lundi, juin 22, 2009

***Sarkozy veut mettre la France "en mouvement" grâce à l'emprunt...***

***"Je suis venu vous dire les conséquences que je tire de la crise", a expliqué Nicolas Sarkozy devant les parlementaires réunis en Congrès à Versailles, lundi 22 juin. Alors que sa première intervention de ce type, permise par la réforme de la Constitution de juillet dernier, fait débat, le chef de l'Etat a jugé que "le temps est venu que s'établisse entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif des relations apaisées". Il a affirmé sa "gravité" et son "humilité", alors que "la crise n'est pas finie", avant de reprendre le discours social qu'il a récemment fait sien. Il entend "protéger nos concitoyens les plus fragiles", car "l'exclusion, c'est sans doute ce que la crise peut générer de plus grave". Selon lui, "rien ne sera plus jamais comme avant", il faut "une remise en cause profonde", car "la crise annonce un monde où la demande de protection sera plus forte", où "le message de la France sera mieux entendu", et elle crée "des circonstances favorables pour mettre l'économie au service de l'homme et non l'inverse".

Intégration. Nicolas Sarkozy a dressé un sombre tableau d'une France qui s'inquiète de l'avenir de ses enfants, estimant que "notre modèle d'intégration ne fonctionne plus". Il ne "veut pas rouvrir le débat sur le terme discrimination positive". Aussi, il faudra – et c'est "une priorité" – "donner plus à ceux qui ont moins", non sur des critères ethniques, mais sur des critères sociaux. Il a notamment promis de "parler", avec les représentants de l'outre-mer, "des moyens juridiques et matériels pour l'égalité".

Laïcité et voile. La laïcité "n'est pas le rejet du sentiment religieux", et il "ne faut pas se tromper de combat". Le port de la burqa (voile intégral), qui doit faire l'objet, selon le député communiste André Gerin, d'une commission d'enquête parlementaire, est "un problème de liberté, de dignité de la femme", a affirmé le chef de l'Etat, et non "un problème religieux". "C'est un signe d'asservissement, d'abaissement de la femme", a-t-il insisté, précisant qu'elle "n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République", et qu'"il faut un débat", sans "avoir peur de nos valeurs".

Hadopi. "Quand il n'y a pas de règles, ce n'est pas la liberté", a expliqué le président, qui entend appliquer ce précepte au capitalisme, mais aussi à Internet : "Il faut défendre le droit d'auteur, qui est l'avenir de la création. […] C'est pourquoi j'irai jusqu'au bout", a-t-il prévenu dans une allusion à la loi Création et Internet, dite Hadopi, contre le téléchargement illégal, dont une partie a été invalidée par le Conseil constitutionnel.

Prisons. "L'état de nos prisons est une honte pour notre République", a dénoncé Nicolas Sarkozy. Construire de nouveaux établissements pénitentiaires et des places dans les hôpitaux psychiatriques est pour lui "une nécessité morale, un impératif pour le prochain gouvernement".

Dépenses publiques, fiscalité, emprunt. "Je ne ferai pas la politique de la rigueur car la politique de la rigueur a toujours échoué", a assuré le chef de l'Etat, réaffirmant son refus d'augmenter les impôts, et appelant à "changer radicalement la façon de poser le problème" : il faut selon lui "distinguer le mauvais déficit" – bureaucratie, frais de fonctionnement – du "bon déficit", causé par les dépenses "jouant un rôle d'amortisseur social" et finançant l'avenir, lesquelles justifient un emprunt national. Il a aussi défendu la suppression de la taxe professionnelle pour lutter contre les délocalisations, y voyant "l'occasion de repenser la fiscalité locale". Et promis d'"aller le plus loin possible sur la taxe carbone". Mais "pour la crédibilité de la parole publique", "nous ne pouvons plus nous fixer des priorités et ne pas mettre les moyens nécessaires". Aussi, après un remaniement du gouvernement, qu'il a annoncé pour mercredi, débutera une large consultation, durant trois mois, à laquelle seront associés le Parlement, les partenaires sociaux et les universités, pour fixer les "priorités stratégiques". Elles permettront de fixer le montant et les modalités de l'emprunt national, qui sera levé soit sur les marchés financiers soit auprès des Français, a-t-il précisé.

Social, éducation. "Le travail doit être justement rémunéré. […] Tout licencié économique doit pouvoir garder son salaire et recevoir une formation pendant un an", et il faut "réindustrialiser", car c'est "mieux que de subventionner l'inactivité" et "l'assistanat". Il faut dans la même logique "proposer une solution à tous ceux qui sortent du système scolaire à 16 ans sans rien", réformer les filières de l'éducation nationale pour qu'elle soient toutes "d'excellence", "poursuivre dans la voie de l'autonomie des universités", "investir dans les campus et le logement étudiant", a encore dit Nicolas Sarkozy.

Services publics, collectivités locales. Le gouvernement sera "au rendez-vous des réformes". "Nous poursuivrons la réforme de l'Etat et celle de la carte administrative. On ne reculera pas sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux dans la fonction publique. […] Nous irons plus loin dans la maîtrise des dépenses de santé et nous irons jusqu'au bout dans la réforme des collectivités locales", avec "la réduction des élus régionaux et départementaux", a promis Nicolas Sarkozy.

Retraites. Après un débat, "le temps de la décision" sur la réforme des retraites interviendra "mi-2010", et "tout sera sur la table", y compris le relèvement de l'âge de départ à la retraite, a-t-il prévenu.

Europe. "L'Europe doit changer", a estimé le président, car "elle ne pourra plus fonctionner après la crise comme avant".

"Ce que je vous propose, c'est le mouvement. Ayons le courage de changer", a-t-il lancé en guise de conclusion à l'adresse des représentants de ce qu'il a défini comme "un vieux pays, sur un vieux continent, avec une vieille civilisation". Une formule qui n'est pas sans rappeler celle de Dominique de Villepin devant le Conseil de sécurité de l'ONU en 2003.

*Pour en savoir plus :

L'intégralité du discours de Nicolas Sarkozy devant le Congrès (PDF)

Claire Ané

LE MONDE
22.06.09

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