mardi, juillet 17, 2007

*Allocution de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, à l'occasion de la reception à l'Hôtel de Brienne.*


Hôtel de Brienne, Paris, le vendredi 13 Juillet 2007

Je suis heureux de me retrouver, ce soir, parmi vous.

Après ma visite à Landivisiau et à l'île Longue ce matin, c'est une journée entière que j'aurai passée avec nos forces armées. C'est bien sûr, dans mon esprit, la marque du lien direct qui unit le Président de la République, Chef des armées, avec toutes celles et tous ceux qui ont la difficile mission de veiller sur nos intérêts et sur la sécurité de nos concitoyens.

C'est pour cela que je tenais à vous rencontrer la veille de notre fête nationale. Le 14 juillet, lors du traditionnel défilé, c'est la Nation tout entière qui vous rend hommage. Elle salue le courage, elle salue la loyauté, elle salue le dévouement et l'esprit de sacrifice de celles et de ceux qui ont choisi de servir sa défense, ses intérêts et ses valeurs à travers le monde. C'est la raison pour laquelle, au nom de la République, j'honorerai certains d'entre vous dans quelques instants.

Cette année, j'ai tenu à ce que cette fête nationale soit aussi celle de l'Europe. Demain, ce sont les 26 drapeaux de nos partenaires européens qui défileront aux côtés de nos armées J'en remercie d'ailleurs, cher Hervé, cher Alain, tout spécialement les ministres de la Défense qui sont parmi nous ce soir et je leur adresse un salut très amical. C'est l'image d'une Europe qui repart d'un même pas. Une Europe résolue à se remettre en mouvement après deux années d'immobilisme. Une Europe vigilante, qui n'oublie pas l'impératif de protection dans un monde plus instable et moins prévisible. Une Europe prête à assumer ses responsabilités et au sein de laquelle la France a bien l'intention de tenir son rang. Les bases d'une défense européenne existent. Il faut les faire grandir, en quittant le terrain des mots pour celui de l'action :

Demain davantage qu'aujourd'hui, je souhaite que l'Europe soit capable d'assurer sa sécurité de façon plus autonome.

Si la France pèse aujourd'hui sur la scène internationale, il lui faut un outil de défense adapté et à la hauteur de ses ambitions. C'est aussi là l'intérêt fondamental de l'Europe et de nos partenaires.

Aujourd'hui, plus que jamais, - et vous le savez mieux que personne - c'est sur le terrain que se gagne ou se perd le combat. C'est sur le terrain qu'une nation affirme son influence, qu'elle pèse dans une coalition au travers des forces qu'elle est capable d'engager.

Cet engagement sur le terrain est pour vous de plus en plus difficile et de plus en plus dangereux. L'Afghanistan, le Proche-orient : Je sais la somme de courage et d'abnégation que requiert l'accomplissement de vos missions dans un tel contexte. Je sais ce que cela signifie pour vos familles, que je veux saluer particulièrement, dont j'imagine qu'elles sont souvent confrontées à l'absence et parfois à l'angoisse. Je sais aussi, hélas, le lourd tribut payé par certains de vos compagnons d'armes, tribut qui peut aller jusqu'au sacrifice ultime. Mes pensées émues vont vers eux et leurs proches. Je veux leur témoigner la reconnaissance imprescriptible de la Nation tout entière.

Dès les premiers jours de ma présidence, j'ai parlé directement aux commandants des forces en opération, avec Hervé MORIN. Pour moi la règle est simple : chaque soldat français engagé en opération le sera de manière utile, au service d'une cause légitime, pour mettre en œuvre une politique lisible et sera jugée sur des résultats concrets.

C'est dans cet esprit que j'ai appelé, avec Bernard KOUCHNER, à la mobilisation de la communauté internationale sur le Darfour. Car chaque jour, le silence y tue et on ne peut accepter qu'on n'y fasse rien. Nous avons relancé, ici, à Paris, le processus. Du côté tchadien, nous n'avons pas attendu pour agir. La rapidité et l'efficacité avec laquelle vous avez mis en œuvre le pont aérien méritent d'être saluées.

Mais soyons francs, nos armées aujourd'hui ne disposent pas toujours des équipements dont elles ont besoin. Les causes en sont multiples, les responsabilités aussi. Il s'agit maintenant de construire l'avenir. Il s'agit de construire l'armée de nos besoins, pas celle de nos habitudes. Je m'y emploierai, car c'est ma responsabilité de chef des armées.

C'est pourquoi j'ai souhaité la rédaction d'un nouveau livre blanc qui sera régulièrement actualisé. Qui peut croire aujourd'hui qu'une vérité d'il y a quinze ans soit encore totalement pertinente ? Qui peut croire qu'une vérité d'aujourd'hui le sera encore dans quinze ans ? Le monde bouge, nous devons en tenir compte. La faculté de nos armées à s'adapter et à anticiper son évolution est la clé de votre efficacité et de votre crédibilité.

C'est dans cette perspective que se poursuivra la consolidation de notre effort de défense. Cette consolidation ne se réduit pas à une question de moyens. Elle exige des réformes de fond dans l'organisation et la gestion de notre outil de défense. Je demanderai au ministre de la Défense de les conduire.

Il y a des pistes simples, que nous devons explorer sans tarder car nous n'avons pas de temps à perdre. Nous avons fait l'Europe mais, sur notre continent, au moment où je parle, il n'y a rien moins que 3 programmes d'avions de combat, 6 programmes de sous-marins, 8 programmes de blindés··· Ne nous plaignons pas que nos concitoyens doutent de l'Europe, si on leur parle d'Europe de la défense et que l'on est capable d'aligner 8 programmes différents de blindés.

Dans le domaine des équipements, il nous faut une remise à plat de nos programmes. Je l'ai annoncée, nous la ferons.

Dans le sillage de la rédaction du Livre blanc, nous préparerons une nouvelle Loi de Programmation Militaire. Elle traduira en termes de capacités, d'équipements et d'effectifs, les conclusions politiques que nous tirerons du Livre blanc.

Pour ce vaste chantier, je sais pouvoir compter sur votre loyauté, sur le sens de l'intérêt général de vos chefs et sur votre dévouement. J'ai la responsabilité d'être chef des armées et je l'assumerai. Vous aurez les moyens de vos missions, mais nous avons un devoir vis à vis de nos concitoyens : s'assurer que chaque euro investi est utilisé de la meilleure façon.

Mesdames et messieurs, je vous demande de constater une information très importante : la baraka faisant partie de la bonne gestion, il pleut depuis un mois et demi sur Paris, et cela s'arrête le 13 juillet : c'est de bonne augure pour le 14 !

Bon défilé et bonne fête à tous !

Présidence de la République