***Porté par le score de la liste de Daniel Cohn-Bendit aux élections européennes (20,87 %) en Ile-de-France, Jean-Vincent Placé, le chef de file des Verts au conseil régional, numéro deux de son parti, revendique sa "capacité" à présider la première région de France en cas de victoire des listes Verts aux régionales de 2010.
Pourquoi présenter des listes autonomes aux régionales de 2010 alors que les Verts sont dans la majorité de gauche en Ile-de-France ?
J'ai toujours été favorable à des listes autonomes aux régionales même si les Verts ont fait alliance avec le PS au premier tour en 2004. Ma détermination est confortée depuis le 7 juin. Nous ne pouvons plus nous contenter d'être une force complémentaire d'un parti social-démocrate dominant qui, au terme d'une alliance entre appareils, négocie des places. Nous devons permettre aux électeurs de trancher en leur proposant une alternative. Ce qui suppose d'être crédible et responsable dans nos propositions. Il ne s'agit pas seulement de présenter un programme de défense des petites plantes vertes.
La région est pour les écologistes l'échelon opérationnel pour pouvoir mettre en oeuvre les politiques publiques qui découlent des orientations stratégiques européennes. Il est donc logique que nous poursuivions au plan régional ce que nous avons impulsé au niveau européen.
Vous vous imaginez prendre la tête de la région en 2010 ?
Je ne fais pas de pronostic neuf mois avant l'élection. Mais cela fait cinq ans que je copréside la région avec son président socialiste, Jean-Paul Huchon. Je connais l'ensemble des politiques publiques régionales. Je maîtrise l'affectation des 4,5 milliards d'euros de budget régional. J'ai la prétention de dire que je me sens tout à fait capable de diriger l'Ile-de-France.
Quels changements pourriez-vous apporter ?
Comme au Parlement européen, l'Ile-de-France est victime d'une cogestion PS-UMP qui conduit à l'immobilisme. C'est lié au rapport de force interne, entre six départements de gauche et deux de droite, et au millefeuille institutionnel. En matière de transport, chacun a son plan de mobilisation. Résultat, la politique régionale manque d'ambition. Si nous sommes à la tête de la région, nous pèserons pour qu'elle devienne l'opérateur unique en matière de transport alors qu'aujourd'hui, elle cogère avec l'Etat et avec les autres collectivités locales au sein du Syndicat des transports d'Ile-de-France. Autre exemple : le nombre incroyable de structures régionales et départementales censées s'occuper de développement économique. Cette profusion n'est pas efficace. La région doit être chef de file. Il s'agit de lui donner les moyens d'impulser la reconversion écologique de l'économie francilienne. C'est l'enjeu des dix prochaines années.
Les propositions du rapport Balladur sur la réforme territoriale, y compris sur le Grand Paris, vous semblent-elles bonnes ?
La suppression des départements que nous proposons permettrait à la région d'être plus efficace. M. Balladur le recommande dans son rapport s'agissant de l'Ile-de-France. Sa proposition de renforcer les pouvoirs des régions et des métropoles en général correspond à une France plus juste et plus efficace. Je suis également favorable - contrairement au PS et à l'UMP, ultraconservateurs sur cette question -, à la création d'une structure institutionnelle de la métropole parisienne qui dispose d'un projet fort, d'une fiscalité redistributive et d'une élection directe de ses instances dirigeantes comme le préconise le rapport Balladur.
Béatrice Jérôme
Le Monde
17.06.09
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