir intacte des turbulences de ces derniers jours est celle des retraites, d'ailleurs conçue par le président comme une réponse à la question des déficits. « Je ne passerai pas en force… mais, avant six mois, les mesures nécessaires et justes seront adoptées », a-t-il affirmé.
A compter d'aujourd'hui, c'est une troisième étape, internationale, que Nicolas Sarkozy engage pour tenter de regagner des points dans l'opinion : sommet européen aujourd'hui et demain, dans un climat de tension extrême avec l'Allemagne, rencontre avec Barack Obama lundi et mardi aux Etats-Unis, avant le G20 d'Ottawa en juin. En 2008, la présidence française de l'Union européenne avait permis au chef de l'Etat d'effacer dans l'opinion les dégâts causés par son mode de vie. L'international pourra-t-il encore l'aider à reprendre la main sur l'intérieur ? C'est le voeu de l'Elysée.

CECILE CORNUDET,
Les Echos
25/03/10

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