lundi, mai 07, 2012

*La victoire de François Hollande vue par la presse étrangère* France

Le candidat socialiste à la présidentielle française a été élu avec un score de 51,62 %. Que pense la presse étrangère de l'accession au pouvoir de François Hollande ? 


Eléments de réponse :

VU D'ALLEMAGNE - Joint par Courrier International, Sascha Lehnartz, correspondant de Die Welt : "Merkel est au fond une social-démocrate modérée et elle est pragmatique. Elle négociera donc très vite avec François Hollande, comme elle l'a fait avec Nicolas Sarkozy ces dernières années. Il ne faut pas oublier que les relations entre Merkel et Sarkozy n'ont d'ailleurs pas toujours été au beau fixe, c'était même difficile au début. Un compromis sur la croissance pourrait bien être trouvé prochainement. François Hollande a défendu une certaine idée de la République qui a certainement plu à beaucoup d'électeurs", relève le correspondant allemand. 'Un point positif de cette campagne." "Les socialistes adoptent ce soir un ton grave, malgré la victoire, car ils sont conscients que demain ils devront expliquer à leurs électeurs que tout ce qu'ils ont promis n'est pas possible. Ce n'est pas 1981, ce n'est pas la grande fête comme alors. François Hollande a gagné grâce son calme et sa sérénité. Dans le débat par exemple, on l'a vu adopter une posture présidentielle, au centre de la société, alors que Nicolas Sarkozy, pourtant président en exercice, apparaissait en dehors, à l'écart de la société. On a eu du mal pendant ce quinquennat à trouver un jugement 'juste' sur Sarkozy, à cause de son personnage. Dans quelques années, cette période sera peut-être réanalysée en sa faveur." Sascha Lehnartz a été "frappé" par "l'émotionnalité" de cette élection, par "les visages, ce soir", des partisans du vainqueur d'une part et du perdant, d'autre part. Cette émotion était palpable aussi dans les réunions publiques et meetings des candidats auxquels le journaliste allemand a assisté durant la campagne. "En Allemagne, on est de gauche ou de droite, mais on ne vit pas la politique de manière aussi émotionnelle. En 1998, la victoire de Schröder a été un grand moment de joie pour beaucoup en Allemagne, car elle marquait la fin de l'ère Kohl. Mais ces dernières années, les élections n'ont pas donné lieu à de grandes effusions." 

VU DU ROYAUME-UNI - "Nicolas Sarkozy a conquis les esprits, pas les cœurs", titre en éditorial The Independent. Le quotidien londonien constate que "au moment d’aller voter, les électeurs ont tout à coup douté de la sagesse d’évincer Nicolas Sarkozy. L’expérience des hautes fonctions et de la gestion de crise qu’avait ce dernier leur est soudain apparue plus précieuse qu’au plus fort de la bataille électorale. Ils ont décidé de se séparer de leur président si versatile – mais non sans une pointe de regret". Pour le journal, "le défi de François Hollande sera de montrer qu’un dirigeant qui doit son élection à la crise peut emporter l’adhésion de la population. Sinon, comme Nicolas Sarkozy aujourd’hui, il se retrouvera dans cinq ans à se demander ce qu’il aurait pu faire différemment."

VU DE RUSSIE - Joint par Courrier international, Andreï Gratchev, politologue russe, en France depuis 20 ans, ancien porte-parole de Mikhaïl Gorbatchev et correspondant pour différents médias russes : "C'est un commentaire autant personnel que politique que j'ai envie de faire, car en 1981, je me trouvais rue de Solférino lors de la victoire de François Mitterrand. Certes la situation, la France, l'Europe et le monde sont différents. Les Français ont choisi l'espoir, l'espoir du changement, qui se traduira par un président plus digne et plus en harmonie avec la société française pour aborder les prochaines épreuves liées à la crise. Nicolas Sarkozy a été victime de la crise, mais aussi de son propre manque de constance et de concentration. Il fut un gestionnaire plus qu'un porteur de projet. Il en a payé le prix. C'est plus contre lui que pour François Hollande que les Français ont voté."

VU DU MOYEN-ORIENT - Zied Tarrouche, patron de la rédaction parisienne d'Al-Jazira : "Quel que soit le président, le problème de la France, c'est que son économie ne fonctionne pas. Les produits français ne peuvent pas être concurrentiels compte tenu du coût du travail. Et si l'on me dit qu'en contrepartie le système social est protecteur, eh bien, oui, c'est exact, mais précisément il est à revoir". 

VU DU ROYAUME-UNI - Joint par téléphone par Courrier International, Philip Turle, directeur adjoint de la rédaction anglaise de RFI, juge que la victoire de François Hollande "n’est pas une grande surprise. Hollande était devant dans les sondages depuis les primaires du Parti Socialiste." Pour le journaliste, ce résultat marque "un rejet flagrant de la politique et de la personnalité de Nicolas Sarkozy qui a agacé les Français. Le succès de Hollande montre l’envie d’un vrai changement. Les Français veulent redonner certaines valeurs à la République."
VU D'ALLEMAGNE - “François Hollande - le président qui immanquablement décevra la France”, titre Der Spiegel. “Le favori a gagné, mais il a gagné l'un des jobs les plus difficiles”. 

VU DE POLOGNE - "C'est une grande victoire de la gauche française, qui n'a eu qu'un seul président de gauche depuis la guerre", écrit Jaroslaw Kurski, rédacteur en chef de Gazeta Wyborcza. "Après Mitterrand, ça allait de pire en pire. François Hollande met un terme à cette mauvaise passe. S'il a gagné, ce n'est pas parce qu'il a soulevé les foules, mais parce que Sarkozy a complètement déçu les espoirs des Français, qu'il avait enflammés il y a cinq ans." "L'élection de Hollande peut se réveler être une bonne nouvelle pour la Pologne. Varsovie a été une des rares capitales qu'il a visitées pendant sa campagne. Cela ne détermine rien, mais crée un bon climat pour une collaboration plus forte entre la Pologne et la France dans le cadre de l'UE", écrit Jaroslaw Kurski.

VU DU MAROC – Karim Douichi, directeur de la Lettre confidentielle Maghreb Intelligence : " La victoire de François Hollande donne à espérer, non seulement à la gauche française, mais à la gauche maghrébine également. Laminés par la montée de l’islamisme politique depuis plus d’une année, les partis de la gauche, notamment en Tunisie et au Maroc, ont des raisons aujourd’hui de croire en un avenir meilleur. "La gauche peut renaître de ses cendres", affirme un dirigeant socialiste marocain, avant d’ajouter : "On devrait apprendre de la pugnacité et de la persévérance du PS français". L’exemple François Hollande créera-t-il des émules au Sud de la Méditerranée ?" 

VU DE RUSSIE - Joint par Courrier International, Alexeï Tarkhanov, correspondant à Paris du quotidien libéralKommersant : "La victoire de François Hollande, prévisible mais néanmoins arrachée de haute lutte, me semble révélatrice de la France. Les Français ont voulu le changement et ils ont décidé de l'obtenir. Je pense qu'en Russie, Sarkozy avait proportionnellement plus de partisans, et nos dirigeants le considéraient comme le partenaire le plus adéquat. Mais cela veut dire que les Français ont choisi le changement aussi pour nous, et on peut les en remercier". 

VU D'ALLEMAGNE : “Victoire historique d'un homme qu'on sous-estimait”, commente la Tageszeitung de Berlin, en évoquant l'afflux de ses partisans à la Bastille. “Une ascension à laquelle François Hollande s'est préparé comme un sportif s'entraîne à réaliser un exploit.” 

VU DU ROYAUME-UNI : La BBC énumère "les qualités qui ont mené François Hollande à la victoire : l'intelligence, la constance, la sympathie et, secrètement enfouie, une volonté d'acier". Mais la radio britannique ajoute à cette liste un autre atout : "une chance exceptionnelle", le socialiste ayant selon elle successivement profité des déboires de DSK et de l'impopularité de Sarkozy. 

VU DU PORTUGAL - Jointe par téléphone par Courrier International, Ana Navarro Pedro, la correspondante de l’hebdomadaire portugais Visão, note que "la presse portugaise s’interroge sur la marge de manœuvre du candidat socialiste face à la chancelière allemande, Angela Merkel". Selon la journaliste, le discours de François Hollande sur la croissance est aux antipodes de la politique d’austérité menée au Portugal. "Le gouvernement conservateur est très engagé à réduire les dépenses publiques. Le Portugal cherche à rester le bon élève de l’Union européenne." Pourtant, pour la journaliste, les grands décideurs européens sont de plus en plus nombreux à prendre conscience des limites de la rigueur.

VU D'ALLEMAGNE - “La surprise Hollande”, titre la Neue Zürcher Zeitung de Zurich. “Le socialiste a su se montrer plus pugnace que ne le croyaient ses adversaires, et il a su tirer profit de l'impopularité du président Sarkozy. François Hollande est la grande surprise de cette présidentielle.”

VU D'INDE - "Hollande a beaucoup à faire vis-à-vis des Indiens" "Le nouveau président devra faire oublier Nicolas Sarkozy. Une tache difficile, selon la correspondante du quotidien The Hindu en France. Car le sortant avait su gagner la confiance de New Delhi. 

VU DES ÉTATS-UNIS - A la une du site du grand quotidien de la Côte ouest américaine The Los Angeles Times : "Nicolas Sarkozy devient le premier président français à échouer à sa propre réélection depuis plus de trente ans"
VU DU MAROC – Karim Boukhari, directeur de la publication et de la rédaction de l'hebdomadaire marocain Tel Quel : "Jamais, depuis Sarkozy, la France officielle n’a semblé aussi conciliante avec le pouvoir marocain, passant sous silence tous ses manquements. Plus que du temps de Chirac, pourtant ami personnel du souverain marocain, les intérêts économiques de la France ont pris le pas sur tout le reste. C'est dommage. Même les grands médias de l’Hexagone, journaux et télévisions compris, ont semblé étrangement laudateurs, louant sans réserve "l’évolution" marocaine. Etrange, donc, et surtout décevant. Les démocrates et progressistes marocains ne l’ont pas oublié, tout au long des années Sarkozy. Aussi, ils souhaitent que le nouveau président revienne à un soutien plus critique, plus lucide, plus juste et, de facto, plus au service de la démocratie marocaine. Du temps de l’alternance socialiste de Mitterrand en 1981, cet appel a été entendu. Le sera-t-il de nouveau avec Hollande en 2012 ? "
VU D'ALLEMAGNE - Avant même d'avoir l'assurance que François Hollande serait élu, “la peur qu'il inspirait s'est estompée à la chancellerie", écrit la Süddeutsche Zeitung. La chancelière voit en Hollande un homme “pragmatique”. Que Martine Aubry ou Jean-Marc Ayrault soit Premier ministre, il n'y aura pas de rupture franco-allemande. 

VU D'ALGÉRIE - Nadjia Bouaricha, chef de la rubrique politique au quotidien algérien El-Watan : " Le candidat Hollande est allé au Pont de Clichy le 17 octobre dernier en gage de respect à la mémoire des manifestants algériens assassinés en 1961 par la police française. Le président Hollande fera-t-il un autre geste le 5 juillet prochain date de la célébration du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie ? La guerre mémorielle cèdera-t-elle la place à la reconnaissance des crimes coloniaux ?" 

VU DES ÉTATS-UNIS - Katrina vandenHeuvel, directrice de la rédaction de l'hebdomadaire de gauche The Nationréagit sur Twitter : "La victoire de François Hollande marque un net rejet des cruelles et inefficaces politiques d'austérité. C'est la fin du règne de Merkozy !" 
VU D'ALLEMAGNE - “C'est la réalité qui attend maintenant Hollande”, souligne Die Zeit. Le nouveau président n'a guère de temps pour faire la fête. Crise de l'euro, Afghanistan, relations franco-allemandes, l'agenda est chargé. Hollande aura Angela Merkel au téléphone ce soir, Jean-Marc Ayrault sera demain matin sur la 1ère chaîne publique ARD - côté allemand, pas de crainte. Restent les sommets internationaux qui vont se succéder - et la question cruciale : à quel taux la France va-t-elle emprunter ? 

Courrier International

Bien à vous,

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