mercredi, avril 08, 2009

***Anders Rasmussen, un ambitieux à la tête de l'OTAN...***


***Nommé à la tête de l'Alliance atlantique, le Premier ministre danois Anders Rasmussen est un libéral décomplexé débordant d'énergie.

Le quotidien Berlingske Tidende en brosse un portrait sans concession.

Jamais un Danois n'avait réussi à se hisser à un poste international d'une telle envergure et, même si le chemin pour y parvenir n'a pas toujours été facile, le résultat est impressionnant. Anders Fogh Rasmussen, 56 ans, fait une entrée fracassante sur la scène internationale, et ce n'est certainement pas fini pour lui. Car ce poste à la tête de l'OTAN pourrait bien, comme l'ont souligné plusieurs analystes, constituer un tremplin vers des sommets encore plus élevés, au sein de l'UE par exemple, comme il en a déjà eu la prétention.

C'était en 2004, alors que l'opposition, menée par Mogens Lykketoft, s'était soudainement retrouvée en tête des sondages au Danemark. Le chômage était en hausse et Rasmussen à bout de souffle. A ce moment-là déjà, l'étranger l'attirait, mais une Europe rouge menée par le chancelier allemand Gerhard Schröder ne voulut pas du libéral qu'il était pour la présidence de la Commission européenne. Il dut rester chez lui et consacrer toute son énergie à des dossiers nationaux. Des dossiers qui l'avaient formé et avaient marqué sa vie depuis qu'il s'était éveillé à la politique, à un âge assez précoce. En 1970, à 17 ans, il enfourchait déjà sa mobylette pour parcourir les 27 kilomètres qui séparaient son domicile, à Hvidding, de Viborg, où se tenaient les réunions des Jeunesses libérales.

En trente ans, il s'est imposé comme l'un des principaux acteurs de la vie politique danoise. Ministre des Affaires économiques et fiscales sous le gouvernement Schlüter, fidèle écuyer d'Uffe Ellemann-Jensen lorsque celui-ci était à la tête du Parti libéral, puis chef de l'opposition de 1998 jusqu'à l'arrivée des libéraux au pouvoir lors des élections de 2001. Tantôt défenseur d'une alliance entre le Parti social-démocrate et le Parti libéral, tantôt idéologue libéral, on peut dire qu'il est un libéral à visage social-démocrate, ou réciproquement. En 2001, les Danois ont adopté Rasmussen et sa version du programme du Parti social-démocrate à connotation libérale. Et c'est ce qu'ils ont eu. Il a livré le produit attendu et tenu ses promesses électorales, main dans la main avec Pia Kjærsgaard, leader du Parti du peuple danois [extrême droite et populiste]. Avec pour armes essentielles une politique d'immigration plus dure et le gel des impôts. Alors qu'au début Rasmussen s'interrogeait sur la stabilité du soutien du Parti du peuple, cette alliance s'est avérée d'une longévité à toute épreuve. Lorsque l'opposition n'était pas en proie à des batailles internes, elle se lamentait de ce que le soutien sans faille du Parti du peuple ait fait du gouvernement un gouvernement majoritaire, polarisant ainsi le paysage politique.

Ce fut notamment le cas en 2003, lorsque la petite majorité décida de s'engager en Irak et, d'une façon plus générale, apporta un soutien inconditionnel au président Bush. Rasmussen a tenu compte des préoccupations des Danois et mené une rude bataille sur les valeurs – une bataille décisive pour l'avenir de la nation, se plaisait-il à prophétiser, bien avant que les caricatures de Mahomet publiées dans le quotidien Jyllands-Posten n'enflamment le monde. Ensuite son avenir politique s'obscurcit et il fut même traité de danger public par Marianne Jelved, leader du Parti radical [centriste].

L'Histoire jugera. L'opposition ne manquera pas de dépeindre le Premier ministre comme celui qui a gouverné en période de prospérité et de croissance, mais qui a quitté le pays en pleine crise économique. Il est sans doute trop tôt pour faire un bilan. Les succès ont été nombreux, mais certains problèmes restent entiers. Rasmussen n'a pas réussi à abolir les exceptions danoises au sein de l'UE. Il n'a pas, du moins comme Premier ministre danois, rapatrié les troupes danoises d'Afghanistan. Le climat et l'écologie ont bien été à l'ordre du jour, mais sans véritable enthousiasme. Et il n'a pas pu éliminer les sociaux-démocrates, qui ont certes été quelque peu décimés, mais ont retrouvé dans tous les sondages leur position de premier parti du pays. Un constat fait cependant l'unanimité : Anders Fogh Rasmussen ne quitte pas la politique danoise en homme fini. Comme il le soulignait déjà lorsqu'il était leader des Jeunesses libérales : "Il faut toujours aller de l'avant."

Troels Mylenberg
Courrier International
8 avr. 2009

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