jeudi, juillet 19, 2007

*Déclaration conjointe de M. Nicolas SARKOZY, Président de la République, et de Mme Angela MERKEL, Chancelière de la République fédérale d'Allemagne*

LE PRESIDENT - Mesdames et Messieurs, je voudrais tout d'abord vous dire combien je suis heureux d'être ici en compagnie de la Chancelière Angela MERKEL, que je veux remercier d'avoir accepté de venir dans les usines AIRBUS. Je voudrais qu'on lui dise merci, parce que c'est une démarche qui n'est pas anodine. Naturellement, si elle le veut, je viendrai en Allemagne dans les mêmes conditions. Je voudrais vous dire que, derrière nous, il y a d'abord les actionnaires de l'entreprise dans laquelle vous travaillez. Nous nous sommes tous mis d'accord, tous les actionnaires, pour doter l'entreprise d'une structure de direction normale, monocéphale, avec un responsable à chaque étage. Airbus et EADS sont des entreprises qui doivent être dirigées comme des entreprises, et pas comme des organisations internationales. Il a fallu se mettre d'accord. Nous avons travaillé depuis dix jours, tous ensemble, d'arrache-pied. Et nous avons travaillé en pensant que nous n'avions pas le droit de nous diviser alors que les emplois de dizaines de milliers de salariés en Allemagne, en France et dans toute l'Europe étaient en jeu. Ensemble, nous venons de signer une nouvelle organisation, une organisation avec un responsable à chaque niveau, comme toutes les entreprises. Dans le cadre de cette organisation, le CEO d'EADS sera Monsieur Louis GALLOIS, que vous connaissez, que vous appréciez. En tout cas, moi, je l'apprécie, et je le remercie d'avoir accepté. Le Président sera un Allemand, Monsieur GRUBE, qui va faire équipe avec Louis GALLOIS. Airbus sera dirigé par Monsieur ENDERS avec Monsieur Fabrice BREGIER en numéro 2. Angela dira ce qu'elle en pense, mais sachez que cela faisait des années qu'on en parlait, et des années que cela ne se faisait pas. Pour y arriver, il fallait que chacun fasse beaucoup d'efforts.

Nous avons prévu l'alternance des nationalités au bout d'un mandat de cinq ans. Le futur chairman d'EADS sera donc un français et ce sera, s'il le souhaite, Arnaud LAGARDERE, que je veux absolument remercier pour son engagement au service de cet accord. Je crois vraiment que l'on peut l'applaudir. J'ajoute que c'est désormais Arnaud LAGARDERE ou un de ses collaborateurs qui présidera l'organisme qui porte les actions de l'Etat français et de LAGARDERE.

J'ajoute que l'Etat français fera ce qu'il faut pour vous aider dans la recherche. C'est un grand jour pour cette entreprise, c'est une grande décision qui a été prise, c'est un grand jour pour l'axe franco-allemand. Je puis vous dire une chose : nous avions pris des engagements - c'est peut être la cinquième ou sixième fois que je viens dans cette usine - et ces engagements, nous les avons tenus et nous les tiendrons dans la compétition mondiale contre BOEING. Vous pouvez compter sur l'engagement total des actionnaires de vos entreprises. Merci.

Mme Angela MERKEL - Cher Nicolas, chers salariés, je suis, en cet instant, très émue d'être ici, à Toulouse. Lorsqu'il est venu me voir le jour même de son investiture, Nicolas SARKOZY m'a dit : "Ne faisons pas une rencontre uniquement dans le joli cadre d'une préfecture, mais venons donc dans une usine ". J'ai été touchée de rencontrer tant de salariés français et allemands aujourd'hui et cela montre à quel point l'amitié franco-allemande est réellement vécue à Toulouse, et pas seulement de façon théorique.

Je crois que ce que nous vous annonçons aujourd'hui est d'important. Cette entreprise se voit dotée d'une structure de gouvernance plus efficace, juste, équilibrée, et qui fait sens économiquement parlant. Nous avons durement travaillé pour y arriver, pour vous l'annoncer aujourd'hui.

Je voudrais dire, en mon nom et au nom de Daimler Chrysler, que du côté allemand, nous sommes très satisfaits. Nous avons assuré l'équilibre. Nous avons pu traduire dans les faits une idée que Daimler a déjà depuis assez longtemps, à savoir une structure de gouvernance monocéphale. Et nous avons réussi à ce que les choses soient organisées de telle façon que les personnes vont parfaitement s'entendre, vont pouvoir s'impliquer pleinement dans le travail. Ce qui montre également la justice du dispositif est le fait que nous annonçons d'ores et déjà l'alternance, car les deux parties peuvent très bien accepter l'autre formule.

Voilà ma vision de l'amitié et de la coopération franco allemande. Voilà pourquoi c'est une grande journée pour EADS, une grande journée pour Airbus, et c'est aussi une reconnaissance de votre travail, vous qui fabriquez les avions les plus modernes. Nous espérons que vous allez continuer à rattraper les retards de l'Airbus A380. Ce sera un grand moment lorsqu'on verra le premier A380 s'envoler pour Singapour à la fin de l'année. Ensuite vous continuerez avec l'A 350.

Lorsque je vois tous ces jeunes, ces jeunes filles, ces jeunes gens, je crois que c'est une très bonne solution que nous avons trouvée pour l'avenir de EADS et d'Airbus. Je suis, quant à moi, sûr que la coopération entre nos pays, dans ce projet européen sans équivalent, aura un rayonnement vers les autres pays d'Europe. On vient de voir quels étaient les différents pays qui participaient aux pièces de ces avions. Et je voudrais m'adresser au Président, Monsieur GRUBE, au CEO, Monsieur GALLOIS, au numéro un d'Airbus, Monsieur ENDERS qui sera davantage à Toulouse - sa vie va un peu changer - à Monsieur BREGIER, pour leur dire tous mes vœux de succès et de bonne coopération avec les actionnaires, avec les responsables, mais surtout avec chacune et chacun d'entre vous.
Merci à tous.

LE PRESIDENT - Je pense qu'on peut également saluer le Ministre des Affaires étrangères allemand, Monsieur Frank-Walter Steinmeier, qui est ici, le Ministre des Affaires étrangères français, Monsieur Bernard KOUCHNER, et la Ministre de l'Economie et des Finances, Madame Christine LAGARDE.

MME ANGELA MERKEL - Nicolas vient de dire qu'il souhaitait porter ce tee-shirt quand il fait son jogging. Moi, je le porterai lorsque je travaillerai dans mon jardin, et je penserai à Airbus.

Toulouse, le lundi 16 juillet 2007

Présidence de la République