jeudi, juin 07, 2007

* C'est Schwarzenegger qu'il fallait inviter *


*** Acquis à la cause de la protection de l'environnement, le gouverneur de Californie aurait permis de donner une autre image des Etats-Unis, estime The New York Times.

Au sommet du G8, à Heiligendamm, le dirigeant d'une grande puissance industrielle manquait à l'appel : Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie. Tandis que, cette semaine, George W. Bush suscitait, une fois de plus, la colère de ses homologues en formulant une proposition revenant à ne rien faire, ou presque, face au changement climatique, le gouverneur de Californie poursuivait de son côté sa propre offensive diplomatique sur le sujet.

Nombreux sont ceux qui continuent de croire que la Californie n'est qu'un pays de barbares cuits au soleil qui bousillent allègrement du kilowatt dans leurs baignoires bouillantes tout en vomissant des gaz à effet de serre depuis leurs voies express embouteillées. En réalité, la Californie n'a rien d'une nature morte en décomposition.

Seulement une poignée d'Etats consomment moins d'énergie par habitant qu'elle. Aucun ne s'est engagé à entreprendre des changements aussi importants en termes de mode de vie et d'environnement. Et aucun n'a fait preuve d'autant de constance dans ses efforts pour concrétiser les vœux de la communauté internationale afin de freiner le réchauffement climatique.

Tout cela n'est certes pas l'œuvre du seul Arnold. Un plan courageux visant à réduire la pollution automobile a été voté un an avant qu'il n'emporte le siège de gouverneur, en 2003. Mais, en dépit des formidables pressions exercées par les constructeurs automobiles, le gouverneur a par la suite apporté son soutien total à la mesure et menacé de poursuivre le gouvernement fédéral en justice afin que la Californie obtienne l'exemption nécessaire pour pouvoir poursuivre ce programme. Il est même allé plus loin, en signant la loi par laquelle la Californie s'engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25 % d'ici à 2020. Et, la semaine dernière, il était au Canada pour conclure avec deux provinces des accords sur le changement climatique.

Domicile d'un Américain sur huit, avec une économie plus puissante que celle du Canada, la Californie compte sur la scène planétaire, et son gouverneur a l'intention d'en profiter. Son Etat a plus d'avance sur ce sujet que n'importe quel autre pays. "Nous jouissons d'une influence équivalente à celle d'une nation, voire d'un continent", a déclaré Schwarzenegger la semaine dernière en Colombie-Britannique.

Visitez n'importe quel labo universitaire californien et vous serez témoin d'une véritable frénésie de recherche expérimentale de nouveaux moyens de s'éclairer, de se chauffer, de se rafraîchir et de se déplacer sans ravager la terre. On constate le même engouement du côté des entreprises californiennes.

Le Governator lui-même est un hybride fascinant. Il y a deux ans, il affichait une cote de popularité proche de celle de Bush, soit à peine 30 % de satisfaction. Puis il a connu un moment de grâce typiquement californien : il s'est mis à défendre l'idée d'une couverture santé universelle, d'un capitalisme de pointe et de politiques environnementales de marché. Aujourd'hui, il est l'homme politique le plus populaire de l'Etat.

Schwarzenegger, fils d'un policier d'une petite ville d'Autriche, a finalement accompli une métamorphose politique logique : il est désormais Arnold l'Européen, un dirigeant tout à fait à l'aise dans l'univers politique pragmatique d'un Tony Blair ou d'une Angela Merkel. Il aurait donc été intéressant de l'envoyer en Allemagne cette semaine pour qu'il montre au reste du monde que, sur les grandes questions de notre époque, tous les Américains ne sont pas restés coincés au siècle dernier.

Timothy Egan
The New York Times
Courrier International

*Photo: En septembre 2006, le gouverneur de Californie s'est engagé à réduire les émissions de CO2
AFP