dimanche, août 28, 2011

*La route de l'UE passe par Pristina...*

En visite à Belgrade, la chancelière allemande Angela Merkel a conditionné l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne à l'abandon des institutions parallèles serbes au Kosovo. Pour l'éditorialiste de Politika, il est clair que Belgrade doit se montrer plus conciliant au sujet de son ancienne province.

Tout cela, on l'a entendu il y a un an. On savait parfaitement ce que la chancelière allemande allait poser comme conditions à l'entrée de la Serbie dans l'Union européenne (UE).” C'est ce que m'a répondu un haut fonctionnaire sous couvert d'anonymat lorsque je lui ai demandé si Angela Merkel avait pris au dépourvu Belgrade. Lors de sa visite, elle a en effet pressé les autorités serbes de démanteler les structures parallèles serbes au Kosovo. [Belgrade ne reconnait pas l'indépendance de son ancienne province. Le 17 février 2008, le Kosovo avait déclaré unilatéralement son indépendance, reconnue depuis par 81 Etats.] Donc, à Belgrade tout le monde savait à quoi s'attendre. Pourquoi alors Angela Merkel et Boris Tadic sont apparus devant les journalistes en n'essayant même pas de cacher qu'ils ont eu des entretiens pour le moins "difficiles" ? La rencontre qui aurait dû durer quinze minutes s'est étalée sur trois quarts d'heure. Pour quelle raison ? Seuls Merkel et Tadic le savent. N'empêche, les deux parties ont fait de sorte qu'il y ait des fuites.

Certes, les interprétations de cette rencontre ont été bien plus positives dans les cercles diplomatiques que dans la presse belgradoise. Les diplomates ont estimé que ces deux objectifs ont été atteints : les relations bilatérales sont excellentes et l'Allemagne a confirmé qu'elle voulait aider la Serbie sur son chemin vers l'UE. D'après des sources diplomatiques, Angela Merkel n'a pas demandé à la Serbie de reconnaître l'indépendance du Kosovo et a réitéré son opposition à toute action unilatérale de la part de Pristina.

Mais il est clair qu'on n'a jamais dit à la Serbie de manière aussi explicite que le chemin vers Bruxelles passait par Pristina. L'opinion publique a-t-elle compris ce message ? Regardons le pire des scénarios. Que Mme Merkel ait dit, par exemple, que la candidature de la Serbie était conditionnée au démantèlement des structures parallèles serbes au Kosovo et que M. Tadic lui ait répondu que c'était là une demande impossible. Alors si les deux interlocuteurs décidaient de camper sur leurs positions, on s'acheminait droit vers une impasse que l'on pourrait résumer par la formule : "Ni l'UE, ni le Kosovo". Un scénario qui n'est bon pour personne et qui pourrait être tragique pour la Serbie et les Serbes. L'UE montrera une fois de plus qu'elle n'est pas capable de résoudre les problèmes sur son continent, et la Serbie restera le caillou dans la chaussure qui n'arrêtera pas de la gêner. Il en résulterait l'isolation de la Serbie et la menace pour les Serbes d'être définitivement chassés du Kosovo.

Mais si Angela Merkel s'est contentée de demander  – ce qui semble être le cas – à Belgrade d'arrêter de saboter les négociations avec Pristina et de régler le problème des taxes de douane, on a nos chances d'obtenir le statut de candidat à l'UE tout en continuant d'exercer une certaine influence dans le nord du Kosovo. Désormais, la balle est dans le camp de Boris Tadic. Bruxelles va suivre de près la poursuite des négociations entre Belgrade et Pristina, prévues le 2 septembre, afin de décider quelle position adopter. Dans ce puzzle politique, une chose est certaine : Belgrade ne peut rien faire au Kosovo sans l'UE. La Russie et la Chine (pays alliés de Belgrade) sont loin – et ils n'ont rien à faire de nos histoires. Si on a encore un doute, il suffit de voir ce qui arrive à Kadhafi... 


Bien à vous,
Morgane BRAVO

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