mercredi, juin 11, 2008

***Dans les coulisses de la présidence française de l'UE***


***La France qui prendra, le 1er juillet, la tête de l'Union européenne est engagée dans une course contre la montre pour boucler l'organisation d'un dispositif complexe.

Le 30 juin, à 23 heures, la tour Eiffel s'illuminera aux couleurs de l'Europe pour donner le coup d'envoi de la présidence française de l'Union européenne, la PFUE comme l'appellent les diplomates qui œuvrent depuis des mois à sa préparation. Pour eux, l'exercice est d'une ampleur inédite : en 2000, lorsque la France avait pris la présidence de l'UE, la dernière fois, les Européens n'étaient que quinze. Le défi est certes politique, mais avant tout logistique : du fastueux dîner du 14 juillet à l'Élysée avec les 27 chefs d'État et de gouvernement, jusqu'à la réunion des filières ovines, en passant par dix sommets entre l'UE et des pays tiers, deux douzaines de réunions ministérielles, des dizaines de colloques et autres assises, au total plus de 400 manifestations devront être organisées entre le 1er juillet et le 31 décembre, à Paris et dans les grandes villes de France. Soit plusieurs rencontres chaque jour ! Pas moins de dix sommets entre l'UE et des pays tiers (de l'Afrique du Sud, en juillet, au Brésil, en décembre) se tiendront le semestre prochain. Temps fort d'une liste impressionnante de grands rendez-vous, le sommet de l'Union pour la Méditerranée, le 13 juillet. La scénographie de l'événement, avec un décor d'inspiration «orientaliste» et des palmiers s'élevant sous les voûtes du Grand Palais, est en cours d'élaboration.

D'emblée, le calendrier a été soumis à d'énormes contraintes. La trêve estivale réduira de fait la présidence française à quatre mois et demi «utiles». C'est pourquoi, contrairement aux habitudes, les premières réunions ministérielles informelles débuteront dès le mois de juillet, plutôt qu'en septembre : Jean-Louis Borloo réunira ses homologues européens chargés de l'Environnement dès le 3 juillet, dans le parc de Saint-Cloud, suivi les 7 et 8 juillet à Cannes par Brice Hortefeux, Michèle Alliot-Marie et Rachida Dati pour l'Immigration, la Justice et la Police.

«Une implicationpoussée»

Le fait que cette présidence soit la dernière avant l'instauration prévue du traité de Lisbonne et la mise en place d'une présidence fixe du Conseil alourdira l'agenda politique. De surcroît, en cette période de fin de cycle législatif (les élections parlementaires européennes auront lieu en juin 2009), les dossiers à boucler s'amoncellent. «Il faut être réaliste et ne pas surestimer nos capacités», prévient un des maîtres d'ouvrage de la présidence.

Quelques acteurs clés sont à la manœuvre. Au sommet, l'Élysée veille au grain et intervient sur tout, des grandes orientations au moindre détail, notamment en ce qui concerne la communication. Ainsi, le lancement du logo de la PFUE, signé par le publicitaire Jacques Séguéla, a été géré en haut lieu comme une affaire d'État. «Une implication aussi poussée de la présidence de la République est un phénomène inédit», constate un diplomate chevronné. Le secrétaire d'État aux Affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet, joue un rôle déterminant. Le «Monsieur Europe» du gouvernement a effectué dans l'Union une centaine de déplacements : il a le contact avec ses homologues européens et une vision de tous les dossiers à l'ordre du jour (énergie et climat, immigration, défense, PAC). C'est à lui qu'il revient d'effectuer la synthèse politique de sujets souvent très techniques, afin de préparer la décision du chef de l'État. En amont, la coordination interministérielle est supervisée par la diplomate Gilles Briatta, secrétaire général des Affaires européennes (SGAE). Lui doit trouver un point de conciliation sur les dossiers, dans la mesure où chaque ministère cherche à tirer la couverture à lui. Pour sa part, l'ambassadeur Claude Blanchemaison est en charge de l'organisation. Nommé secrétaire général de la PFUE en juin 2007, il gère les programmes et les budgets. La dimension culturelle a été confiée à l'ex-ministre Renaud Donnedieu de Vabres, non sans froisser Christine Albanel qui lui a succédé rue de Valois. Pour la première fois, une Saison culturelle européenne sera organisée parallèlement à la présidence de l'UE, et placée sous la houlette du diplomate normalien Laurent Burin des Roziers.

Côté bruxellois, c'est Pierre Sellal qui, en assurant l'interface entre Paris et les institutions communautaires, représente la pièce maîtresse du puzzle. Familier des arcanes communautaires qu'il fréquente depuis près de vingt ans, le représentant permanent français auprès de l'UE est vite apparu indispensable. «Il est sans conteste le meilleur d'entre nous», juge un de ses homologues des Vingt-Sept. Place de Louvain, siège de la représentation diplomatique française «la RP» dans le jargon local , c'est en juin 2006 que l'ordre de mobilisation a commencé à retentir. Une quarantaine de nouveaux collaborateurs ont été recrutés. Parmi eux, le numéro deux, Philippe Leglise-Costa, un polytechnicien aussi brillant que modeste, notamment chargé de superviser les difficiles négociations sur le climat, attendues fin décembre.

Au sein de la Commission européenne, c'est notamment un Français, Jean-Claude Thebault qui, au cabinet du président, José Manuel Barroso, est chargé de faire le lien entre Paris et le Berlaymont, siège de l'exécutif bruxellois. Il connaît de longue date les ministres et conseillers de Matignon et de l'Élysée impliqués dans la préparation de la présidence, et qu'il tutoie. Il fut de toutes les rencontres qui ont eu lieu entre le numéro un de l'exécutif communautaire et Nicolas Sarkozy depuis mai 2007.

À trois semaines du jour J, les préparatifs sont entrés dans la dernière ligne droite. «Il y a un léger affolement, certains se réveillent un peu tard», constate un observateur privilégié. De fait, avant ce marathon, l'échauffement des ministres a été très inégal, si l'on en juge par leurs déplacements à Bruxelles. Outre les visites hebdomadaires à Bruxelles de Jean-Pierre Jouyet, la palme de l'assiduité revient à Michel Barnier qui n'a pas manqué un seul des dix Conseils consacrés à l'agriculture depuis un an, suivi par Christine Lagarde et Bernard Kouchner lesquels, n'ont «séché» en un an que deux réunions sur les huit figurant à leur programme. En revanche, le ministre de l'Immigration, Brice Hortefeux, n'est apparu que deux fois (sur six) dans un conseil et le plus souvent furtivement, alors même qu'il est chargé de préparer le «pacte pour l'immigration». Les «lacunes» de Rachida Dati sont également montrées du doigt tandis que Jean-Louis Borloo, coresponsable du futur «paquet énergie-climat», a manqué la moitié des Conseils environnement. «Ces ministres seront moins influents auprès de leurs collègues», pronostique un diplomate européen pour qui l'absentéisme français constitue «un problème pour tout le monde».

«Léger affolement»

Pour financer cette présidence, dont Paris veut qu'elle ait «une certaine allure, mais sans trop de paillettes», 190 millions d'euros ont été alloués par le gouvernement. C'est plus du triple du budget officiel de la dernière présidence française en 2000 (56,9 millions d'euros). C'était avant l'élargissement de 2004, «et ce budget ne comptabilisait pas les frais engagés par les différents ministères», tempère l'ambassadeur Claude Blanchemaison. «Ces 190 millions d'euros représentent une somme similaire à celle dépensée par la présidence allemande (au 1 er semestre 2007, NDLR). Il n'y aura pas de rallonges», prévient-il.

À l'automne dernier, la commission des finances du Sénat avait jugé «très élevé» et «trop vague» le programme de dépenses décrit par le gouvernement. «La difficulté est de cerner de façon précise l'étendue de certaines dépenses consacrées par exemple à la sécurité ou à la communication», indique François Marc, sénateur PS. Du côté de la présidence, on promet un reporting scrupuleux des sommes engagées. Économies obligent, les deux Conseils européens traditionnels d'octobre et de décembre (sommets des chefs d'État) se dérouleront à Bruxelles et non pas dans une ville française. «Nous ne paierons qu'une sorte de ticket modérateur de 1,8 million d'euros par sommet. Bruxelles financera le reste», explique Claude Blanchemaison.

Reçus à dîner au Quai d'Orsay par Bernard Kouchner, les grands patrons ont également été sollicités. Exemple, quelque 140 véhicules seront mis à disposition par les constructeurs français. Les grandes entreprises (transport, distribution…) ont également été approchées pour contribuer à «ouvrir» la présidence française sur la société civile en raccrochant leurs actions de communication à l'événement. Les cadeaux, enfin, pour un budget de 3 millions d'euros, ont été dessinés, à titre gratuit par Philippe Starck, bombardé directeur artistique de la PFUE. Dans ce domaine, de mémoire d'eurocrate, habitué à recevoir les éternels tasses à café ou parapluies siglés aux couleurs des présidences, l'imagination a jusqu'à présent, rarement été au pouvoir…

Pierre Avril (à Bruxelles), Alain Barluet et Stéphane Kovacs
10/06/2008
Le Figaro

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*A PARIS ! 19 JUIN 2008!

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Morgane BRAVO

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