vendredi, juin 10, 2011

*Pintér : décision sur l’élargissement de Schengen en septembre...*

Les efforts de la présidence hongroise permettront au Conseil « Affaires intérieures » de proclamer à l’unanimité, le 9 juin 2011, que, du point de vue technique, la Bulgarie et la Roumanie sont bien préparées à adhérer à l’espace Schengen et que, pour pouvoir prendre une décision, la question de l’admission des deux pays devra être à nouveau abordée d’ici la fin du mois de septembre. C’est ce qu’a déclaré Sándor Pintér, ministre de l’intérieur, dans un entretien accordé au site eu2011.hu.

Pour la présidence hongroise, l’une des priorités les plus importantes était d’intégrer la Roumanie et la Bulgarie à l’espace Schengen, espace sans contrôle aux frontières internes, avant la fin du premier semestre, objectif qui ne sera pas réalisé. Dans le cas de la Roumaine et de la Bulgarie, certains Etats membres ont imposé de nouvelles conditions qui n’ont jamais été associés auparavant à l’élargissement de l’espace Schengen ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?
La présidence hongroise partageait l’avis de ceux qui ont souligné que les règles ne pouvaient pas être modifiées en cours de route et qu’il était injuste d’imposer de nouvelles conditions aux deux nouveaux pays candidats. Cette décision aurait requis l’unanimité et aurait dû refléter toute la confiance des Etats membres. Nous espérions que les travaux que nous avons menés ainsi que les efforts que les deux pays ont consentis permettraient une adhésion en 2011.
D’un point de vue technique, la Roumanie et la Bulgarie sont prêtes à appliquer les règles relatives au contrôle aux frontières extérieures de Schengen. Mais sont-elles aussi préparées à faire face à l’arrivée d’une masse de migrants illégaux ou de réfugiés à leurs frontières ?
Ces pays appliquent tous deux les règles de Schengen, et ce de manière satisfaisante, ce qu’a clairement permis d’établir la procédure d’évaluation. Des situations exceptionnelles peuvent survenir dans tous les Etats membres qui font partie depuis longtemps de l’espace Schengen, l’Italie en ayant récemment fourni l’exemple. Par ailleurs, dans le cas de la Roumanie et de la Bulgarie, ce n’est pas la région méditerranéenne qui représente un réel danger, mais bien la pression migratoire en provenance de la Turquie vers l’Union. La Bulgarie a élaboré sa propre stratégie pour gérer cette situation, offrant ainsi une garantie suffisante pour les autres Etats membres.
Vous avez déclaré à plusieurs reprises que la présidence hongroise souhaitait élaborer une solution qui soit acceptable pour tous les Etats membres dans le dossier de l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen. Quelles démarches la Hongrie a-t-elle entreprises afin de convaincre la France, l’Allemagne, le Pays-Bas et la Finlande, pays qui s’opposent à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie ?
Nous avons travaillé en étroite collaboration avec les pays candidats et nous avons suivi le processus de préparation sur le plan technique, en participant aux processus de contrôle. Nous avons également mené de nombreuses négociations bilatérales et multilatérales avec les opposants et cherché à apporter des réponses rassurantes à toutes les questions posées. Par le calme et la modération dont elle a fait preuve dans la gestion de ce problème, la présidence hongroise a largement contribué à ce dossier.
Quels sont les éléments acceptés par tous les Etats membres ? Admettent-ils tous la nécessité de prendre, en septembre prochain, une décision politique définitive en ce qui concerne l’admission de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace Schengen ? Ou bien cet objectif n’est-il, au contraire, soutenu que par la majorité qualifiée ?
Tous les Etats membres admettent que les deux pays sont préparés sur le plan technique et les évaluations se sont clôturées sur un succès. Lors de cette réunion du Conseil « Justice et affaires intérieures », qui est la dernière de la présidence hongroise, des conclusions seront par conséquent adoptées. Dans ce document, la présidence souhaite déclarer que pour pouvoir prendre une décision, cette question devrait être à nouveau abordée dans les plus brefs délais, si possible d’ici la fin du mois de septembre. Je pense que cette approche bénéficie du soutien de tous les Etats membres et j’espère que mes homologues et moi-même pourrons approuver ce texte le 9 juin.

Quelle résolution le Conseil souhaite-t-il adopter sur la question des réfugiés de la région méditerranéenne ? Quelle sera la décision des ministres de l’intérieur en ce qui concerne les réfugiés et le droit d’asile ?
Afin de gérer les questions liées à la migration et à la situation des réfugiés qui se sont posées à la suite des événements survenus en Afrique du Nord, ce sujet a été placé au cœur des préoccupations tant du Conseil « Justice et affaires intérieures » que du Conseil européen. En se concentrant plus précisément sur ce dossier, la présidence hongroise a convoqué une réunion extraordinaire du Conseil en mai 2011. La présidence hongroise accorde, du reste, une importance particulière à la préparation de la réunion du Conseil européen prévue pour le mois de juin, lors de laquelle une des questions déterminantes, dans le cadre de ce débat lié à la migration, consistera à élaborer des réponses à apporter aux défis que posent l’Afrique du Nord. Lors de cette réunion du Conseil « Justice et affaires intérieures », des conclusions globales seront approuvées, lesquelles pourront apporter des solutions aux défis du contrôle des frontières, de la migration, de la situation des réfugiés, et ce, sur la base de la communication récemment publiée par la Commission.
En ce qui concerne les réfugiés, tout le monde est d’avis que la mise en place du système européen commun d’asile doit se terminer dans le courant de l’année prochaine. Nous devons bien sûr encore tous beaucoup y travailler afin d’y parvenir. Je tiens à insister sur un point important : la majorité des personnes arrivant sur le territoire de l’Union ne sont pas des réfugiés, mais des immigrés économiques illégaux à la recherche d’une vie meilleure. Il est de notre devoir de fournir une aide à tous ceux qui sont victimes de persécutions, mais les immigrés illégaux doivent être réinstallés dans leur pays d’origine.
Comment modifierez-vous le règlement portant sur l’agence Frontex, chargée de la protection aux frontières extérieures ?
La décision de principe relative à l’élargissement du mandat de Frontex a été déjà prise, mais des consultations ardues ont eu lieu avec le Parlement européen sur les détails du texte de règlement. J’espère que l’on parviendra cette fois à obtenir, au sein du Conseil, la majorité indispensable à la modification du règlement.
L’élargissement de l’espace Schengen, qui faisait pourtant partie des priorités majeures de la présidence, n’a pas pu être réalisé. Et l’Union européenne n’a pas pu traiter la question des quelques dizaines de milliers de personnes qui sont arrivées à la suite des événements imprévus survenus en Afrique du Nord. Comment évaluez-vous le travail de la présidence hongroise à la lumière de ces problèmes ?
Ce sont les événements que vous évaluez. Bien que les événements survenus dans les pays de l’Afrique du Nord aient placé l’Union et la présidence hongroise devant des défis nouveaux, l’Union a su gérer la situation ; je suis convaincu que la réponse apportée par l’Union était rapide et efficace. Entretemps, nous avons élaboré des mesures stratégiques à moyen et long terme.
Nous avons immédiatement mis à disposition les ressources et les capacités techniques nécessaires afin de résoudre la crise humanitaire aux frontières tunisiennes et libyennes, l’opération HERMES de Frontex ayant été lancée dans la région de Lampedusa. La Commission a mis un montant important à la disposition des Etats membres affectés par les flux migratoires. Les problèmes de la migration et de l’asile qui affectent l’Italie, Malte, la Grèce et Chypre concernent l’ensemble de l’Union, et une solidarité effective entre nos Etats membres s’avère donc indispensable. De nombreux Etats membres ont signalé leur volonté d’accueillir des réfugiés provenant tant des Etats membres faisant l’objet d’une pression migratoire que de l’extérieur de l’Union, ce à quoi nous avons contribué à la en tant qu’Etat exerçant la présidence tournante et en tant qu’Etat membre.
Au cours des derniers mois, nous avons vécu des moments difficiles, mais j’estime que la coopération, approfondie et coordonnée, que les Etats membres ont apportée en réponse aux manifestations de la crise, constitue un résultat considérable. Je suis persuadé que l’Union sortira des discussions actuelles plus forte qu’auparavant. Ce qui préoccupe finalement peut-être le plus nos citoyens est de savoir que Schengen, à savoir l’acquis en matière de de libre circulation, n’est pas menacé, et que, selon toute probabilité, l’espace Schengen pourra bientôt être étendu à la Roumanie et à la Bulgarie. Nous avons accompli la majeure partie du travail dans ce domaine également.
Que pensez-vous du bilan de la présidence hongroise dans le domaine des affaires intérieures ? Quels en sont selon vous les résultats et quels sont les échecs ?
Nous sommes parvenus à atteindre les objectifs fixés dans plusieurs domaines importants du point de vue technique. En matière de lutte contre la criminalité organisée, nous avons rédigé un manuel contenant les meilleures pratiques des Etats membres. Nous avons accordé une attention particulière à la lutte contre la cybercriminalité et aux nouvelles formes de traite des êtres humains. Afin de promouvoir la lutte contre les délits en matière environnementale, nous avons mis en place une plate-forme européenne de coopération policière. Nous avons ouvert les négociations sur le projet de création d’un système d’enregistrement des passagers aériens, et nous avons clarifié les questions essentielles dans ce dossier.
En matière de migration légale, nous avons pu progresser dans les négociations sur la directive relative aux personnes mutées au sein de la même entreprise et aux travailleurs saisonniers. Nous avons élaboré, en guise de réponse coordonnée à la migration illégale, une nouvelle stratégie de réadmission de l’Union. Nous avons poursuivi les travaux visant à mettre en place le régime d’asile européen commun en 2012 et avons adopté en mai, lors du sommet du Conseil, la directive sur le statut de résident de longue durée, en ouvrant un dialogue tripartite portant sur la directive relative aux qualifications. Au niveau des experts, nous sommes parvenus à des résultats considérables en ce qui concerne le règlement de Dublin, et nous avons clôturé les négociations, au niveau des experts, sur le règlement Eurodac. Le 9 juin, lors de la réunion du Conseil, la Commission présente les propositions révisées relatives aux directives sur la procédure et la réadmission, lesquelles revêtent une importance majeure au regard du respect des délais.
Dans le cadre d’une réunion ministérielle, nous avons passé en revue la coopération avec les Etats-Unis et la Russie dans les domaines de la justice et des affaires intérieures, une réunion similaire devant avoir lieu avec l’Ukraine à la mi-juin.
Je pense qu’en définitive, la présidence hongroise a réagi de manière flexible et transparente, et ce même dans des situations extrêmes, en recherchant, avec détermination et succès, le consensus pour faire face aux défis. La présidence tournante porte en soi des enseignements importants pour l’ensemble du pays. Pour moi et pour mes collaborateurs du ministère de l’Intérieur, elle représentait un grand défi et une expérience extraordinaire.

Bien à vous,
Morgane BRAVO

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