lundi, mars 26, 2007

* Vue de l'extérieur, l'Union intrigue et étonne!




***** Les Américains comme les Chinois ont du mal à comprendre le fonctionnement de l'UE.

** Vue des États-Unis, une entité non identifiée

L'université de Georgetown, à Washington, offre à ses étudiants un cursus sur l'Union européenne. Tout en les mettant en garde : « Attention à l'eurojargon. Vous risquez de devoir consulter un glossaire. » Pour rendre la pilule moins amère, ils peuvent suivre un cours sur « la nourriture dans l'histoire européenne ».

Ce mois-ci, Georgetown-U a marqué le 50e anniversaire du traité de Rome en invitant des conférenciers prestigieux. Valéry Giscard d'Estaing, ancien président de la Convention européenne, a ouvert la série en décrivant avec malice « une situation économique fragile, un blocage des institutions, pas assez d'accent mis sur la politique étrangère : mais ne parlons plus de la politique américaine... » Il a reconnu qu'il n'était pas évident pour un président américain d'accorder de l'importance aux sommets annuels « avec un interlocuteur qu'il ne reverra jamais, à cause des présidences tournantes de l'UE. »

Cela contribue à la difficulté d'appréhender ce que le manuel de Georgetown-U décrit comme un objet politique non identifié, « une organisation supranationale (...) qui a changé de nom plusieurs fois. » Peu importe, car l'objet est en train de devenir sujet : « La politique des États-Unis vis-à-vis de l'Europe ne porte plus sur l'Europe, a annoncé Nicholas Burns, le numéro 3 du département d'État, devant l'Atlantic Council de Washington. Elle porte sur le reste du monde. »

Est-ce une bonne ou une mauvaise nouvelle ? L'Europe « presque complète, libre et en paix » n'est plus « l'épicentre de la réflexion stratégique américaine », souligne le sous-secrétaire d'État. Désormais, la question est : « Que pouvons-nous faire ensemble pour être efficaces et déterminés au niveau planétaire ? » À l'écouter, la liste est longue : Russie, Balkans, Proche et Moyen-Orient, Afrique, terrorisme, globalisation, climat...

Soit, lui rétorque à distance VGE. Mais « pour construire un tel partenariat, nous devons d'abord négocier deux obstacles : l'Europe doit conclure avec succès son projet d'union ; et les États-Unis devront évoluer d'une position de domination à une posture de partenaire. »

Vue de Chine, des promesses non tenues

Un tiers de la population mondiale, avec d'un côté le plus riche marché de la planète et de l'autre le plus prometteur : nul ne peut douter du profit que l'Union européenne et la Chine ont tiré d'un rapprochement officiellement entamé en 1975. Depuis, pour ne prendre qu'un seul chiffre, leurs échanges ont tout simplement centuplé. Mais le commerce suffit-il pour donner à ce partenariat la profondeur « stratégique » qu'on lui prête aussi bien à Bruxelles qu'à Pékin ? Les responsables européens peinent encore à en expliquer les dividendes à leurs 450 millions d'administrés, sur fond de déficits, de délocalisations et de croissance anémique.

Quant aux dirigeants chinois, dont les objectifs politiques sont bien arrêtés, ils ne manquent jamais l'occasion de dénoncer haut et fort les promesses non tenues : la levée de l'embargo sur les armes qui relègue la Chine au même rang que le Soudan, le Zimbabwe et Myanmar (Birmanie) et le statut d'économie de marché, décerné à la Russie mais toujours refusé à la République populaire.

Face à la dictature, les Européens manifestent souvent leur frustration en ordre dispersé. Pékin a sans doute pris comme une gifle le jugement inhabituellement tranché qu'a porté la Commission en octobre. Bruxelles y observe que les attentes nées du dialogue sur les droits de l'homme « sont de moins en moins satisfaites ». Elle relève aussi que le refus chinois de toute ingérence « devient de plus en plus intenable » à mesure que Pékin assume davantage sa place sur la scène internationale.

PHILIPPE GÉLIE (à Washington) JEAN-JACQUES MÉVEL (à Pékin).
Publié le 23 mars 2007
LE FIGARO

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