THINK TANK UNIONEUROPEENNE EUROPÄISCHEUNION EUROPEANUNION UNIONEUROPEA *EUROPIONEERS By MorganeBRAVO
EUROPIONNERS, 2006 EU HUB!*Pour que l'Europe, en tant qu’acteur mondial, ne soit pas lointaine des européens. *Devise:"In varietate concordia"(latin: Unie dans la diversité).*Unie dans la diversité: l'Union Européenne (UE) se compose de 27 pays européens qui partagent les mêmes valeurs démocratiques et se sont engagés à travailler ensemble pour la paix et la prospérité. Il ne s'agit pas d'un Etat destiné à se substituer aux Etats existants. En fait, c'est une organisation unique en son genre!
lundi, mai 10, 2010
*François Fillon : "la force et la solidarité...*
***François Fillon "la force et la solidarité des partenaires européens".
Mesdames et Messieurs,
C'est avec beaucoup de plaisir, que j'accueille à Matignon le Premier ministre du Portugal, José SOCRATES, quatre mois, jour pour jour, après le dernier entretien que nous avons eu ici même.
Aujourd'hui, je reçois José SOCRATES avec plusieurs membres de son Gouvernement, à l'occasion des "Quatrièmes rencontres à haut niveau" qui ont été instituées entre le Portugal et la France en 2003. Ce sont des rencontres qui ont permis de développer nos relations en nous concentrant à chaque fois sur un thème précis et en mettant en œuvre des coopérations concrètes, nouvelles.
En 2008, c'était le thème de la mer. Aujourd'hui, c'est le thème de l'innovation et de la recherche, et on est là, au fond d'une question absolument centrale dans la réponse à la crise, dans la réponse aux différences de croissance entre les différentes zones du monde. Nous avons besoin d'accroître notre potentiel de croissance ; nous avons besoin de croissance pour créer de l'emploi, et c'est autour de cette question centrale que se sont organisés nos travaux. Nous avons tenu à associer les pôles de compétitivité français et portugais : La session entre ces pôles de compétitivité a permis d'identifier des pistes nouvelles pour que nos gouvernements, mais aussi nos institutions de recherche, nos entreprises, renforcent leurs partenariats, dans le domaine des énergies renouvelables, sur lequel le Portugal a une avance importante ; sur celui de la mobilité durable, et dans le domaine de l'innovation en matière agroindustrielle.
L'actualité fait que notre rencontre coïncide avec une échéance très importante pour les pays de la zone euro puisque ce soir à Bruxelles, les dirigeants de ces pays dont le président de la République française et le Premier ministre, José SOCRATES seront réunis pour un sommet exceptionnel. Nous avons évidemment, avec José SOCRATES, consacré une large part de notre entretien à cette question. Je veux dire une nouvelle fois que l'action conjuguée des Européens pour sauver la Grèce va faire échouer et va mettre un terme à la spéculation qui s'est déchaînée contre ce pays, et qui constitue en réalité une attaque contre l'ensemble de la zone euro.
Le sommet de ce soir va permettre de démontrer la force et la solidarité des partenaires européens. Non seulement, nous allons protéger la Grèce et protéger en même temps notre monnaie, mais nous allons également œuvrer à renforcer la stabilité de la zone euro au moyen d'une réforme de sa gouvernance. Le Président de la République française et la Chancelière allemande ont fait hier des propositions dans ce sens : le renforcement de la surveillance budgétaire de la zone euro, l'élargissement de la surveillance aux questions structurelles et de compétitivité ; pour l'avenir, la création d'un cadre robuste, efficace pour la résolution des crises.
Nous voyons bien qu’au-delà de la gestion de la crise grecque, le plus grand défi qui se pose à la zone euro et à l’Union européenne, c’est celui de la croissance. Toutes les prévisions montrent que le retard européen de croissance s’accentue par rapport aux Etats-Unis et aux grands pays émergents. Le retard d’investissements aussi. Et donc la priorité absolue en Europe, c’est d’assurer des bases financières économiques saines, qui permettent une croissance plus soutenue sur le moyen et sur le long terme.
Pour cela, nous avons besoin de restaurer la confiance, nous avons besoin de revenir à des finances publiques saines. C’est une nécessité pour tous les Etats européens. La France fera naturellement sa part. J’ai annoncé hier à l’issue du séminaire gouvernemental le gel en valeur pour trois ans des dépenses de l’Etat, la continuation de la règle du non remplacement du départ à la retraite d’un fonctionnaire sur deux, et une baisse de 5 % des dépenses de fonctionnement de l’Etat dès 2011 et enfin, un effort de réduction de 5 milliards sur deux ans des niches fiscales et sociales.
Cet effort, qui s’inscrit d’ailleurs dans la continuité de la politique que nous conduisons depuis trois ans, la parenthèse à part du Plan de relance et de la lutte contre les conséquences de la crise économique. Cette politique, elle est nécessaire dans tous les pays européens pour restaurer le potentiel de croissance de l’Europe, et pour nous permettre d’investir sur les secteurs d’avenir. Nous avons beaucoup parlé du développement du véhicule électrique aujourd’hui. Nous avons parlé de la stratégie numérique européenne. Nous avons parlé de la coopération entre les instituts de recherche et les entreprises françaises autour des biotechnologies. Voilà. Cette rencontre à haut niveau est l’occasion de démontrer une nouvelle fois la très grande identité de vues qui existe entre le Portugal et la France. Identité de vues sur les questions internationales, identité de vues sur les stratégies européennes et la nécessité d’un gouvernement économique européen, identité de vues sur beaucoup de sujets liés à nos relations bilatérales, identité de vues qui se manifeste d’autant plus fortement qu’une nouvelle fois, tous les membres du Gouvernement portugais nous ont fait une formidable démonstration de leur capacité de maîtrise de la langue française.
*Questions des journalistes
Question : Vous avez parlé de solidarité, d'Europe, de besoin d'aider les pays en difficulté. Cependant, l'Union européenne a traîné pendant deux mois et demi pour arriver à un compromis pour la Grèce. Et cependant, les marchés ne se sont pas calmés. On aura un autre sommet ce soir. Est-ce qu'on peut attendre ce soir que l'Europe puisse réagir et que la France, comme dans le passé, puisse assumer son rôle de grand pays européen ?
F. FILLON : Ce soir, le sommet européen, il aura d'abord pour premier résultat de mettre concrètement en œuvre le plan de soutien à la Grèce. C'est un plan de soutien massif, c'est un plan de soutien qui montre que la solidarité européenne est totale.
Les différents pays se sont mis en ordre de marche au plan de leur législation interne pour pouvoir immédiatement engager ce plan de soutien à la Grèce. Et chacun voit bien que la démonstration de force, d'unité, de solidarité de l'Europe notamment, face à la situation compréhensible, à l'émotion qui est celle du peuple grec, auquel on demande des efforts importants, cette solidarité, cette force dans la réponse doit être absolue, et vous savez combien la France se bat, depuis le début, pour qu'il en soit ainsi.
Mais il faut aussi que le sommet de ce soir soit l'occasion d'affirmer un certain nombre de principes pour l'avenir, pour la gestion des crises, pour la lutte contre une spéculation irrationnelle. Il n'y a aucune raison aujourd'hui de spéculer contre le Portugal ou contre l'Espagne ; ça ne correspond à rien en termes financiers, en termes économiques. Ce sont des pays qui ont un niveau d'endettement qui est parfaitement dans la moyenne de la zone euro. La zone euro elle-même est beaucoup moins endettée que d'autres grandes zones du monde, moins endettée que les Etats-Unis, ou moins endettée que le Japon. Et puis enfin, nous devons profiter de cette crise pour mettre enfin en place les instruments de pilotage de la politique économique européenne que nous réclamons avec beaucoup de force, ensemble d'ailleurs, depuis plusieurs années. Nous avons besoin d'un gouvernement économique européen ; nous avons besoin d'instruments pour stimuler la croissance en Europe, et puis nous avons besoin de renforcer la gouvernance de la zone euro, parce que c'est un gage de crédibilité de notre monnaie.
Question : Monsieur le Premier ministre, face à la crise grecque, beaucoup de pays commencent à mettre en place de mesures d'austérité. Vous-même avez annoncé hier des mesures drastiques pour lutter contre le déficit. Certains parlent aujourd'hui de "plan de rigueur". Alors, vous, monsieur le Premier ministre, qui avez écrit un livre intitulé "la France peut supporter la vérité" et qui aimez montrer que vous n'avez peur des mots qui fâchent, est-ce que le mot rigueur est-il toujours tabou en France ?
F. FILLON : Madame, j'ai cru comprendre que vous aimez vous-même écrire. Donc vous savez le sens des mots. La rigueur, c'est quand on réduit les dépenses et qu'on augmente les impôts. Nous, nous avons choisi depuis trois ans d'ailleurs, le plan de relance mis à part, de réduire la pression fiscale lorsque c'était possible et nous l'avons fait à de nombreuses reprises, notamment s'agissant des entreprises, et de diminuer la dépense publique. Nous sommes donc dans une gestion qui n'est pas un plan de rigueur.
Nous avons décidé de geler pendant trois ans les dépenses publiques, c'est d'ailleurs dans la continuité de l'effort qui a été commencé en 2007, encore une fois, mis à part la parenthèse du plan de relance. Nous sommes l'un des pays, parmi les pays développés qui a le plus haut niveau de dépenses publiques, on est donc très, très loin d'un plan de rigueur et j'ajoute que quand on a un niveau aussi élevé de dépenses publiques, cela veut dire qu'il y a de la marge pour mieux gérer, pour assurer la réponse aux besoins de la société en gérant plus rigoureusement, au plus près les deniers publics? J'ajoute enfin, pour achever de vous convaincre que parallèlement à la réduction de nos dépenses de fonctionnement, les dépenses de fonctionnement de l'Etat, nous continuons un effort d'investissement avec les investissements d’avenir et cette semaine même, j'ai débloqué les sept premiers milliards des trente-cinq milliards d'investissements d’avenir qui vont permettre à notre pays de soutenir des secteurs économiques des secteurs stratégiques pour la croissance et pour l'emploi. Donc nous sommes bien dans une situation, où grâce à la maîtrise de nos dépenses publiques, grâce aux efforts de réforme que nous avons conduits depuis trois ans, on peut à la fois agir sur la réduction du déficit. Nous avons pris l'engagement de descendre à 6 % de déficit en 2011, et en dessous, comme le Portugal, de 3 % en 2013. Pour cela, naturellement, il n'y a pas d'autres solutions que de réduire la dépense publique. Et en même temps, nous continuons d'investir sur les dépenses d'avenir.
De la même façon que pendant deux ans, vous avez – c'est un vous collectif – évoqué une récession qui n'existait pas, ne refaites pas la même erreur en parlant d'un plan de rigueur qui n'existe pas et qui n'existera pas, à condition qui nous mettions bien en œuvre la politique économique qui est la nôtre, parce que naturellement, si nous ne le faisions pas, alors dans quelques années, nous nous trouverions dans une situation difficile qui conduirait, là, à mettre en place un plan de rigueur.
Question : Une question pour les deux Premier ministres. Pour monsieur le Premier ministre Fillon, est-ce que vous craignez que la situation grecque puisse avoir une contamination, par exemple au Portugal ?
F. FILLON : Je veux simplement ajouter que la situation du Portugal, une nouvelle fois, n'a rien à voir avec celle de la Grèce, ni en termes de niveau de déficit, ni en termes de dette, ni s'agissant des statistiques, qui sont fiables au Portugal, ni s'agissant même des perspectives économiques ou des efforts qui ont été réalisés par le Portugal pour ajuster sa situation économique et financière. Le Portugal a lancé des réformes structurelles extrêmement profondes, certaines d'ailleurs de ces réformes, le Portugal les a lancées avant même que la France ne les lance. Je pense en particulier à la réforme des régimes de retraites qui a été engagée au Portugal et qui est extrêmement ambitieuse. Et donc, vraiment, on est dans des situations qui n'ont absolument rien de comparable. Et moi, je veux redire la confiance qui est celle de la France dans la détermination du gouvernement portugais pour un retour progressif à la normale des marchés, et je souhaite naturellement que ce soir le Conseil européen puisse prendre toutes les mesures et toutes les décisions nécessaires pour mettre un terme à cette spéculation qui n'a rien à voir avec la réalité de l'économie de la zone euro.
Voilà, je vous remercie beaucoup de votre attention.
François FILLON
10 mai 2010
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