samedi, mars 31, 2007

* L'environnement, l'étoile filante de la campagne...!


*** Dans le domaine de l'environnement, la campagne pour l'élection présidentielle marque un tournant. Pour la première fois, l'écologie n'est plus le domaine réservé des Verts mais s'impose dans tous les camps, comme un sujet politique et non plus technique.

L'écologie est devenue un passage obligé. Les trois candidats actuellement en tête dans les sondages consacrent aux questions environnementales un volet détaillé de leur programme. Dans leurs déclarations publiques, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Ségolène Royal s'accordent sur un constat : la crise écologique met en jeu la "survie" de l'humanité.

Une succession d'événements a favorisé cette prise de conscience : la visite en France de l'ancien vice-président américain Al Gore, héraut de la lutte contre le réchauffement, la publication du rapport de l'économiste britannique Nicholas Stern sur les conséquences économiques du changement climatique, la publication, le 2 février à Paris, du quatrième rapport de Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), confirmant la responsabilité humaine dans le phénomène... Et, bien sûr, l'irruption sur la scène politique de l'animateur de télévision Nicolas Hulot.

En menaçant de se présenter si les candidats ne plaçaient pas la protection de l'environnement au coeur de leur projet, le militant écologiste a bousculé le jeu. Pendant plusieurs semaines, les candidats se sont lancés dans une course au plus "vert", multipliant les engagements. Le point d'orgue a eu lieu, mercredi 31 janvier, quand dix candidats à l'élection ont affirmé solennellement leur engagement en faveur de son Pacte écologique, devant des militants ravis.

Ce grand oral a permis de mesurer certaines convergences. Les principaux candidats promettent tous de renforcer le poids de l'écologie dans le futur gouvernement, de s'engager en faveur d'une organisation mondiale de l'environnement, d'agir dans le cadre européen, de mettre l'accent sur la recherche, de développer l'éducation à l'environnement, de promouvoir des énergies renouvelables, de mieux reconnaître le rôle des associations, par exemple.

Mais depuis que Nicolas Hulot s'est retiré de la course, la fièvre verte est retombée. Les déclarations sont rares, les échanges de vues peu nombreux. M. Hulot tentera d'ailleurs, dimanche 1er avril, de ranimer la flamme en réunissant, à Paris, plusieurs dizaines d'associations environnementales. Deux sujets seulement ont émergé dans la campagne sous la pression des militants écologistes : la place de l'énergie nucléaire et le développement des OGM.

Nicolas Sarkozy juge l'énergie nucléaire "propre", Ségolène Royal s'est engagée, contre l'avis d'une partie du PS, à relancer le débat public sur le réacteur EPR. Elle souhaite amorcer une réduction de la part du nucléaire dans la production d'énergie. Pour François Bayrou, cette filière est "un atout", mais "une expertise scientifique sur l'EPR" et un "débat national avant l'été" sur la politique énergétique sont nécessaires. A propos des OGM, l'engagement en faveur d'un moratoire sur les cultures réunit Ségolène Royal et François Bayrou, tandis que Nicolas Sarkozy n'y est pas favorable.

En dehors de ces deux thèmes, la campagne est atone. Pourtant, les sujets brûlants ne manquent pas. Comment atteindre l'objectif de division par quatre de nos émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 ? Faut-il augmenter la fiscalité sur les carburants fossiles et comment compenser cette charge pour les ménages et les entreprises ? Faut-il repenser les déplacements ? Par quels moyens assurer la transition vers l'agriculture "durable" ? La France atteindra-t-elle les objectifs européens de qualité de l'eau ? Comment protéger la biodiversité en métropole et outre-mer ? Quelles mesures faut-il prendre face à l'urbanisation galopante et à l'asphyxie du littoral ? Comment réduire nos déchets ménagers ?

Si les candidats n'interviennent pas publiquement sur ces questions - à l'exception de Dominique Voynet, qui ne parvient guère à se faire entendre -, c'est parce que les interpellations sont trop rares, affirment leurs équipes. "Lors de l'émission de télévision "J'ai une question à vous poser", sur TF1, personne n'a interrogé Nicolas Sarkozy sur l'écologie, regrette Nathalie Kosciusko-Morizet, chargée de ce thème à l'UMP. Même si l'environnement intéresse, quand les gens n'ont droit qu'à une seule question, ce n'est pas celle qu'ils choisissent." De nombreux échanges avec les équipes de campagne ont lieu par courrier, mais ils restent confinés aux cercles d'experts.

Malgré quelques impasses, sur l'urbanisme ou la pêche par exemple, les principaux enjeux sont évoqués dans les programmes. Mais le flou persiste sur les objectifs et, surtout, sur les moyens de les atteindre. Par exemple, alors que tous les candidats chantent les louanges de l'agriculture biologique, seuls Dominique Voynet et José Bové fixent un objectif précis en pourcentage de la surface agricole. Or l'exemple des politiques menées à l'échelle européenne prouve qu'en matière d'écologie la fixation d'échéances et d'objectifs chiffrés est le seul moyen de progresser.

Gaëlle Dupont
Article paru dans l'édition du 31.03.07.
LE MONDE

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