jeudi, octobre 07, 2010

*Détérioration du baromètre de l’OCDE : Par Peter G. Hall...*


***Détérioration du baromètre de l’OCDE :
Par Peter G. Hall, Vice-président et économiste en chef d’EDC (Export Development Canada).


Si les progrès technologiques ont un inconvénient de taille, c’est bien de nous saturer d’information. Or, dans le domaine économique, la surabondance de données peut se révéler problématique. Cela est d’autant plus vrai dans le climat d’incertitude qui règne sur les marchés où, semble-t-il, on examine dans les moindres détails la multitude d’indicateurs disponibles, à la recherche du dernier indice sur l’évolution de l’économie mondiale. Beaucoup disent ce que résume parfaitement l’indicateur avancé de l’OCDE. Mais quel message nous envoie donc cette mesure clairvoyante? 
Peu d’indicateurs décrivent aussi bien l’évolution récente de l’économie mondiale que ce baromètre. En fait, il ne s’est jamais trompé au cours du dernier cycle économique prolongé. Il a prévu la récession du début des années 1990 et la lenteur de la reprise, les ratés du PIB mondial en 1998 et la quasi-récession de 2001. Il a parlé à raison d’expansion prolongée de fin de cycle, a saisi le psychodrame du plongeon de l’économie en 2008-2009 et la reprise dynamique qui a suivi. Mais le baromètre de l’OCDE est-il aussi clairvoyant à présent? 

Nous avions tous souhaité entendre de meilleures nouvelles. En effet, l’indicateur a plafonné en avril et voilà trois mois qu’il ne cesse de reculer. S’il dit vrai, le ralentissement de l’économie américaine, de l’économie japonaise et de certaines économies d’Europe occidentale au deuxième trimestre n’est qu’un avant-goût de ce qui nous attend. 

L’indicateur de l’OCDE trace, en fait, la courbe qui caractérisera dans les esprits cet épisode économique. Beaucoup se demandent quelle lettre de l’alphabet sera finalement tirée – un V (reprise rapide), un U (reprise lente et longue), un L (pas de reprise) ou un W (la tant redoutée récession à double creux). Mais l’utilisation répétée du terme « inhabituel » dans les hautes sphères de l’économie donne à penser que, cette fois, le tracé artistique de l’indicateur l’emportera fort probablement sur l’alphabet. Ainsi, pour certains, c’est la description mathématique qui s’impose : le pic, le plongeon, le redressement partiel et le ralentissement ressemblent effectivement à un symbole de racine carrée, inversé. 

Si l’horizon ne semble toujours pas dégagé pour les grandes économies mondiales, qu’en est-il des marchés émergents? Depuis quelque temps, on acclame la résistance et la forte croissance des titans émergents, que certains considèrent même comme des piliers indispensables aux économies industrialisées chancelantes. Pourtant, l’indicateur de l’OCDE n’est pas du même avis. Depuis sa création, il suit de très près l’activité d’exportation et de production industrielle des marchés émergents et, à moins d’un changement structurel immédiat dans les schémas de croissance mondiaux, cet indicateur avancé annonce un fléchissement mondial. 

Les marchés émergents axés sur le commerce seront sans doute les premiers à montrer des signes de faiblesse. C’est déjà le cas de la Chine, dont la croissance du PIB, en glissement annuel, s’est contractée au deuxième trimestre pour s’établir aux alentours de 8 %, contre 11 % au premier trimestre. On relève des signes similaires dans d’autres plus petites économies émergentes. Le Brésil et l’Inde – qui ont bénéficié de mesures de relance d’envergure avant la récession et qui sont moins dépendants du commerce – font toutefois figure d’exceptions. 

De ce point de vue, il semble que la pause marquée par l’indicateur de l’OCDE persistera pendant quelques mois, jusqu’à ce que l’équilibre se rétablisse sur les marchés développés. Comme plus de la moitié des économies du monde connaissent un fléchissement prolongé, il est difficile de croire que la plupart des marchés émergents n’en ressentiront pas le contrecoup. 

Conclusion? Cette récession vient confirmer la synchronisation de la croissance mondiale et l’interdépendance accrue des marchés proches et lointains. Voilà une raison de plus pour ne pas prendre ce ralentissement naissant à la légère, car sa portée sera sans doute mondiale tout comme les précédents éléments de cet épisode économique palpitant.



*VIDEO :
http://www.edc.ca/french/docs/ereports/commentary/publications_20422.htm
Le 7 octobre 2010
Les vues exprimées dans ce propos sont celles de l'auteur. Elles ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’EDC.
Bien à vous,
Morgane BRAVO

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