***Facebook s'attaque à Twitter. Le géant des réseaux sociaux poursuit sa mutation et se place sur le créneau de son concurrent en intégrant une fonction de micro-blogging, c'est-à-dire la possibilité de publier de courts messages. Annoncée la semaine dernière, la nouvelle fonction n'est pour l'instant disponible que pour les utilisateurs dont le profil est public, mais se veut révolutionnaire. Plutôt que d'ouvrir ou de bloquer l'intégralité de leurs profils, les réservant à leurs "amis", les utilisateurs pourront choisir au cas par cas.
Lors de chaque nouvelle publication d'un statut, d'un lien, d'une photo ou d'une vidéo, l'auteur pourra déterminer les personnes qui y auront accès. Une icône en forme de cadenas sous la barre de publication offre un choix entre différentes options de visibilité : tout le monde, mes amis et mon réseau, mes amis et leurs amis, seulement mes amis, ainsi qu'une fonction personnalisable qui permet de créer des listes.
Sur le blog officiel, Ola, ingénieur chez Facebook, explique que si certaines informations comme la météo peuvent être partagées avec l'ensemble du réseau, d'autres sont plus personnelles et n'ont pas vocation à sortir du cercle de la famille ou de celui des amis proches. Les utilisateurs pourront donc créer des listes pour échanger, à l'abri des regards indiscrets, les photos du dernier-né, de la soirée de la veille ou bien au contraire les rendre accessibles à l'ensemble du Web, y compris les utilisateurs non inscrits sur Facebook.
FACEBOOK : UN MODÈLE OBSOLÈTE ?
Pour le réseau social, l'enjeu est clair : encourager les utilisateurs à partager leurs messages avec le monde plutôt que de se limiter à leur cercle restreint d'amis. Avec plus de 200 millions d'utilisateurs actifs d'après les chiffres de l'entreprise, Facebook reste encore beaucoup plus populaire que son concurrent Twitter. Pourtant, ce dernier s'est révélé être un relai d'informations efficace, utilisé par exemple par les opposants à Mahmoud Ahmadinedjad lors des élections en Iran, et bénéficie d'une couverture médiatique très favorable.
Avec cette nouvelle fonctionnalité, Facebook poursuit une mutation déjà engagée depuis plusieurs mois. Il s'efforce de réformer un modèle trop fermé sur lui-même qui, encerclant l'utilisateur, risque de finir par s'étouffer. Facebook s'ouvre sur le Web et attaque directement la plate-forme Twitter sur son terrain : le micro-blogging.
Emmanuel Torregano, fondateur du site Electron Libre, compare le réseau Facebook à l'entreprise AOL : faute d'avoir su s'adapter, l'ancien géant d'Internet a aujourd'hui presque disparu. "Le statut Facebook est de loin la fonctionnalité la plus populaire, mais elle fait piètre figure face à Twitter, qui a élevé l’art de l’éclat de voix électronique au niveau d’un indispensable média individuel, parfait reflet de la vitesse de la conscience et de la connaissance de ce qui est là, à prendre, à voir, à lire sur le Réseau", explique l'ancien journaliste du Figaro.
DES INNOVATIONS QUI S'INSPIRENT DE TWITTER
Loin d'accepter le sort que lui prédit Emmanuel Torregano, Facebook multiplie les innovations. En mars dernier, le réseau social refondait son interface : plus simple d'utilisation, plus interactive et actualisée en temps réelle, elle se voulait une première réponse à la réactivité de Twitter. Plus récemment, Facebook a offert aux utilisateurs la possibilité de partager plus facilement leur profil avec le reste du Web en personnalisant leurs URL (l'adresse de leur page). Enfin, reprenant le principe des "followers" de Twitter, il inaugurait la possibilité de suivre l'activité d'un utilisateur sans pour autant se faire accepter au préalable comme son "ami".
En s'inspirant largement des éléments qui font la force de son concurrent, Facebook souhaite conserver son monopole sur les réseaux sociaux. Une seconde innovation présentée le même jour, la Live Stream Box, s'inscrit dans cette logique. Au côté d'une vidéo en ligne, l'outil permet d'intégrer en temps réel à une page Web un flux de commentaires. Un instrument qui doit "permettre aux utilisateurs de Facebook de se connecter, de partager et d'envoyer en temps réel des mises à jour sur des événements dont ils sont témoins", explique Tom Whitnah sur le blog Facebook Developpers. Le système a déjà été utilisé par CNN lors de l'investiture de Barack Obama, avant d'arriver sur TF1 à l'occasion de la Ligue des champions. Grâce à un simple widget, il peut aujourd'hui être installé sur n'importe quel site Internet. Un moyen pour le réseau social de montrer aux médias qu'il n'est pas prêt à laisser sa place de numéro un.
Mael Inizan
LE MONDE
01.07.09
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