vendredi, mai 11, 2007

*** Tony Blair ne regrette rien ***


*** Le Premier ministre britannnique a annoncé qu'il quitterait le pouvoir le 27 juin. La chroniqueuse du Guardian, Polly Toynbee, voit dans son discours le dernier show de l'homme qui a changé le pays.

Ça y est, il part ! Mais maintenant que le suspense est terminé, il est temps de regarder en arrière avec une nostalgie sélective : de mémoire d'homme, aucun homme politique n'aura pu faire une prestation de ce genre. Tony Blair est la quintessence de l'homme politique des temps modernes. Tous les regards sont désormais tournés vers l'avenir. Son successeur ne sera sans doute pas capable de faire des discours de ce genre, mais les gens apprécieront peut-être un peu de simplicité après des années de grandes envolées théâtrales. Blair lègue à son successeur un parti dont la popularité n'a jamais été aussi faible depuis vingt-cinq ans et un pays d'humeur amère dangereusement avide de nouveauté politique.

Avec courtoisie, Gordon Brown lui a rendu hommage. C'est à lui désormais de s'approprier la volonté de changement de l'opinion. Mais le discours de Blair, hier [10 mai], était une véritable célébration du vieil art de la rhétorique, adapté à notre époque en mal d'émotions. Ce discours ne restera pas dans les annales des grands discours, mais, entouré de ses plus fidèles admirateurs, Tony Blair a une dernière fois démontré sa dimension politique. Mobilisant tous ses talents scéniques en un savant dosage d'émotions et de sincérité, le grand crooner politique s'est alors lancé gorge serrée dans sa version de My Way.

Son "La main sur le cœur… J'ai fait ce que je pensais être bien pour le pays" a sans doute fait venir les larmes aux yeux de ces fans, mais a probablement donné la nausée à ses adversaires. Et ce faisant, le "gars bien" rebaptisé le menteur ["Bliar"] par ses ennemis a pris des risques. Des regrets ? Trop peu pour en citer [comme l'a chanté Sinatra]. Véritable tour de force pour ce grand modernisateur intimement persuadé que son destin était de lancer le pays dans le XXIe siècle. Ce qu'il a fait.

"Remontez à 1997. Pensez au passé. Pensez vraiment au passé. Pensez à votre propre niveau de vie et maintenant." En effet, cette décennie a été longue et a profondément transformé le jeune homme optimiste et soucieux de plaire qu'il était, en un homme grisonnant réaliste, indifférent et dur.

Oui, aurait-il pu ajouter. Revenez en arrière et prenez le temps de vous replonger dans le monde de Margaret Thatcher, Norman Tebbit, Peter Lilley, John Redwood et Bill Cash. Souvenez-vous des baisses d'impôts pour les riches, du chômage de masse et de l'augmentation du nombre d'enfants pauvres et des coupes dans les dépenses qui laissaient des trous dans les toits des écoles et des chariots dans les couloirs des hôpitaux. Pensez à la section 28 de la loi contre l'homosexualité et comparez-la avec les unions civiles d'aujourd'hui. Cela montre à quel point le gouvernement de Tony Blair a entraîné le pays sur une voie progressiste.

Ne vous méprenez pas, il laisse le pays dans un bien meilleur état qu'il ne l'avait trouvé en arrivant – et dans un bien meilleur état qu'il ne l'aurait été après dix ans de règne conservateur. La liste de ses erreurs et de ses échecs a beau être longue, nul ne peut nier qu'il a joué un rôle politique et changé les mentalités.

Polly Toynbee
The Guardian
Courrier International
*Photo :Tony Blair, 11 mai 2007
AFP
*L'article original*
Lien ci-dessous :
http://politics.guardian.co.uk/tonyblair/comment/0,,2077310,00.html

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***** Tony Blair félicite Nicolas Sarkozy (en français) *****

*Vidéo : Lien ci-dessus!

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