***S'installer au centre du jeu. C'est l'objectif pour Daniel Cohn-Bendit, tant au Parlement européen qu'en France. Le chef de file des listes Europe Ecologie (16,28 % des voix en France), qui ont réussi à obtenir autant d'élus que le Parti socialiste, a bien l'intention de faire fructifier son succès. Derrière lui, la galaxie écologistes compte peser de tout son poids pour "changer d'ère politique".
C'est d'abord à Bruxelles que M. Cohn-Bendit veut agir. Deux échéances "immédiates" le mobilisent : le choix du président du Parlement européen, le 14 juillet, puis celui du président de la Commission. "Je veux voir avec le Parti socialiste européen comment nous pouvons bâtir un front du refus de José Manuel Barroso", explique au Monde le député. Avec 52 sièges au Parlement européen, les Verts veulent devenir "une force charnière", a-t-il ajouté. Dans Libération, mardi 9 juin, il précise à propos de M. Barroso : "Ce n'est pas simplement qu'il est libéral, mais qu'il est incapable de tenir une position. Si on peut trouver une majorité (pour le sortir) qu'on le fasse !"
M. Cohn-Bendit a donc entamé les négociations avec Poul Nyrup Rasmussen, le président du Parti socialiste européen (PSE), pour tenter de constituer "une majorité de centre gauche". Mais les discussions devront, selon lui, s'élargir "au MoDem, aux libéraux, à la Gauche unitaire européenne (PC et alliés) et à l'extrême gauche". Le bloc ainsi constitué ne serait pas suffisant mais, d'après les calculs de M. Cohn-Bendit, il pourrait compter sur des voix isolées de souverainistes désireux de barrer la route au président sortant de la Commission. Après cette "majorité négative", place à une deuxième étape : la constitution d'une nouvelle majorité large de centre gauche.
Dany ne va pas pour autant déserter la France. Fort de sa démonstration politique - placer l'écologie politique comme troisième force -, l'ancien leader de Mai-68 veut, là aussi, consolider sa place de "charnière". C'est désormais son mot fétiche et il le décline sous tous ses synonymes : pivot, base, centre... avec toujours la même configuration autour. "J'ai compris dans cette élection le rôle qu'Europe Ecologie peut jouer entre le PS et le MoDem et entre le PS et l'extrême gauche", dit-il. "Nous avons besoin d'un processus où les forces politiques approfondissent leurs propositions et parviennent à une nouvelle majorité crédible pour 2012", insiste-t-il. Une candidature à la présidentielle de Nicolas Hulot serait "intéressante", dit-il dans Libération. Côté PS, il ne voit "qu'une possibilité" : une primaire entre Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal.
Martine Aubry a assuré lundi que les socialistes avaient "de grandes choses à faire ensemble" avec lui. "C'est toujours juste de discuter mais le problème est de savoir pour quoi faire." Plus question d'accords d'appareils, de construction d'une "UMP de gauche" fonctionnant autour du PS et de son grand chef, explique-t-il. Lui veut d'abord appliquer la "méthode Europe Ecologie" : rassembler les siens, les écolos, comme force autonome, "un nouvel ovni politique".
La stratégie d'autonomie semble largement suivie dans les troupes écolos. "L'écologie est au centre des débats et doit le rester. En fonction des résultats, on verra la nature des alliances", argumente Pascal Durand, directeur de campagne. "D'évidence les résultats d'Europe Ecologie incitent à maintenir une ligne autonome", insiste Jean-Vincent Placé, président du groupe Verts au conseil régional d'Ile-de-France. Le conseil national des Verts devrait l'entériner samedi 13 juin, en présence de l'ensemble des personnalités d'Europe Ecologie. "On a changé de période : quand on fait le même score que le PS, les vieilles recettes se sont plus au goût du jour", prévient la secrétaire nationale Cécile Duflot. La méthode "Dany" est désormais totalement partagée.
Sylvia Zappi
LE MONDE
09.06.09
*Totalisation nationale et finale, en voix, par le Ministère de l'Intérieur*
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