***Lors du sommet des Amériques qui se tient jusqu'à dimanche à Trinidad et Tobago, Barack Obama proposera aux dirigeants d'une trentaine de pays latino-américains un nouveau partenariat. Avec un objectif majeur : combattre la crise mondiale.
Les Etats-Unis se tournent de nouveau vers ce qu'ils ont longtemps considéré comme leur arrière-cour attitrée. Les dirigeants de 33 pays latino-américains rencontrent aujourd'hui et jusqu'à dimanche, à Trinidad et Tobago, le nouveau président américain Barack Obama pour le cinquième sommet des Amériques. Un sommet censé faire prendre un nouveau départ aux relations entre les deux Amériques. Fini la condescendance, l'arrogance ou, pire encore, l'indifférence qui a caractérisé l'attitude des Etats-Unis à l'égard du sous-continent sous George Bush. Comme il l'a expliqué dans une tribune parue hier dans de nombreux journaux locaux, Barack Obama veut proposer à une région qu'il ne connaît guère « un nouveau partenariat au nom de notre prospérité et de notre sécurité communes ». Autour de deux grands thèmes : l'énergie et le climat, sources d'investissements potentiels et de développement pour l'Amérique latine, en particulier le Brésil, champion des énergies renouvelables. Un sujet majeur alors que la région se juge injustement frappée par une crise mondiale déclenchée par les Etats-Unis, notamment par les « banquiers aux yeux bleus », selon les propos controversés du président brésilien Lula.
Déminer le dossier cubain
La majorité des participants souhaitent faire de la crise mondiale et des moyens d'en sortir ensemble le thème essentiel du sommet. Mais pour cela, il fallait d'abord déminer le sujet ultrasensible de Cuba, pays absent de la réunion et principale épine dans les relations entre les deux Amériques. Barack Obama s'est employé à le faire en annonçant, quelques jours avant le sommet, la levée de toutes les restrictions sur les voyages et les transferts d'argent des Américano-Cubains vers leur pays d'origine. Une mesure unilatérale qui appelle désormais un geste de La Havane. « C'est un signe de notre bonne foi, qui montre que nous voulions dépasser la mentalité de la guerre froide de ces cinquante dernières années. Et avec un peu de chance, nous verrons des signes que Cuba veut faire de même », a déclaré hier le président américain sur CNN, évoquant la libération des prisonniers politiques et la liberté d'expression. Tous les pays latino-américains ont normalisé leurs relations avec Cuba et attendent de Washington la levée de l'embargo sur l'île. Mais la plupart, dont Lula, tablent sur un processus progressif. En revanche, le président socialiste du Venezuela Hugo Chavez, allié étroit de Cuba, ne faillira pas à sa réputation : il a déjà annoncé qu'il opposerait son veto à la déclaration finale de la réunion car elle ne dénonce pas formellement l'exclusion de Cuba du sommet.
Malgré tout, hors Cuba, les sujets ne manqueront pas. Pour Alfredo Valladao, directeur de la chaire Mercosur à Sciences po, « les relations Etats-Unis-Amérique latine peuvent se définir par l'équation d'Einstein E = mc2 : Energie, migration et cocaïne au carré (consommation et trafic) ». L'énergie est plus que jamais au centre des préoccupations de Washington, soucieux de s'affranchir du pétrole du Moyen-Orient, et intéressé par les ressources latinos. L'immigration est au coeur des discussions, notamment avec le Mexique, de même qu'une lutte coordonnée contre la violence et le trafic de drogue.
Garantir le libre-échange
« Mais la principale revendication de la région, c'est la lutte contre le protectionnisme », estime Alfredo Valladao. Obama va devoir rassurer ses partenaires à ce sujet et évoquer les accords de libre-échange (notamment avec la Colombie) en souffrance au Congrès. C'est aussi son intérêt. Durant l'ère Bush, la Chine a profité de la défection américaine pour nouer des relations étroites dans toute la région et y investir massivement. Big Sam n'a plus de temps à perdre.
ANNE DENIS,
Les Echos
17/04/09
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