vendredi, mai 02, 2008

Les océans, contrepoids au réchauffement ?


***Le ralentissement de la circulation océanique donnerait dix ans de répit au climat.
Une nouvelle fois, le Gulf Stream, ou plutôt la circulation thermohaline dont ce courant trans­atlantique n'est qu'une branche, provoque des remous. Le réchauffement pourrait, en effet, être partiellement compensé pendant dix ans par une baisse des températures océaniques en Europe et en Amérique du Nord. Telle est la conclusion plutôt provocatrice d'une étude publiée jeudi dans la revue Nature.

L'équipe de chercheurs menée par Noel Keenlyside, du Leibniz Institute of Marine ­Science en Allemagne, fonde ­cette affirmation sur les résultats d'un nouveau modèle qu'elle a mis au point. Celui-ci permet de mieux connaître l'impact sur le réchauffement de la circulation thermohaline, également baptisé «tapis roulant». Ce courant part des tropiques et remonte vers les hautes latitudes où, une fois refroidies et salées, les eaux plongent en profondeur avant de redescendre vers le sud. Selon eux, ce courant devrait se ralentir. Avec pour effet un refroidis­sement des eaux de l'Atlantique nord. Leur constat se base sur les relevés de la température de surface des eaux. Or les scientifiques pensaient jusqu'à présent que seule l'observation des eaux en profondeur permettrait d'alimenter les modèles.

«Nos résultats montrent que les températures globales risquent de se stabiliser ou se refroidir au cours des dix années à venir du fait de fluctuations naturelles, mais à long terme les tempéra­tures devraient continuer à augmenter», concluent les scientifiques. En clair, le répit pour la planète ne serait que de dix ans. Une évolution susceptible de tempérer ouragans, canicules et intempéries. Sans pour autant altérer la tendance à long terme au réchauffement.

Résultats «encourageants»
Tout en jugeant ces résultats «encourageants» sur l'amélioration des prévisions, Richard Wood, climatologue au Met ­Office britannique, estime dans un commentaire à ce sujet dans la revue Nature, que «des points substantiels méritent clarification». Et de mettre en garde : «La circulation thermohaline ne dépend pas seulement de la température, mais également de la salinité des océans.»

Ce n'est pas la première fois que l'hypothèse d'un ralentissement de ce courant océanique est avancée, relançant les spéculations sur les risques de refroidissement qu'un tel phénomène est susceptible d'induire. C'est le chercheur Harry Bryden, du Centre océanographique national britannique, qui l'avait lancée avec fracas en 2005. Si l'on en croit ses travaux, le courant, ou dérive, Atlantique nord aurait déjà perdu un tiers de son intensité depuis le milieu des années 1950. Paul ­Tréguer, directeur scientifique du réseau européen de chercheurs Eur-Oceans, est réservé sur ce point. Selon lui, la dérive Atlan­tique nord n'est pas, contrairement à une idée reçue, la seule responsable de la douceur de nos côtes. On estime en effet généralement que ce courant justifie les 15 °C de différence de tempéra­ture hivernale existant entre Paris et Montréal, pourtant situées aux mêmes latitudes. Or, pour Paul Tréguer, son rôle serait limité à 20 % dans l'évolution des températures d'ici à 2050, les 80 % restants étant à ses yeux imputables à la circulation atmosphérique. De quoi limiter la portée de ces travaux sur les températures futures du Vieux Continent.

Caroline de Malet
Le Figaro
02/05/2008

*Photo : Crédits photo : Cedric PASQUINI/REA

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