***Les questions commerciales seront au coeur du sixième sommet UE-Amérique Latine, deux semaines après la décision de la Commission européenne de relancer les négociations sur un accord d'association avec le Mercosur, qui divise les Européens.
La présence des chefs d'Etat et de gouvernement des deux régions, mardi à Madrid, devrait par ailleurs être l'occasion d'entériner des accords commerciaux avec le Pérou, la Colombie et l'ensemble de l'Amérique centrale, tout en intensifiant le dialogue sur la crise économique et le climat.
"Les intérêts commerciaux sont très importants mais il y a de manière générale une relation très riche que l'on veut structurer au-delà des avatars de différentes présidences européennes", explique-t-on à la Commission européenne.
L'exécutif communautaire a annoncé le 4 mai vouloir reprendre les négociations en vue de signer un accord d'association avec cette région composée par le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay. Cette décision doit être confirmée lors du sommet.
Mais un groupe de sept pays, emmené par la France, a immédiatement protesté, estimant que les intérêts agricoles stratégiques de l'UE étaient en jeu.
"Cette annonce est un très mauvais signal pour l'agriculture européenne, qui est d'ores et déjà confrontée à des défis très importants", disent l'Autriche, la Finlande, la France, la Grèce, la Hongrie, l'Irlande et la Pologne, dans une note qui sera débattue ce lundi lors de la réunion des ministres de l'Agriculture des Vingt-Sept, à Bruxelles.
"En effet, les ambitions et intérêts des deux parties ne semblent pas permettre de progrès dans cette négociation lancée en 1999, sauf à envisager de nouvelles concessions agricoles européennes, ce qui serait inacceptable. Il importe de ne pas susciter chez nos grands partenaires des attentes que nous ne pourrons pas satisfaire", ajoutent-ils.
PARTENAIRE MAJEUR
La Commission ne nie pas ces difficultés pour le secteur agricole mais juge que les bénéfices rapportés par un tel accord méritent que les négociations se déroulent.
Elle fait valoir que les investissements européens dans cette région sont supérieurs au cumul de ceux réalisés en Chine, en Inde et en Russie et qu'il s'agit d'un marché déjà immense - 1.300 milliards de dollars de PIB - à fort potentiel de croissance.
En termes commerciaux, elle avance également que le Mercosur est relativement protégé en termes d'obstacles tarifaires et non tarifaires et qu'il n'a encore conclu d'accords de libre-échange avec aucun des principaux concurrents de l'UE.
Enfin, le Brésil et l'Argentine sont membres du G20 et sont des alliés naturels, de même que le reste du sous-continent latino-américain, dans les instances multilatérales.
"La négociation sera dure mais elle est positive (...) A ce stade, il ne s'agit que d'une reprise des discussions. Beaucoup d'efforts restent à faire et le processus ne sera conclu que si on pense que nos intérêts offensifs et défensifs sont servis", dit un responsable de l'exécutif communautaire.
"La France a une sensibilité importante sur le volet agricole qu'il nous faudra prendre en compte", explique-t-il encore, expliquant que le bloc communautaire s'oriente plus vers un système de quotas que vers une libéralisation totale.
QUATRE JOURS DE SOMMETS
Au-delà de la négociation avec le Mercosur, l'UE espère finaliser ou annoncer à Madrid des accords de libre-échange avec le Pérou, la Colombie et le bloc des pays d'Amérique centrale.
Dans le cas du Pérou et de la Colombie, les discussions sont déjà achevées. Pour l'Amérique centrale, en revanche, certains chapitres continuent de bloquer: accès au marché des produits laitiers et du textile ainsi qu'indications géographiques.
L'Union européenne bénéficie déjà de tels accords avec le Mexique et le Chili et espère ainsi approfondir un peu plus sa relation avec l'Amérique Latine.
Pas moins de quatre jours de sommets étaient prévus en Espagne à cet effet, à commencer par un sommet UE-Mexique à Santander dimanche, suivi de sommets avec le Chili, le Cariforum et le Mercosur lundi à Madrid et avec la Communauté andine et l'Amérique centrale mercredi.
Mardi, plus de 45 chefs d'Etat et de gouvernement devraient faire le déplacement dans la capitale espagnole sur un total de 60, dont Lula da Silva, Hugo Chavez, Evo Morales, Rafael Correa, Christina Fernandez, Sebastian Pineda ou Felipe Calderon.
La délégation européenne à ce sommet bi-régional, qui a lieu tous les deux ans, sera présidée par Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso. Nicolas Sarkozy et Angela Merkel sont annoncés.
Le président du gouvernement espagnol, José Luis Zapatero, qui a fait de ce sommet l'un des points culminants de la présidence espagnole de l'UE, agira en tant qu'hôte.
Julien Toyer, édité par Jean-Philippe Lefief
NouvelObs.
17/05/10
Bien à vous,
Morgane BRAVO
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